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L’homme qui a fait tomber le réseau Gro Derek

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Ce taximan a jusqu’ici fait tomber plusieurs présumées grosses têtes impliquées dans un trafic d’héroïne.

Il est celui par qui toute l’affaire de trafic d’héroïne pour le compte du présumé parrain de l’Ouest a éclaté. Depuis son arrestation, il collabore pleinement avec l’ADSU et n’hésite pas à balancer les noms de ceux qui seraient mêlés à cette sale histoire. Mais qui est donc Ashish Dayal ? Sa femme et son père, accablés par les récents évènements, reviennent sur son parcours.

Ashish Dayal. Voilà un nom qu’on entend beaucoup depuis plusieurs semaines. L’homme a été arrêté, le 12 juillet, dans un bungalow à Péreybère, avec en sa possession sept kilos d’héroïne d’une valeur de Rs 105 millions. Depuis, il n’a cessé de faire la une des journaux. Allant de révélation en révélation lors de ses différents interrogatoires conduits par les membres de l’Anti-Drug and Smuggling Unit (ADSU) de Plaine-Verte, sous la houlette de l’inspecteur Asaad Rujub, Ashish Dayal est l’homme qui a fait tomber plusieurs présumées «grosses têtes» impliquées dans ce trafic d’héroïne.

Mettant à mal un gros et important réseau de trafic de drogue opérant dans la région ouest et dont le parrain serait Rudolf Dereck Jean-Jacques, plus connu comme Gro Derek. Ce dernier a été balancé en premier par son supposé bras droit qui l’a désigné comme étant son patron. Et il n’a pas été le dernier. Il y a aussi eu Westley Casimir, un skipper habitant Baie-du-Tombeau, Hayeshan Madarbaccus, Antoine Désiré Azie, tous deux employés du Mauritius Trochetia, et l’imam Moossa Beeharry (Voir hors texte sur leurs implications dans cette affaire). Ils sont tous derrière les barreaux.

Mais qui est celui qui, il y a quelques semaines, n’était qu’un anonyme parmi tant d’autres ? Né le 6 novembre 1979, Ashish Dayal, 32 ans, a grandi à l’avenue Ollier à Quatre-Bornes, où il vivait toujours jusqu’à son arrestation. Il est le benjamin d’une fratrie de six enfants dont l’un est décédé il y a quelques années. Durant son enfance, il était, selon son père Prem Dayal, 69 ans, un petit curieux qui s’intéressait à tout. Il a fait sa scolarité primaire à l’école du gouvernement Rémy Ollier, située à quelques pas de sa maison. «C’est là-bas qu’il a pris part aux examens du CPE. Après, il a rejoint un collège de Quatre-Bornes où il a étudié jusqu’à la Form V», soutient Prem Dayal qui dit ne plus se souvenir du nom de l’établissement secondaire.

«J’ai un trou du mémoire. Je ne me souviens pas non plus s’il avait réussi à ses examens. Mais je sais que juste après, il a quitté l’école pour faire des petits boulots», avance le sexagénaire. Jusque-là, Ashish Dayal aurait été, selon son père, un fils exemplaire. «Il sortait très rarement. Il ramenait de l’argent à la maison. Il avait de bonnes fréquentations. Puis, j’ai perdu mon épouse, décédée des suites d’une maladie. Ashish ainsi que les autres enfants ont été très affectés par la disparition de leur mère», explique Prem Dayal, la voix nouée de chagrin.

Quelque temps après, Ashish Dayal trouvera du réconfort auprès d’une jeune fille prénommée Sangeeta. Une rencontre qui, selon son père, l’aura beaucoup aidé à surmonter la disparition de sa mère. Les deux finiront par se marier. «On s’est rencontrés il y a 13 ans. À l’époque, j’habitais chez mes parents à Grand-Baie. Ashish, lui, était venu passer quelques jours chez un de ses cousins qui habitaient non loin de ma maison. C’est ainsi qu’on s’est rencontrés. Nous nous sommes mariés deux ans plus tard», se souvient Sangeeta qui ne sait plus à quel saint se vouer depuis l’arrestation de son époux.

«Un enfer»

D’autant qu’elle doit prendre soin de ses deux fils âgés de 11 et 3 ans. «Je ne sais pas comment je vais m’en sortir avec mes deux fils. Je ne travaille pas. Avec un mari qui est derrière les barreaux, la vie va être un véritable enfer. Je ne sais pas de quoi mon avenir ainsi que celui des enfants seront faits demain», confie-t-elle, les larmes aux yeux. Celle qui partage la vie d’Ashish Dayal depuis 11 ans affirme tout ignorer des transactions de son mari. Elle dit en avoir pris connaissance au moment de l’arrestation de celui-ci en juillet.

«Il a toujours été un père très attentionné et surtout très présent pour les enfants et moi. Depuis notre mariage, il travaille comme chauffeur de taxi. Il rentre chaque soir après son travail. Je n’ai rien remarqué d’anormal chez lui», soutient Sangeeta, qui paraît très agacée lorsqu’on évoque l’affaire de drogue dans laquelle son mari est impliqué.

Prem Dayal, quant à lui, est d’avis que son fils a fait la connaissance de personnes peu fréquentables lorsqu’il a commencé à travailler comme chauffeur de taxi. «Ce sont ses mauvaises fréquentations qui l’ont conduit là où il est aujourd’hui. Nous avons appris à vivre à la dure. J’ai pendant longtemps travaillé sur une propriété sucrière. C’est à la sueur de mon front que j’ai construit la maison familiale du rez-de-chaussée. J’ai construit chambre par chambre. Après ma retraite, j’ai travaillé comme vigile. Je suis un honnête homme», avance-t-il.

