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Battue à mort par ses parents : le tragique destin de Fareeda Jeewooth, 9 ans

Ses souffrances n’étaient pas passées inaperçues. Mais malgré les multiples tentatives de ses voisins de faire réagir les autorités devant les violences qu’elle subissait, Fareeda Jeewooth, 9 ans, est morte entre les mains de ses bourreaux, sa mère et son beau-père, cette semaine. Récit...

Un environnement majestueux, des rues d’une propreté inégalable… Quatre-Cocos est un beau petit patelin situé sur la côte Est de l’île, entre Belle-Mare et Palmar, qui fait souvent parler de lui pour de bonnes raisons. Mais pas cette fois. Un événement dramatique est venu jeter le trouble dans ce magnifique village cette semaine. Une petite fille a été tuée par sa mère et son beau-père. Fareeda Jeewooth, 9 ans, vivait à Résidence Onyx, dans une modeste maison avec sa maman Pallavi Kheedoo, 27 ans, qui l’avait eue d’une précédente union, le concubin de cette dernière, Deven Chiniah, 27 ans, et un autre enfant en bas âge né de la relation entre les deux. Bien que livrée à elle-même, cette famille faisait pourtant souvent parler d’elle. Encore plus depuis les événements tragiques du lundi 30 mars. 

 

La fin tragique de la petite Fareeda Jeewooth n’a laissé personne insensible à travers l’île ; notamment ceux qui habitaient dans les environs du Block F05, où vivait la fillette avec ses bourreaux. Tant de fois, par le passé, leur quotidien avait été chamboulé par les hurlements de la gamine qui appelait au secours pendant qu’elle se faisait maltraiter. Les ecchymoses qu’elle avait sur le corps – marques qu’elle tentait de dissimuler sous son hijab – n’avaient fait que confirmer ce qu’ils redoutaient : elle était une enfant maltraitée. C’est la raison pour laquelle bon nombre de fois, ils avaient alerté les autorités concernées, à l’instar de la Child Development Unit (CDU), pour que des actions soient prises, ont-ils confié aux enquêteurs. Mais les officiers n’auraient jamais répondu à leurs nombreuses requêtes, du moins, pas à temps.

 

Aujourd’hui, un sentiment de culpabilité, de remords et de colère les ronge. Il en est de même pour l’entourage de la petite Fareeda Jeewooth. «Je ne leur ai pas rendu visite cette année. La dernière fois que j’ai vu ma nièce, c’était en décembre. Elle ne m’avait jamais donné l’impression de subir toutes ces souffrances et ne s’était jamais confiée. Mon père avait pourtant demandé à Pallavi de bien s’occuper de ses deux enfants, surtout depuis le décès de son bébé (voir hors-texte)», regrette Rahul Kheedoo, l’oncle maternel de la petite. Il reconnaît toutefois être au courant que les grands-parents paternels de la fillette avaient, à maintes reprises, tenté d’obtenir sa garde parce qu’ils accusaient la jeune maman de battre sa fille. Mais leurs démarches devant un tribunal s’étaient avérées vaines. «Lorsque nous rendions visite à ma soeur, Deven et elle ne se montraient jamais violents envers leurs enfants. Ils le faisaient sans doute intentionnellement pour ne pas nous voir interférer. C’est pour cela que ce qui s’est produit a choqué toute la famille. Depuis, nous n’arrivons plus à fermer l’oeil.»

 

Le lundi 30 mars, un planteur de pomme d’amour a fait une bien macabre découverte dans un champ à Mare-du-Puits, aux alentours de 10h45. Il s’agissait du corps sans vie d’une petite fille, partiellement brûlé et recouvert de fumier. Il a immédiatement alerté la police. Il n’a pas fallu longtemps aux enquêteurs pour déterminer qu’il s’agissait de la petite Fareeda Jeewooth dont la disparition avait été signalée au poste de police de Belle-Mare une heure plus tôt par sa mère. Elle avait indiqué aux enquêteurs qu’à son réveil, la fillette était introuvable et qu’elle la soupçonnait de s’être enfuie en passant par une fenêtre. Elle avait également ajouté que la petite souffrait de dépression. Interpellés, Pallavi Kheedoo et Deven Chinniah, son concubin – fiché à la police pour possession de cannabis –, ont été conduits dans les locaux de la brigade criminelle de Rivière-Sèche pour une enquête approfondie.

 

Fracture du crâne

 

Soumis à un interrogatoire serré, le couple a fini par cracher le morceau. La veille, à son domicile, une dispute avait éclaté durant le dîner. D’après Pallavi Kheedoo, sa fille n’aurait pas voulu terminer son repas et leur aurait répondu de manière arrogante. Pris de colère, le couple se serait acharné sur elle en la tabassant à coups de poing à la tête, jusque’à ce que mort s’en suive. Une autopsie, pratiquée par le Dr Sudesh Kumar Gungadin, chef du département médico-légal de la police, a d’ailleurs attribué son décès à une fracture du crâne. Après avoir constaté qu’elle ne respirait plus, la mère et le beau-père auraient voulu se débarrasser du corps dans un champ. Ils auraient essayé de la découper, d’où l’importante lésion décelée au niveau de la hanche, mais n’y seraient pas parvenus. Ils auraient donc tenté de mettre le feu à son corps avant de le recouvrir de fumier, dans l’espoir que la forte odeur que dégagerait le cadavre n’attirerait pas l’attention des passants. Une accusation provisoire d’homicide a été logée contre eux. Deven Chinniah a été placé en détention tandis que Pallavi Kheedoo a été transférée à Brown-Séquard, où elle sera suivie par un psychologue. 

