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Incendie à Résidence Mon Bois, 16e Mille : Le douloureux adieu des Ravina à Aurélia, 10 mois, et Nathalia, 2 ans

Rosinette et son époux Jean Marc sont inconsolables depuis la mort atroce de leurs petites-filles Aurélia et Nathalia.

Alors que des milliers de Mauriciens finalisaient les derniers préparatifs pour accueillir la nouvelle année, cette famille de Forest-Side a, elle, dû organiser deux funérailles à un jour d’intervalle pour la petite Aurélia, 10 mois, et sa sœur Nathalia, 2 ans. Les fillettes ont péri après qu’un incendie a ravagé la chambre où elles dormaient dans la demeure familiale à Résidence Mon Bois, 16e Mille. Leurs grands-parents, abasourdis de douleur, témoignent.

Pour la plupart des Mauriciens, les festivités du Nouvel An battent encore leur plein en ce dimanche 6 janvier. Mais pour cette famille de Forest-Side, l’heure est au deuil, au recueillement. Ses membres essaient, chacun, de trouver une façon de faire face à l’horrible tragédie qui les prive d’un coup de deux enfants. Aujourd’hui, les proches d’Aurelia, 10 mois, et Nathalia, 2 ans, se réuniront à l’église Ste-Thérèse, lors de la messe de 9 heures, afin de prier pour ces petits anges partis à un jour d’intervalle, victimes d’un incendie à leur domicile le 28 décembre.

 

Jeffrey Kettel et Pascalina Ravina espèrent pouvoir être là eux aussi pour rendre hommage à leurs deux filles qui leur ont été enlevées de manière tellement brutale et essayer de trouver un peu de consolation auprès de toute cette communauté qui sera réunie autour d’eux dans la prière. Le père, grièvement brûlé pour avoir voulu secourir ses filles, était toujours à l’hôpital à l’heure où nous mettions sous presse mais son pronostic vital n’est pas engagé. La mère, elle, est au chevet de ses deux fils âgés de 7 et 5 ans, hospitalisés depuis quelques jours en raison d’une infection.

 

Les grands-parents maternels des fillettes, Rosinette et Jean Marc Ravina, qui habitent la même maison à Résidence Mon Bois, 16e Mille, Forest-Side, sont complètement abasourdis depuis le drame, tout comme les autres membres de la famille. «Nous sommes tous encore sous le choc. Cela fait une semaine depuis que nous avons perdu Aurélia et Nathalia mais je n’arrive toujours pas à prendre les escaliers pour aller constater les dégâts à l’étage où a eu lieu l’incendie. Mon cœur est meurtri à jamais. Ces deux enfants faisaient notre joie de vivre. Leurs voix douces et innocentes résonnent toujours dans ma tête. C’est très dur pour nous tous», confie Rosinette, d’une voix tremblante.

 

La foi

 

Son époux Jean Marc est tout aussi affligé. «Mo latet mari fermal depi ki monn perdi mo 2 ti zanfan. Mo madam ek mo bann zanfan pe per pou mwa parski mo ena problem kardiak. Ziska ler mo pa krwar monn perdi mo 2 ti zanfan dan sa fason brital-la. Mo espere Bondie inn donn zot enn bon plas lao.» Jean Marc qui puise sa force dans la foi, reçoit aussi beaucoup de soutien de ses amis du groupe Zezi Vre Zom, dont il fait partie. 

 

Son épouse reçoit également de nombreuses visites des amies de son groupe de prière. «Cela va nous prendre certainement beaucoup de temps pour faire notre deuil. Nous allons beaucoup prier pour y parvenir. Nous respectons la volonté de Dieu, même s’il est très dur d’accepter de perdre nos deux petites-filles de cette façon», souligne Rosinette.