Au-dessus du rez-de-chaussée de la maison, deux étages d’un blanc éclatant dominent les maisons des voisins de par leur allure architecturale très moderne. C’est son fils Ashish, souligne Prem Dayal, qui a fait bâtir ces deux étages il y a quelque temps. «Il m’a demandé la permission de construire. Je la lui ai accordée», avance Prem, sous le choc depuis que toute cette affaire a éclaté.

L’ICAC s’intéresse aux biens d’Ashish Dayal qui doivent être passés au peigne fin dans les jours à venir ainsi que ses comptes bancaires. La sécurité de celui qui a jusqu’ici fait tomber cinq têtes est également prise très au sérieux par les enquêteurs. Ainsi, il a été transféré vers un lieu de détention plus sécurisé qui est tenu secret. Ses proches se disent aussi très inquiets pour sa sécurité.

«Il a pris la décision de collaborer. Je pense que c’est une très bonne chose. Mais il le fait au péril de sa vie», confie Prem Dayal. L’avenir nous dira ce qu’il adviendra de cette affaire et des suspects. En attendant, l’ADSU continue son enquête afin de liquider tout le réseau Gro Derek et peut-être plus encore…

Les missions des inculpés en deux mots…

Rudolf Dereck Jean-Jacques

Âgé de 27 ans, Rudolf Dereck Jean-Jacques, connu comme Gros Derek, est soupçonné d’être le parrain du réseau de l’Ouest. C’est lui qui donnerait les directives quant à l’achat de drogue à l’étranger. Il a été arrêté le 27 juillet à son domicile à la cité Richelieu. Il a jusqu’à présent fait valoir son droit au silence.

Moossa Beeharry

Il est derrière les barreaux depuis le vendredi 31 août. L’imam Moossa Beeharry est celui qui aurait fait plusieurs déplacements à l’étranger, notamment dans des pays d’Afrique pour l’achat d’héroïne pour le compte de Gro Derek.

Hayeshan Madarbaccus

Il a été arrêté dans la nuit du vendredi 24 août. Ce steward, employé sur le Mauritius Trochetia, est celui qui aurait récupéré les colis d’héroïne à Madagascar avant de les placer à bord, en lieu sûr. Hayeshan Madarbaccus alias Long Lascar, balancerait ensuite les colis en mer une fois que le Mauritius Trochetia accostait les eaux mauriciennes.

Bruno Westley Casimir

Il a été arrêté le 2 août après avoir été balancé par Ashish Dayal. Cet habitant de Baie-du-Tombeau est celui qui aurait récupéré les colis d’héroïne, jetés par-dessus bord du Mauritius Trochetia, une fois que le bateau était entré dans les eaux mauriciennes, à bord de l’Ange Rapide. Par la suite, il ramenait les colis sur la terre ferme.

Antoine Désiré Azie

Il a été appréhendé le mardi 4 septembre. Ce marin du Mauritius Trochetia, âgé de 48 ans, est soupçonné d’avoir transporté de l’héroïne d’une valeur d’environ Rs 1 million en janvier pour le compte de Gro Derek.

Les révélations de l’imam Moossa Beeharry

Il a été entendu pendant plusieurs heures, le vendredi 7 septembre, par les membres de l’ADSU de Plaine-Verte. L’imam Moossa Beeharry, arrêté le vendredi 31 août, a décidé de collaborer pleinement avec cette équipe dirigée par l’inspecteur Asaad Rujub. Lors de son interrogatoire en présence de ses hommes de loi, Shawkat Oozeer, Hisham Oozeer et Tawfeek Joomaye, l’imam Moossa Beeharry a expliqué que tout aurait commencé lorsqu’il a fait la connaissance d’un détenu mauricien à la prison centrale de Beau-Bassin : un dénommé Alain Louis Emilien, alias Very Good.

Selon lui, ce dernier aurait eu vent des nombreux déplacements qu’il faisait à l’étranger à titre personnel et aurait en quelque sorte tenté d’en tirer profit. C’est ainsi que le détenu mauricien aurait sollicité son aide pour venir en aide à un prisonnier, à savoir l’Ougandais James Mukassa Kanamwanjee. L’Ougandais avait été arrêté en 1996 pour trafic de drogue. L’imam Moossa Beeharry a expliqué aux limiers que le dénommé James Mukassa avait une certaine somme d’argent à remettre à sa famille en Ouganda. C’est ainsi qu’en janvier 2011, une certaine Maïta se serait présentée au domicile de l’imam Moossa Beeharry, à Beau-Bassin, pour lui remettre une importante somme d’argent. La monnaie en question aurait par la suite été remise en main propre par l’imam Beeharry à la fille de James Mukassa, alias Princesse, lors d’un déplacement en Ouganda. L’ADSU enquête actuellement pour remonter jusqu’à la dénommée Maïta.

Allant plus loin dans ses aveux, l’imam a avoué qu’il a logé chez la famille du détenu ougandais pendant quelque temps. Ce serait le beau-frère, la belle-sœur et la fille de James Mukassa qui auraient organisé le séjour de l’imam dans cette partie d’Afrique, le faisant ainsi découvrir ce pays. Selon l’homme religieux, il a, durant la même année, eu des contacts réguliers avec la famille de l’Ougandais.

Par ailleurs, l’ADSU s’interroge sur les liens que trois politiciens auraient avec l’imam Moossa Beeharry. Ces trois personnalités figuraient dans le répertoire du religieux. Toutefois, dans l’entourage de l’imam, on affirme que ces trois personnes n’auraient aucun lien avec le réseau Gro Derek. Selon cette source, les politiciens étaient juste des contacts que l’homme religieux avait par rapport à son travail social. Affaire à suivre…

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