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Annick Lafleur, poignardée par son ex-conjoint | Naomi Aglaé, sa fille : «La police est tout aussi responsable de sa mort»

La victime et sa fille Naomi étaient très complices.

Cela fera bientôt deux semaines qu'elle a quitté ce monde dans des circonstances atroces, tragiques. Mais le temps qui passe panse difficilement les blessures de son entourage. Naomi Aglaé, sa fille unique, sa seule confidente, revient sur ses années de martyre auprès de son bourreau...

Les séquelles psychologiques et physiques que lui avaient laissées son ex-compagnon n’avaient visiblement pas suffi à ce dernier. N’ayant pas supporté qu’elle le laisse tomber après tellement d’années de martyre, Louis Michael Carpen, 35 ans, n’a pas voulu lui donner l’opportunité de se reconstruire. Il lui a sauvagement arraché la vie le soir du réveillon de la St-Sylvestre en la poignardant avec un couteau de cuisine. Cela fera bientôt deux semaines qu’Annick Lafleur, une habitante de Pointe-aux-Sables âgée de 40 ans, a quitté ce monde dans des circonstances tragiques. Pour ses proches, plus particulièrement sa fille et unique confidente Naomi Aglaé, la douleur est toujours aussi intense, d’autant qu’il s’agit, à l’en croire, d’un drame qui aurait pu être évité si la police avait agi à temps.

 

Quand Annick Lafleur et son ex-compagnon s’étaient rencontrés il y a environ une quinzaine d’années, le courant est vite passé. Au départ, ils filaient le parfait amour, laisse entendre Naomi Aglaé, la fille de la quadragénaire, qui est issue de sa première union. Mais après l’arrivée du premier enfant du couple, il y a 13 ans, les nuages ont fait leur apparition. «Mon beau-père a commencé à devenir jaloux et violent. Au fil des années, cela n’a fait qu’empirer. Il se mettait en colère lorsqu’il voyait ma mère au téléphone, même lorsqu’elle parlait à d’autres membres de notre famille», confie la jeune femme de 22 ans. Elle poursuit : «Il rentrait souvent du travail sous l’influence de l’alcool et se disputait avec ma mère.» Elle ne compte plus les fois où il a mis cette dernière à la porte durant ses accès de colère avant de la supplier de revenir au bout de quelques jours. «Ma mère lui pardonnait toujours ; elle le faisait surtout pour leurs deux enfants.»

 

Depuis plusieurs années, Naomi Aglaé vit chez sa grand-mère à La Tour Koenig. «Je rendais visite à ma mère durant les week-ends. Je ne passais que très peu de temps chez elle parce que je ne supportais pas de voir ce qu’elle subissait. Je voulais à tout prix éviter les disputes avec mon beau-père», admet-elle. Mais à Noël dernier, des proches l’ont appelée en urgence, lui disant que sa mère avait des problèmes. «Lorsque je suis allée la voir, j’ai constaté qu’elle avait des ecchymoses sur le corps. J’ai questionné mon beau-père qui m’a avoué l'avoir frappée parce qu’il l’avait surprise au téléphone.» Cette énième dispute, dit-elle, avait été la goutte d’eau ayant fait déborder le vase pour Annick Lafleur. C’est à ce moment-là qu’elle a pris la décision de le quitter définitivement. «Nous avions alerté la police. Lorsque les officiers sont arrivés sur place, ils n’ont même pas enregistré sa plainte. Ils n’ont rien fait pour lui venir en aide», se désole Naomi Aglaé.

 

Tournure tragique

 

Durant les jours suivants, la situation d’Annick Lafleur ne s’était en aucun cas améliorée malgré sa séparation. «Mon beau-père la suivait partout ; il la harcelait. Il ne voulait pas la laisser tranquille.» Découragée, la quadragénaire n’a pas cherché à se tourner vers la police à nouveau. «Elle leur avait tant de fois demandé de l’aider mais les policiers n’avaient jamais rien fait. Elle avait donc choisi de se taire parce qu’elle ne voulait plus revenir sur toute cette histoire et était convaicue que la police ne l’aiderait pas.» Hélas, peu après, il y a eu les événements tragiques du réveillon de la St-Sylvestre. Ce soir-là, Louis Michael Carpen l’a suivie jusqu’à Petite-Rivière, où il l’a poignardée avec une arme tranchante. «D’après mes frères, il avait préparé son coup car il aurait menacé ma mère de la tuer un peu plus tôt ce jour-là», confie Naomi Aglaé.

