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De l’obscurité à la lumière avec la greffe de cornée | Mahezabeen Inty : «Mon combat se poursuit»

Cette maman d’un garçon de 4 ans attend une deuxième greffe de cornée.

Alors qu’elle était adolescente, sa vision s’est dégradée graduellement suite à une conjonctivite à l’œil droit, jusqu’à ce qu’elle perde la vue. Neuf ans après, une greffe de cornée lui a permis de voir à nouveau de l’œil droit. Elle doit maintenant subir une deuxième greffe à l’œil gauche qu’elle risque de perdre à tout moment. Témoignage.

Elle a toujours voulu être hôtesse de l’air. Mais à 13 ans, Mahezabeen Inty a vu tous ses rêves s’écrouler en peu de temps. Alors qu’elle est en Form III au collège Cosmopolitan, à Plaine-des-Papayes, elle est frappée par une sévère conjonctivite à l’œil droit. À la même période, les examens commencent et Mahezabeen, en bonne élève, ne veut pas manquer cette étape importante de sa scolarité.«Je suis allée à mes examens mais en classe, je n’arrivais pas à voir de l’œil droit. Celui-ci me faisait mal et je ne pouvais plus rien faire. J’ai alors averti le personnel et je suis rentrée chez moi. Par la suite, on m’a conduite à l’hôpital», explique cette habitante de Pamplemousses qui est aujourd’hui mariée et mère d’un garçon de 4 ans. 

 

À l’hôpital, on lui prescrit des gouttes à mettre dans l’œil infecté. Mais quelques jours plus tard, la situation de Mahezabeen ne s’améliore guère. «On m’a emmenée à l’hôpital de Moka et le verdict du médecin était fracassant. La conjonctive s’était développée en une infection sévère de l’œil. Et je perdais la vue. Depuis, j’ai fait plusieurs allers-retours à l’hôpital de Moka. On m’a mise sur la liste d’attente pour subir une greffe de cornée», explique-t-elle. Entre-temps, elle perd peu à peu son indépendance, réduit ses déplacements. Pire : elle abandonne ses études. 

 

«On se moquait de moi à l’école car je ne voyais pas. J’avais des difficultés en classe. Je me suis sentie rejetée et j’ai décidé d’arrêter les études car je subissais un stress énorme.»Mahezabeen passe alors la plupart de ses journées cloîtrée entre les quatre murs de sa chambre et se laisse gagner par la déprime jusqu’à ce qu’elle rencontre celui qui deviendra par la suite son époux.

 

«Il m’a aidée à reprendre confiance en moi. À m’accepter comme je suis. Nous nous sommes ensuite mariés. Je suis tombée enceinte et c’est alors que l’hôpital de Moka m’a appelée pour une greffe de cornée. J’étais la suivante sur la liste d’attente. Mais mon état ne me permettait pas de faire une intervention», soutient la jeune femme qui précise avoir eu beaucoup de mal à prendre soin de son bébé après sa venue au monde. «Voir d’un seul œil n’est pas facile, surtout quand on doit s’occuper d’un enfant. De plus, durant ma grossesse et lors de mon accouchement, mon mari n’était pas à Maurice. Il travaille sur un bateau de croisière et il est le seul gagne-pain de la famille. C’est ma mère et mes beaux-parents qui ont pris soin de moi.» 

 

La chance de se faire greffer lui sourit à nouveau quelque temps après son accouchement. Mais elle refuse d’abandonner son bébé qu’elle allaite. Au final, ce n’est que le 9 mai 2016 qu’elle a pu subir une greffe de cornée à l’hôpital de Souillac. Ce, dit-elle, grâce à l’aide du Lions Club de Curepipe qui organise des levées de fonds afin de financer le transport des cornées obtenues gratuitement de la Banque des yeux. «Je leur dis un grand merci. Cette intervention a duré quatre heures. Et en janvier prochain, je vais à nouveau subir une greffe de cornée car mon œil gauche se dégrade aussi. Je ne vois presque rien.» 

 

Chaque année, à Maurice, environ 65 Mauriciens sont amenés à subir une greffe de cornée suite à un accident, une infection ou une malformation de l’œil. Si vous souhaitez contribuer à cette cause, vous pouvez faire un don au Lions Club de Curepipe sur le numéro de compte suivant à la Barclays Bank : 148013691. Et ainsi, apporter un peu de lumière dans la vie de ces malvoyants.

 

Qu’est-ce qu’une cornée ? 

 

La cornée est la partie transparente du globe oculaire, située à l’avant de l’œil, entourée de l’enveloppe externe de l’œil, la sclère, et qui est reconnaissable par sa couleur blanche. Cet organe peut être déformé par diverses maladies ou suite à une infection grave ou une blessure, entraînant par la même occasion d’insupportables douleurs. Et dans bien des cas, une greffe de cornée s’avère un passage obligé pour que la personne ne perde pas la vue.

 


 

Dr Mahen Bisnauthsing, consultant en charge à l’hôpital de Moka : «C’est une intervention délicate»

 

Actuellement, environ 75 Mauriciens sont en attente d’une greffe de cornée. Le Dr Mahen Bisnauthsing, consultant en charge à l’hôpital de Moka, explique que ces interventions sont rendues possibles avec l’aide du Lions Club de Curepipe qui fait des dons de cornées à l’établissement. «La greffe de cornée reste une intervention très délicate. Toutefois, notre équipe est formée pour le faire. Nous avons eu des formations poussées avec des professionnels étrangers. D’ailleurs, il y a aussi une équipe de médecins étrangers qui est basée ici à l’hôpital», explique le consultant. 

 

Le Dr Mahen Bisnauthsing et la doctoresse Mita Annauth assurent les interventions à l’hôpital de Moka.

 

Il avance qu’une greffe de cornée est nécessaire lorsque celle-ci est infectée suite à une maladie ou une infection de l’œil ou encore une blessure. «C’est une intervention qui se fait sous anesthésie générale. On enlève la partie endommagée et on la remplace par un tissu sain, soit la cornée du donneur. Et plus le donneur est jeune, plus la greffe sera réussie. Après l’opération, le patient doit suivre un traitement pendant un an. Et c’est après une année qu’on enlève les points de suture. Mais parfois, on les laisse aussi, dépendant des cas.» 

 

Cette intervention, fait ressortir le Dr Mahen Bisnauthsing, nécessite de porter par la suite des verres de contact ou des lunettes afin de rendre la vision meilleure. Pour épauler le consultant en charge, le Dr Mita Annauth chapeaute, elle, une équipe de quatre médecins qui s’occupent des greffes. «Nous travaillons en équipe afin d’apporter le meilleur soin à nos patients», nous dit-elle. Sur place, deux salles d’opération sont mises à la disposition des patients.