C’est la belle histoire d’une entreprise qui a commencé petit et qui est maintenant une référence dans le paysage de l’ameublement à Maurice. Employant aujourd’hui 70 personnes, l’enseigne The Furniture People a amorcé sa 65e année et a décidé de se réinventer pour être en phase avec les nouvelles exigences du marché. Le jeune directeur financier de la compagnie parle de ses visions et de sa contribution pour faire avancer le business familial.
Dansla grande famille TFP, on demande le petit-fils. C'est Moushreerl Maharaullee qui s’avance. Habitué à être dans l’ombre, le voilà contraint de subir le feu des projecteurs. Mais, circonstances obligent, c’est avec plaisir qu’il vient de l’avant pour parler de la compagnie présente dans l’île depuis plus de 65 ans et qui a décidé de se réinventer afin de répondre aux nouvelles exigences du marché mauricien.
Moushreerl connaît un rayon sur l'entreprise familiale car il baigne dans cet univers depuis toujours. Son histoire est intimement liée à celle de cette marque qui, au fil des années, a aidé les familles mauriciennes à meubler leur maison. Qui ne connaît pas The Furniture People (TFP), sise à la route Royale, Eau-Coulée, et dont la chaîne de magasins de meubles est devenue une référence dans le milieu de l’ameublement. Moushreerl Maharaullee a assisté, aux premières loges, au développement de cette enseigne qui s’est bâtie, avec le temps, une solide réputation.
À l’heure du changement pour cibler un marché dynamique et jeune avec des meubles tendance, c’est impossible pour celui qui, à 25 ans, assure le poste de directeur financier de la chaîne de magasins, de ne pas jeter un coup d’œil dans le rétroviseur, à l’époque où cette affaire familiale a été lancée.
C’est à Port-Louis, en 1951, que le premier magasin de meubles ouvre ses portes, sur une initiative de feu Ismael Maharaullee : «En 1945, mon grand-père Ismael Maharaullee, qui avait 19 ans, fabriquait des savates en bois avec du bois local. Ma grand-mère découpait le caoutchouc des roues d’autobus et de voitures pour faire les pattes des savates. Ils se rendaient à Port-Louis en charrette pour vendre les savates. Mon grand-père s’est diversifié en fabricant des meubles. Les commandes affluaient. En 1951, il a créé son entreprise-magasin de meubles à Port-Louis.»
La sucess story est lancée. «Le nombre de magasins a par la suite augmenté. À l’époque, les magasins s’appelaient Magasins Amdoo, du prénom de mon grand-père. En 1960, le cyclone Carol a dévasté les magasins situés aux rues La Paix et Desforges, et mon grand-père les a déplacés à la rue Moka sous le nom Maharaullee. Environ 200 employés travaillaient pour lui. À cette époque, mon grand-père était le représentant de marques de meubles étrangères, dont l’une s’appelait Philips et proposait des lits en métal d’Angleterre», raconte Moushreerl, le fils de Mohammud Mustapha Maharaullee, fondateur des magasins TFP et petit-fils d’Ismael Maharaullee.
One stop-shop
Le monde des affaires étant ce qu’il est, il a fallu s’accrocher pour faire prospérer le business familial : «Mon père Mustapha Maharaullee a lancé son usine à Wootun Lane, Eau-Coulée, en 1980, après ses études au London College of Furniture et le South Bank Polytechnic. À l’époque, on travaillait surtout avec le bois massif. En 1995, l’enseigne est devenue la première société mauricienne à ouvrir une branche de l’usine en Afrique du Sud.» Le temps est vite arrivé pour Moushreerl de décider s'il allait rejoindre l’entreprise.
Le jeune homme d’affaires n'a pas hésité. Comme une évidence, il savait que c’était la voie qu’il devait prendre. «En 2014, j’ai rejoint la société. TFP a évolué pour devenir l’un des principaux acteurs dans le secteur du retail. La compagnie a diversifié sa gamme de produits pour inclure des appareils électriques, le parquet, le matériel sanitaire. Avec cette nouvelle stratégie, TFP est devenue une one-stop-shopavec cinq points de vente situés dans des endroits stratégiques de l’île»,explique ce détenteur d’unBCom enAccounting and Finance, et d’unBSc in Mathematics and Statistical Science de l’Université de l’Afrique du Sud. Il a aussi un MScde l’Université d’Essex en Computational Finance.
En s’investissant de cette mission, le directeur financier, en poste depuis 2013, a voulu apporter un nouveau souffle à ses magasins : «J’ai voulu apporter une touche nouvelle et une nouvelle perspective à l'entreprise. J’ai à cœur son intérêt. Mon père a lancé TFP à partir de rien. Il a jeté les bases sur lesquelles je peux maintenant faire grandir l’entreprise. Je veux désormais étendre nos activités à d’autres pays.»
Son objectif et son moteur principal, c’est d’être compétitif : «Je suis celui qui fait la sélection pour les importations, je choisis les dernières tendances, des modèles modernes et de bonne qualité. Mes qualifications me permettent d’offrir une plus grande expertise à l’entreprise. Visiter d’autres pays me donne une perspective alternative afin de pousser l’entreprise vers de nouveaux horizons. Nous avons ouvert un showroom à Melbourne en Australie en 2014. Nous avons agrandi notre section dédiée à la cuisine et, dans ce sillage, notre showroom au pays des kangourous.»
Pour Moushreer, chaque journée s’apparente à un véritable marathon : «Je suis responsable de l’importation des meubles, ce qui inclut des visites deux fois l’an aux foires internationales dans divers pays. Je suis chargé de choisir parmi les différents modèles, de négocier les prix et d’acheminer les produits vers Maurice. Je supervise le département marketing et des Ressources humaines, des finances et de la gestion du stock.»
Reconnaissant envers son aïeul, il fait tout pour être à la hauteur de ce qu’il a construit : «Je suis fier de ce qu’il a pu accomplir à son époque. En 1950, il importait des meubles. Il avait une vision.»De son parcours, il a tiré beaucoup de leçons : «Mon père le décrit comme un véritable entrepreneur. Il passait tout son temps dans son magasin et son atelier. Il était parmi les premiers à vendre au crédit, bien avant que le hire purchasesoit vulgarisé à Maurice. Il a eu le courage de prendre des risques et je l’admire pour cela. De par ses valeurs religieuses musulmanes, il m’a montré l’importance de donner et d’aider les pauvres. Il nous a aussi transmis les valeurs-clés du business. Il nous a fait comprendre que Maurice est un petit pays et que si vous faites les choses bien et de façon honnête, cela va se savoir, votre réputation va grandir et votre réussite dépend de cela. Il nous a montré comment traiter les employés. Les employés, c’est comme la famille.»
Malgré ses lourdes responsabilités, Moushreer est quand même un jeune homme bien de son temps : «Mes passe-temps sont le squash, le trailet le billard.»Mais une fois détendu, c’est toujours avec plaisir qu’il remet sa casquette de directeur financier pour aller rejoindre sa «famille»de sang ou pas, avec qui il écrit tous les jours la belle histoire de TFP.
D’une génération à l’autre
Au sein de la compagnie,c’est Mohammaud Maqsood Maharaullee, qui assure le poste de directeur et qui est en charge de ce qu’on appelle le Product Management. La plus grande des sœurs, Thelma Yashmina Maharaullee, est directrice et s’occupe de tout ce qui est cuisine et boiserie, Manufacturing of Custom-made Kitchens and walk-in wardrobe. Shazeea est en charge de la branche de TFP qui est en Australie.