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Elle atteint quatre finales et bat quatre records d’Afrique aux Jeux paralympiques de Tokyo : époustouflante Noemi Alphonse

Noemi Alphonse ne finit pas de nous impressionner.

La Mauricienne a fait sensation cette semaine aux Jeux paralympiques de Tokyo. Elle n’a peut-être pas remporté de médaille mais a marqué l’histoire du pays en atteignant quatre finales et en établissant, au passage, quatre records africains sur les 100 m, 400 m, 800 m et 1500 m T54 lors de cette compétition planétaire. Sur son fauteuil de course spécial, elle a rendu toute l’île Maurice fière. Un exploit qu’elle-même a encore du mal à expliquer. Submergée par l’émotion quelques heures après sa dernière course, elle se confie…

Sur la ligne de départ, parmi les finalistes, une jeune Mauricienne. Concentrée, le corps penché sur son fauteuil de course avec lequel elle ne semble faire plus qu’un, Noemi Alphonse s’apprête à s’élancer sur la piste du stade olympique à Tokyo, au Japon. Une scène que la jeune fille et les Mauriciens en général ont vécu intensément durant la semaine écoulée en pas moins de… quatre occasions ! Dès le coup de départ, à chaque fois, la handisportive a donné le tout pour le tout, faisant battre le coeur de tout un peuple en symbiose avec le sien ! Et même si elle n’a pas remporté de médailles au final, elle n’a nullement déçu. Au contraire, l’île Maurice entière est fière de cette jeune femme en situation de handicap, qui s’est alignée lors de quatre finales des Jeux paralympiques de Tokyo et a établi, par la même occasion, quatre records d’Afrique. Une performance exceptionnelle pour une athlète exceptionnelle !

 

Trois mois après sa qualification historique aux Jeux paralympiques – elle est la première athlète dans l’histoire du pays à y arriver –, Noemi Alphonse, 25 ans, va encore plus loin et crée l’exploit. Comme pour démontrer que le sport de haut niveau est à portée de ceux qui le veulent vraiment. Notre championne, et aussi porte-drapeau de Maurice lors de ces Jeux, est allée là où aucun autre parasportif mauricien n’a été avant elle. Elle qui espérait se qualifier pour une finale, en a fait quatre et elle est, elle-même, bluffée. «Il n’y a pas de mot pour décrire ce que je ressens, tellement c’est gigantesque. Je suis fière d’avoir dépassé mes objectifs mais je n’arrive toujours pas à expliquer comment j’ai pu réaliser un tel exploit. Dans ma tête, c’était le vide total. C’est la première fois que j’aborde une compétition en me sentant aussi bien mentalement et physiquement. D’ordinaire, la moindre chose m’agace en compétition mais, cette fois, j’étais à la fois décontractée et concentrée», nous confie Noemi quelques heures après sa dernière finale.  

 

«Semaine très intense»

 

La Mauricienne a commencé son festival dès sa première épreuve sur le 800 m T54, le dimanche 29 août. Elle a pris la cinquième place de sa série avec un record d’Afrique et s’est qualifiée pour la finale en même temps (voir résultats). Le lendemain, elle a terminé septième de la finale. Si on pensait qu’elle allait en rester là, c’était mal connaître Noemi la battante. Elle a récidivé sur le 1500 m T54 mardi, avec une cinquième place dans sa série et un nouveau record continental, avant de terminer en dixième position lors de la finale. La spécialiste en fauteuil roulant s’est ensuite attaquée au sprint mercredi, avec une troisième place dans sa série du 100 m T54 et une nouvelle qualification pour la finale dans l’après-midi. Requinquée par ses récentes prestations, elle a fini en cinquième position avec un troisième record africain. Bien que la fatigue a commencé à se faire sentir, elle a poursuivi son récital jeudi, avec une troisième place dans sa série du 400 m T54 et son quatrième record d’Afrique. En finale le même jour, elle a pris la sixième place.

 

Une suite de finales et de records que la jeune parasportive savoure encore : «Ça a été une semaine très intense où il s’est passé beaucoup de choses. Je me suis beaucoup plus concentrée sur le 100 m, où je me suis qualifiée, alors que j’ai pu participer aux autres épreuves parce que j’avais fait les minimas. Mais à aucun moment, je n’aurais pensé faire aussi bien sur toutes ces courses. Je suis extrêmement satisfaite de ce résultat, même si je pense que nous aurions pu aller plus loin s’il n’y avait pas la pluie lors de la finale du 1500 m où nous avions tout fait et espérions réaliser une bien meilleure prestation.»

