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Vous reprendrez un peu d’«Alouda Limonade» ?

Le ségatier entouré de sa famille en Alsace.

«Alouda Limonade… Glacé… Alouda Limonade… Frapé…» Qui ne connaît pas ces paroles d’un séga qui a marqué toute une génération ? Les plus jeunes sans doute, bien qu’il ait été repris par Marie Michelle Etienne dans son Pot Pourri Sega il n’y a pas longtemps. Installé en France, l’auteur, Cyril Labonne, 73 ans, revient sur sa carrière et les bons souvenirs qu’il en garde. Rencontre.

 Il fait partie des grands du séga mauricien. De ceux dont les airs restent dans les mémoires pendant longtemps… très longtemps. Alouda Limonade, Roseda, Disco Sega, entre tellement d’autres, sont des chansons qui ont traversé le temps et dont beaucoup se souviennent encore des paroles. Des paroles que l’auteur, Cyril Labonne, garde précieusement dans sa mémoire et dans son cœur, et qui le rattachent à son île natale. Une île qu’il a quittée il y a 40 ans pour aller
s’établir en France, en Alsace précisément, où il coule aujourd’hui une retraite tranquille.

 

Cet ancien fonctionnaire à la mairie de Saint-Louis en Alsace, ancien directeur artistique de Serge Lebrasse et de Roger Clency – des pionniers du séga comme lui – pour la maison de disque Music Control, n’a rien oublié de ces années où il faisait danser les gens dans toutes sortes de fêtes : mariage, baptême, première communion, etc. Et pas seulement à Maurice, mais un peu partout dans le monde où il a fait plusieurs concerts. Un bonheur renouvelé à chaque fois pour ce fervent défenseur de la musique créole, issu d’une famille de chanteurs et de musiciens. S’il ne fait plus de scène aujourd’hui, à 73 ans, cela ne l’empêche pas de continuer à nourrir sa passion pour la musique en écoutant notamment ses bons vieux tubes et ceux de ses amis ségatiers.

 

Fierté

 

Cyril Labonne pense aussi très souvent à ces merveilleuses années où a fait le bonheur des mélomanes, notamment en écumant les hôtels de l’île. «J’ai fait partie de la première troupe de séga à Maurice et c’est une fierté pour moi», nous confie-t-il. En 1969, n’écoutant que son cœur, Cyril s’envole pour l’Hexagone où il veut faire découvrir sa musique. «Mon aventure au festival folklorique international de Confelens en France a ouvert les portes de ma carrière. Au final, je suis très satisfait de mon parcours artistique.»

 

De 1970 à 1976, il fait plusieurs tournées entre Maurice et La Réunion, et participe au festival de la jeunesse francophone au Québec afin de partager sa culture aux Mauriciens et aux étrangers. En 1976, il quitte définitivement l’île. «J’ai obtenu une proposition d’une maison de disque française, Sunset France. Ce qui m’offrait la possibilité de rester là-bas et de travailler en tant que représentant de la maison de disque. J’ai accepté, car cela m’offrait la possibilité d’élargir mes connaissances artistiques», raconte le ségatier. En France, il continue à vivre son amour pour la musique, qui fait de lui un homme complet, tout en n’oubliant jamais d’où il vient. Aujourd’hui, il ne peut qu’être fier du chemin parcouru : «Je suis très content de tout ce j’ai pu faire, d’avoir côtoyé des grands musiciens, entre autres», dit-il, heureux.

 

Cyril Labonne en compagnie de Ti Frer, à l’époque.

 

Cyril Labonne a tout de même un gros regret : le séga, tel qu’il était à ses débuts, se perd, selon lui. Il ne prend même plus la peine, dit-il, d’écouter les nouveaux tubes mauriciens. «Je suis très triste d’entendre les chansons qui se jouent au pays car, selon moi, cela ne reflète pas l’authenticité mauricienne. Il n’y a pas de paroles concrètes. Les chorégraphies de danse ne représentent plus notre culture et c’est désolant pour notre île.» Non, décidément, cette évolution ne lui plaît pas. «À l’époque, il y avait une vraie façon de chanter et de danser le séga. Aujourd’hui, les artistes ne savent plus comment faire une scène à Maurice. Je suis d’accord qu’il faut évoluer, mais il ne faut pas massacrer. Je ne retrouve plus le séga mauricien d’antan», souligne-t-il.

 

Pour lui, la musique, c’est de l’art, c’est sacré. C’est pour cela qu’il faut, dit-il, bien faire les choses. «À chacun son style de musique et sa personnalité, mais j’aurais tout de même souhaité que les jeunes, qui représentent l’avenir, apprennent plus du séga des anciens, car c’est notre culture. Jusqu’à présent, je ne vois aucune bonne évolution du séga à Maurice. À l’époque, on était limité, mais de nos jours, il y a tout ce qu’il faut pour qu’un chanteur s’améliore. La musique, c’est un métier.»

 

Un métier qu’il a exercé, qui l’a rendu heureux et qui continue de faire son bonheur. «Je ne retiens que des bons souvenirs de ma carrière dans la musique.»