 

Et dire que quelques jours plus tôt, à l’occasion de Noël, la joie régnait dans le cœur de tous. Les fillettes étaient ravies de jouer avec leurs nouveaux jeux. Aurélia avait reçu, entre autres, un ourson en peluche, alors que sa sœur avait eu un jeu de plage. Elles faisaient toutes deux la joie de leur entourage et ce, depuis leur arrivée respective au monde. «Nathalia avait déjà du caractère. Elle n’hésitait jamais à prendre le balai et la pelle pour mettre de l’ordre. Elle aidait également sa mère en mettant les couches de sa sœur à la poubelle. C’était une enfant très joviale, toujours souriante. Aurélia allait souffler sa première bougie en février. Elle devait également recevoir le sacrement du baptême avec sa sœur. Le destin en a hélas décidé autrement», regrette leur grand-mère.

 

En ce 28 décembre fatidique, la famille Ravina était dans un mood très festif. Dans la soirée était prévue une petite fête pour dire au revoir à Jean Marc qui devait se rendre à Rodrigues, le lendemain, pour aller fêter le Nouvel An chez sa famille à Quatre-Vents. Ce laboureur est arrivé à Maurice en 1988 et vivait depuis 16 ans à Résidence Mon Bois avec son épouse Rosinette. Ses deux filles et ses deux fils vivent sur place avec leurs conjoints et enfants respectifs. «Mes petites-filles dormaient à l’étage quand leur mère Pascalina est rentrée du travail vers 18h30. Elle travaille dans un supermarché à Nouvelle-France. Elle aidait ma femme à préparer le dîner lorsque le feu a éclaté», précise Jean Marc.

 

Les autres membres de la famille se trouvaient aussi dans la cuisine en ce début de soirée lorsqu’un voisin est venu donner l’alerte. «Breaker osi ti fek sote o mem moman», explique Jean Marc d’une voix rauque marquée par l’émotion. Les pompiers ont aussitôt été appelés à la rescousse. Mais en attendant, Jeffrey Kettel n’a pas hésité à monter à l’étage pour essayer de sauver ses filles. Il a d’abord sorti Nathalia des flammes, encore vivante, puis est allé chercher la petite dernière mais pour celle-ci, il était trop tard. Le papa s’est grièvement brûlé au visage et à plusieurs parties du corps en allant à la rescousse de ses enfants et a été admis aux soins intensifs des grands brûlés à Candos avec son aînée.

 

Désespoir

 

De leur côté, les autres membres de la famille organisaient les funérailles de la petite Aurélia le samedi 29 décembre, le désespoir au cœur, tout en espérant de toutes leurs forces que Nathalia et son père s’en sortent. Hélas, alors qu’elle semblait aller un peu mieux dans la journée de samedi, Nathalia a aussi succombé à ses graves brûlures dans la nuit même. Écrasés par la douleur atroce de cette deuxième perte, les familles Kettel et Ravina ainsi que d’autres proches ont dû accompagner la dépouille de la fillette, dans un autre petit cercueil blanc, jusqu’à sa dernière demeure.

 

À ce jour, la famille ignore toutefois comment cet incendie s’est déclaré. La police, les pompiers et le Central Electricity Board mènent l’enquête à cet effet. En attendant, les proches doivent aussi supporter des critiques acerbes de la part de certains. «Ena dimounn pe blam nou fami ek dir nou ti pe bwar kan dife inn pran, akoz samem nou pa finn remark nanye. Li mari fos. Li pa bon ditou koz koumsa dan maler dimounn. Bizin bien reflesi avan koze. Mo pa bwar akoz mo malad. Mo pa swet personn viv sa martir nou pe viv an se moman», s’insurge Jean Marc.

 

Sa famille et lui souhaitent toutefois mettre de côté ces choses désagréables qu’ils entendent pour pouvoir avancer sur le chemin du deuil et de la guérison, qui risque d’être très long. Tous veulent aussi être présents pour Pascalina et Jeffrey, qui auront besoin d’un soutien inconditionnel pour se reconstruire. Ensemble depuis cinq ans, ils sont les parents de Nathalia et Aurélia. Ils avaient perdu un premier enfant il y a quatre ans, alors que Pascalina, déjà maman de deux fils, était à son cinquième mois de grossesse. Aujourd’hui, leur famille est décimée et il ne leur reste que l’espoir que peut-être, ça ira mieux un jour.