À Terminus, Vallée-des-Prêtres, l’atmosphère est lourde et morose en ce matin du samedi 1er juin. Les visages de ceux présents, famille, amis, connaissances, sont marqués par la tristesse, l’impuissance et l’incrédulité. Tous peinent toujours à croire que Jayantee Ramtale, 54 ans, employée à Tuna Fishing, et son époux Kesso, 53 ans, chauffeur de taxi, ont été arrachés à la vie de manière si tragique. Leur enfant unique, Keeran, 21 ans, est engloutie par un chagrin indescriptible, inimaginable. D’un seul coup, elle se retrouve seule, sans père ni mère. «C’est un choc pour toute la famille, surtout pour leur fille Keeran qui se retrouve orpheline», nous confie tristement Raj Nowbuth, qui est marié à la sœur de Kesso Ramtale.
Le drame remonte au jeudi 30 mai. Peu après 19 heures, Kesso Ramtale va prendre sa douche. Mais ce dernier, diabétique, est pris d’un malaise et pour éviter de tomber, il prend appui sur le robinet de la cabine de douche qui se casse. Le flot d’eau chaude qui continue de gicler du tuyau reliant la douche au chauffe-eau solaire l’ébouillante. Son épouse Jayantee, alertée par ses cris, arrive à la rescousse mais se brûle aussi au pied et à la partie supérieure du corps en essayant de l’extirper de la douche. La quinquagénaire alerte aussitôt sa voisine qui, avec l’aide de son mari, transporte les Ramtale à l’hôpital Jeetoo avant qu’ils ne soient transférés à l’unité des grands brûlés de l’hôpital Victoria. «La voisine qui les a aidés est incapable de parler depuis, elle est toujours sous le choc car elle les a vus dans un état critique», confie Raj Nowbuth.
La fille de Jayantee et Kesso, qui n’était pas à la maison au moment de l’incident, s’est précipitée à l’hôpital pour les voir dès qu’elle a appris la nouvelle. «C’est une fois qu’ils ont été admis à l’hôpital Jeetoo que Keeran a pu leur parler car elle était chez sa grand-mère ce jour-là.» Raj Nowbuth a été l’un des derniers à voir le couple avant son décès. «J’ai parlé à mon beau-frère quand je lui ai rendu visite le vendredi matin, vers 6 heures. Je lui ai demandé ce qui s’était passé et il m’a raconté. Ce sont les derniers mots que nous avons échangés car il devait se reposer. Rien ne laissait présager que sa femme et lui mourraient. Nous avions espoir qu’ils s’en remettraient.»
Un peu plus tard, vers 9h30, la triste nouvelle de la mort de Jayantee Ramtale tombe. Deux heures plus tard, à 11h30, nouveau choc. La famille apprend cette fois que Kesso Ramtale n’a pas non plus survécu à ses brûlures. «Keeran est inconsolable. Elle allait recevoir son diplôme universitaire en octobre de cette année et c’était une grande fierté pour ses parents. Ils avaient hâte de vivre cet instant car ils ont fait beaucoup de sacrifices pour elle. C’est une situation insupportable, surtout qu’ils étaient très appréciés de tous, ils étaient soudés et formaient avec Keeran une famille unie», lâche Raj Nowbuth, la voix cassée par le chagrin.
Ce n’est pas Domadar Ramthohul, le cousin de Kesso Ramtale, qui dira le contraire. «Ils étaient tous les deux des personnes simples et respectables. Kesso et moi étions comme des frères. Nous nous voyions à chaque fois qu’il venait s’occuper de sa plantation de légumes non loin de chez moi, à Montagne-Longue. C’était son plus grand passe-temps. Il avait hâte de célébrer, avec son épouse, la réussite de leur fille unique. De voir cette enfant-là aujourd’hui dans une telle tristesse me fend le cœur», souligne-t-il, en contenant difficilement ses larmes.
L’autopsie pratiquée par le Dr Sudesh Kumar Gungadin, chef du département médico-légale de la police, a attribué le décès du couple Ramtale à des brûlures au deuxième degré. Les funérailles de Jayantee et Kesso ont eu lieu le samedi 1er juin en présence de tous ceux qui les aimaient, leur fille Keeran ainsi que les membres de la famille et les amis, terriblement affligés par leur mort subite.