 

Pas très habituée à rouler en peloton, Noemi concède que l’expérience qu’elle a acquise avec ses partenaires à l’entraînement lui a beaucoup servi au stade olympique. «Nous ne sommes pas beaucoup à Maurice en fauteuil roulant mais à l’entraînement, je roule avec Mehfooz Ozeer et Roberto Michel. C’est dur de suivre les garçons mais cette expérience m’a beaucoup aidée à Tokyo. Ça a développé en moi cette volonté d’aller chercher mes adversaires. La préparation mentale faite par Richard Gourel de Saint Pern m’a aussi permis d’aborder mes épreuves plus sereinement. C’est cet ensemble qui a contribué à ce résultat», déclare la championne des Jeux des îles de 2019.

 

Sacrifices

 

Le travail, les sacrifices et les épreuves surmontées durant ses presque sept années de carrière – elle a commencé en janvier 2015 – ont porté de très beaux fruits, même si Noemi ne cache pas qu’il y a eu des moments où elle a voulu tout abandonner. Sans le soutien de sa famille, de ses camarades d’entraînement et de son coach Jean Marie Bhugeerathee, elle n’en serait pas là, dit-elle. «Quand je regarde en arrière, je ne peux oublier tous ceux qui m’ont aidée depuis mes débuts. Ce sont eux qui me donnent la force d’exceller. Ceux qui n’ont pas cru en moi, qui ont mis des obstacles sur mon chemin, m’ont aussi aidée : ils m’ont donné la rage d’avancer.»

 

En tout cas, Noemi n’a pas lésiné sur les moyens et les efforts pour en arriver là. Elle a deux sessions d'entraînements au quotidien, six à sept jours par semaine, selon la proximité des compétitions. Elle manque plein de fêtes et d’anniversaires, et passe peu de temps avec ses proches. Mais pour vivre sa passion pour le sport, elle est prête à tous les sacrifices. Elle se conforte en se disant qu’elle aura beaucoup plus de temps avec les siens après sa carrière et pourra faire les choses qu’elle ne peut pas faire actuellement.

 

Avec le temps et l’expérience, Noemi se sent beaucoup mieux physiquement et mentalement. Elle aborde les compétitions de manière différente, contrairement à ses débuts. D’ailleurs, ses performances à Tokyo n’ont pas laissé insensibles ses adversaires qui l’ont complimentée avec les «wow, you progressed a lot» et autres. La petite Mauricienne que beaucoup considéraient comme une outsider est à prendre au sérieux. Elle a désormais son mot à dire au niveau mondial.

 

Préparation pour les Jeux de Paris

 

Cependant, même si ses performances ont été impressionnantes en piste, la parasportive se dit déçue de son séjour dans la capitale japonaise. Par exemple, confie-t-elle, les dispositions strictes mises en place en raison de la pandémie de Covid-19 ont beaucoup miné l’ambiance dans le village des Jeux. Quoi qu’il en soit, Noemi souhaite oublier au plus vite les points négatifs pour ne garder que les positifs et se concentrer sur la prochaine étape : sa préparation pour les Jeux de Paris 2024 où elle vise un podium.

 

Comme elle le dit elle-même, «les records et les finales, c’est bien, mais l’objectif reste une médaille. Sans médaille, nous n’avons pas encore touché au but. Il faut se remettre au travail pour aller chercher ce podium tant espéré». Verdict dans trois ans. Vas-y Noemi !

 

Le questionnaire d’une championne

 

Ton plat préféré : macaroni, salade de thon, lentilles noires, bouyon bred et poisson salé.

Ta cuisine préférée : mauricienne, il n’y a pas mieux au monde.

Ta boisson préférée : le café, uniquement Ricoffy (rires).

Ta/tes chanson/s préférée/s : Soley de Lindzy Bacbotte et Ce rêve bleu du film Aladdin.

Ton style de musique préféré : un peu de tout.

Ton sport préféré : athlétisme - fauteuil roulant et épreuves de saut.

Ton lieu préféré : la mer.

Ton animal préféré : le chien ; j’en ai trois, Snoopy, Browny et Onyx.

Ton livre préféré : Yosama de Tatyana Mcfadden.

Ton activité préférée en dehors du sport : la confection de bracelets et de dreamcatchers, entre autres.

Un pays que tu aimes visiter : l’Australie.

Une/des personne/s que tu adores : mes parents, mon grand-père et tous ceux qui sont là pour moi. 

Une/des personne/s qui t’inspirent : mon grand-père et mon papa.

Ton objectif sportif : être championne du monde paralympique.

Ton objectif pro : exercer un métier dans le milieu sportif afin de transmettre cette expérience.

Ta mission : inspirer les gens qui ont un handicap et leur famille.