 

La nouvelle de la mort d’Annick Lafleur a eu l’effet d’une bombe dans son entourage. «Je ne m’étais pas attendue à recevoir un appel m’annonçant son décès ce soir-là. J’avais toujours su que mon beau-père était violent mais je n’avais jamais imaginé qu’il puisse la tuer», se désole la jeune femme. D’après elle, la police est tout aussi responsable du décès de sa mère. «Si les policiers avaient agi lorsque nous nous étions tournés vers eux, ma mère serait toujours parmi nous aujourd’hui.» Affligée par cette perte tragique, Naomi Aglaé n’a désormais plus aucune confiance dans les autorités. «Elles ne nous ont été d’aucune aide. Cela ne sert à rien de se tourner vers elles. Par leur faute, une innocente a perdu la vie.» C’est avec le coeur lourd qu’elle tente désormais de reprendre le cours de sa vie, sans sa plus grande amie, sa maman chérie.

 

Dans le cadre de cette affaire, quatre personnes ont été appréhendées : Louis Michael Carpen, l’ex-conjoint de la victime, Shaheel Gopee, un jeune de 22 ans ayant véhiculé le meurtrier présumé ce soir-là, et de deux autres jeunes – des mineurs âgés de 16 et 17 ans – qui se trouvaient dans la même voiture. Une accusation provisoire de meurtre a été logée contre le premier et celle d’aiding and abetting in the commission of a crime contre les trois autres.

 


 

Platform Stop Violans Kont Fam réitère ses demandes au gouvernement

 

Ce sont toujours les mêmes propositions qui reviennent afin de mieux accompagner les femmes victimes de violences conjugales. Si l’une des requêtes de Platform Stop Violans Kont Fam (PSVKF)a été entendue avec la mise sur pied du High Powered Commitee, en décembre 2018, par le Premier ministre, «il s’agit toutefois aujourd’hui de la mise au point de mesures pragmatiques. Il est temps de s’attaquer au problème de la violence domestique et de cesser d’émettre des rapports qui finissent au fond des tiroirs», indique Catherine Prosper, membre et fondatrice du groupe. PSVKF demande, entre autres :

 

1. La création d’une unité permanente pour coordonner la lutte contre les féminicides sous le PMO et s’intéresser plus particulièrement aux défaillances dans la prise en charge des victimes, et proposer de véritables solutions pour la reconstruction de la victime et un programme de réhabilitation pour l’agresseur.

 

2. De faire du poste de police un lieu sûr, respectueux et accueillant pour les femmes qui viennent dénoncer.

 

3. Des infrastructures et moyens financiers : investir dans la création d’abris d’urgence et de shelters spécialisés ; avoir des fonds d’aide pour les femmes victimes de violence conjugale par leur mari ou partenaire, ou pour le Legal Literacy des femmes.

 

4. Des améliorations sur le plan légal : la création d’une Domestic Violence Court pour les délits sous le Domestic Violence Act ; un Emergency Protection Order temporaire qu’un policier peut émettre en cas de violence domestique sans avoir besoin d’attendre la décision de la cour ; des peines d’emprisonnement plus sévères et une thérapie obligatoire en cas de récidive, etc.

 

Ainsi, PSVKF lance un appel au Premier ministre et à la ministre de l’Égalité du Genre et du Bien-être de la famille afin que, durant cette année et tout au long de leur mandat, ils établissent la structure nécessaire pour éviter d’autres cas de féminicides. «Nous leur demandons aussi de travailler de concert avec les ONG qui connaissent la réalité du terrain. C’est uniquement dans cette optique que nous réussirons à sauver ces vies et à redonner espoir à ces milliers de victimes qui meurent tous les jours de l’intérieur, brisées, et qui peinent à reprendre leur vie en main.»