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Ciana, l’épouse de Caël Permes : «Ki li kapav inn fer pou zot touy li ek bate ?»

Caël Permes est mort après avoir été roué de coups.

Elle s’est réveillée avec une sensation très bizarre en ce mercredi 13 mai. De la tristesse, de la colère, des regrets. «Li ti bizin dan mo lebra sa ler-la. So avoka ti sipoze debat so mosion bail hier (NdlR : le mardi 12 mai). Ti fini sir li ti pou sorti lor kosion», confie Ciana, l’épouse de Caël Permes. Elle peine toujours à croire que son époux n’est plus de ce monde et qu’il est parti dans des circonstances tragiques. Il est mort à La Bastille le 5 mai après avoir été tabassé.

 

Et en ce mardi qui aurait dû être synonyme de libération et de réjouissances, Ciana s’est attelée à la préparation de la dernière séance de prières pour honorer la mémoire de son époux, qui a eu lieu dans la soirée du jeudi 14 mai avant le traditionnel dépôt de gerbes sur sa tombe, le lendemain, pour marquer les huit jours suivant son décès. «Li bien dir pou mo bann zanfan ek mwa. Sak fwa mo ferm mo lizie, mo trouv li divan mwa. Mo res pans li mem lanwit lizour. Ki li kapav inn fer pou zot touy li ek bate ? Zot ti kapav pa kontan li me mo bann zanfan ek mwa, nou ti ankor bizin so lamour. Nou ena enn garson 4 an ek enn tifi 3 mwa ansam. Li ousi ena enn gran garson 12 an ek enn tifi 5 an ek so madam avan. Mo garson pe res poz mwa kestion mem. Sak fwa li demann mwa si finn met papa dan enn bwat anba later pou la polis aret rod li», lance Ciana, la voix cassée par l’émotion.

 

La jeune femme explique qu’elle est mariée civilement à Caël Permes depuis le 5 avril 2019. Le couple vivait déjà en concubinage depuis plus de cinq ans. «Je ne dors presque plus depuis qu’il n’est plus de ce monde. Je fais presque le même cauchemar chaque nuit. À chaque fois, je supplie Dieu de me venir en aide. Ma fille n’arrête pas non plus de fer move depuis que son père est mort dans des circonstances horribles. Je pense qu’elle ressent déjà l’absence définitive de Caël. Il ne se passe pas un jour sans qu’on entende qu’il y a un nouvel élément accablant sur son décès», souligne la jeune femme.

 

L’enquête policière a, en effet, connu d’autres rebondissements durant la semaine écoulée. L’exercice de collecting evidences et de questioning s’est poursuivi avec la déposition de trois pensionnaires de La Bastille : Kusraj Lutchigadoo, le parrain du trafic de drogue de synthèse, Siddick Islam, connu comme Ner, un gros bonnet du trafic d’héroïne, et Vishal Shibchurn, chef du Gang du Sud. Ces trois détenus affirment tous avoir entendu des cris provenant de la Special Protection Cell no 1, au bloc administratif de La Bastille, dans l’après-midi du 5 mai.

 

Le détenu Caël Permes, 29 ans, a été retrouvé mort dans sa cellule, ce jour-là, quelques heures seulement après son transfert dans cette prison de haute sécurité. Le rapport d’autopsie indique qu’il a succombé à un haemorrhagic shock following multiple injuries. Cet habitant de Cité Sainte-Claire, à Goodlands, avait des ecchymoses sur plusieurs parties du corps et un poignet disloqué.

 

La police a déjà arrêté les quatre gardes-chiourmes qui avaient assuré le transfert de Caël Permes de la prison de Beau-Bassin à celle de Phoenix. Ils font l’objet d’une charge provisoire d’assassinat. Une source policière avance que six autres gardes-chiourmes sont dans le collimateur de la police. Ces derniers auraient tabassé Caël Permes à son arrivée à La Bastille. Les gardes-chiourmes responsables de la vidéosurveillance à la prison de Beau-Bassin et à celle de La Bastille intéressent également les enquêteurs. Pour cause : certaines images auraient été manipulées.

 

D'ailleurs, à cet effet, les enquêteurs ont procédé à l’arrestation d’un cinquième garde-chiourme le jeudi 14 mai. Il fait l’objet d’une accusation provisoire de «computer misuse». La police reproche à cet officier affecté au control room de la prison de Beau-Bassin d’avoir délibérément éteint une caméra à un moment, soit lorsque Caël Permes se trouvait au search room avant son transfert vers La Bastille.

 

La police est d’avis que le détenu a été roué de coups une première fois dans cette salle. Ladite caméra a été remise en opération 30 minutes plus tard et on voit alors Caël Permes et son escorte se diriger vers un véhicule qui roule ensuite vers le main gate pour quitter la prison. Il devait déjà être blessé à ce moment-là, ce qui explique la présence de plusieurs gouttes de sang dans le véhicule. Ces gouttes ont été détectées lors de l'examen scientifique Blue Star.

 

En chemin, le véhicule s’est arrêté à proximité des Head Quarters. Les images des caméras de surveillance montrent qu’un haut gradé très connu se serait alors approché du véhicule pour menacer Caël Permes. Le transport a ensuite repris la route pour se rendre à Phoenix où le principal concerné aurait été roué de coups à nouveau avant d’être jeté dans une cellule. L’administration pénitentiaire avance officiellement que le transfert de Caël Permes a eu lieu vers 14 heures. Le rapport d’autopsie indique, lui, qu’il a rendu l’âme vers 18 heures le même jour.

 

La police s’était rendue à La Bastille vers 20h50 ce jour-là suite à un appel de l’administration de l’établissement. Sur place, les policiers ont retrouvé le détenu allongé à moitié nu sur son lit. Le médecin de la prison venait de confirmer son décès. Il nous revient que ce dernier aurait refusé de signer une fiche pour faire transporter la dépouille de Caël Permes de Phoenix à l’hôpital de Rose-Belle où il y a une salle spéciale pour les détenus. Les enquêteurs envisagent également d’interroger tous les gardes-chiourmes en service lorsque le prisonnier est arrivé à La Bastille. Ces derniers risquent une arrestation pour complicité. Le commissaire des prisons est resté injoignable pour commenter cette affaire.