 

Elle n’avait que 10 ans mais la petite Fareeda Jeewooth portait le poids du monde sur son dos. Après que sa mère avait décidé de refaire sa vie suite à l’arrestation de son père biologique dans le sillage d’une affaire de drogue, la fillette a été trimbalée de maison en maison et a longtemps rêvé, en silence, de jours meilleurs. Elle faisait déjà l’objet d’une enquête après avoir indiqué qu’elle était victime d’abus sexuels de la part d’un proche. Il y a plusieurs années, sa mère a fait la connaissance de Deven Chinniah, avec lequel elle s’est mise en ménage. Le couple a vécu à Camp-Diable avant d’emménager à Quatre-Cocos il y a trois ans. Mais la présence d’une figure paternelle n’aura en rien apaisé les souffrances de la petite fille. «Ma soeur n’avait jamais été violente auparavant. Je pense que tout a basculé au moment où elle a rencontré Deven. Il la battait, la maltraitait. Mon père a même déjà dû les séparer l’an dernier lorsqu’il a voulu agresser Pallavi au sabre. Je pense que dès le départ, il ne supportait pas le fait que Fareeda ne soit pas son enfant et que ma soeur a fini par se laisser influencer», estime Rahul Kheedoo.

 

Des appels au secours, il y en a eu plusieurs – notamment lorsqu’elle a fait part de ses malheurs à ses camarades de classe. Mais l’intervention de son établissement scolaire n’a pas non plus amélioré la situation de la petite. Le dimanche 29 mars, après des années de souffrances et d’appels à l’aide jamais entendus, elle a poussé son dernier souffle dans une terrible douleur.

 

 


 

La ministre Kalpana Koonjoo-Shah suit l’affaire de près

 

Elle n’a pas tardé à réagir après le drame qui a secoué le village de Quatre-Cocos ce lundi 30 mars. La ministre de l’Égalité de genre et du bien-être de la famille, Kalpana Koonjoo-Shah, a déclaré être outrée par la mort tragique qu’a connue la petite Fareeda Jeewooth entre les mains de ses parents. Attristée et révoltée, elle a organisé une réunion d’urgence au lendemain du drame avec des cadres de la CDU et des psychologues qui étaient chargés du dossier de la fillette. Elle condamne sévèrement cet acte de barbarie commis par les parents de la victime, soulignant que «ces derniers ne méritent pas d’être appelés parents». Quant au deuxième enfant du couple, un petit garçon de 2 ans et demi, il a été confié aux officiers de la CDU et sera suivi de près par des psychologues. Entre-temps, la ministre laisse la justice faire son travail dans le cadre de cette affaire qu’elle suivra de près.

 

La CDU initie une enquête interne

 

Les informations recueillies par les enquêteurs de la brigade criminelle de Rivière-Sèche auprès des voisins de Pallavi Kheedoo et de son concubin Deven Chinniah – les meurtriers présumés de la petite Fareeda Jeewooth, 9 ans – laissent entendre que de nombreuses plaintes avaient été logées à la Child Development Unit (CDU) pour maltraitances. Ils ont affirmé que la fillette était une enfant battue, qu’elle avait souvent des ecchymoses sur le corps et qu’elle errait souvent, seule, dans les rues de la localité. La dernière plainte remonterait à la semaine dernière. Cependant, aucun officier de cette instance n’aurait fait le déplacement pour venir s’enquérir de la situation. D’après une source officielle, une enquête interne a été initiée afin de passer au crible tous les manquements qui ont eu lieu dans le cadre de cette tragique affaire. Notons que le numéro d’urgence émis par le ministère de l’Égalité de genre et du bien-être de la famille concernant  les enfants victimes de maltraitances est le 113, toujours opérationnel bien que les Family Support Bureaux et les services de protection de l’enfance sont fermés depuis le 20 mars en raison du confinement national.

 

Le couple perd son deuxième enfant cette année

 

La mort de la petite Fareeda Jeewooth est le deuxième drame au sein de cette famille en 2020. En janvier, le nourrisson de Pallavi Kheedoo et Deven Chinniah avait été retrouvé mort dans son berceau. Il était âgé d’un mois et demi. Questionnée, la mère avait déclaré à la police avoir donné le biberon à son fils avant de le coucher. Trois heures plus tard, elle avait constaté que le petit ne respirait plus. Son décès avait été constaté dans une clinique privée à Flacq. Une autopsie avait attribué son décès à un sudden infant death syndrome.