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Un an après la mort de Harmon Chellen aux Seychelles

Selon Brandon Chellen, la thèse de la noyade de son père (en médaillon) ne tient pas la route.

De retour à Maurice après sa première année d’études supérieures, le fils d’Harmon Chellen ne mâche pas ses mots quant aux circonstances entourant le décès de son père. Ses deux récentes visites aux Seychelles lui ont laissé un goût amer.

Il n’est plus le garçon qui passait son temps libre devant la télévision avec ses jeux vidéo. Il a bien changé, par la force des choses. Aujourd’hui, Brandon Chellen dit haut et fort ce qu’il pense. Un an après le décès de son père, il reste convaincu que celui-ci a été victime d’un acte malveillant. «Il faudra du temps, mais la vérité finira par éclater», dit-il.

 

Le 18 août 2014, le corps d’Harmon Chellen a été repêché à moitié nu dans un lagon des Seychelles. L’ancien directeur de l’école hôtelière de Maurice était dans l’archipel pour assister à une cérémonie en tant qu’invité d’honneur. Peu de temps avant sa mort, il se trouvait sous la responsabilité de la police après qu’une employée de l’hôtel où il séjournait l’a accusé de harcèlement sexuel.

 

La police seychelloise affirme que notre compatriote s’est noyé. Mais les médecins légistes mauriciens ont avancé la possibilité d’un foul play. Le Dr Sudesh Kumar Gungadin, responsable du département médico-légal de la police, son collègue le Dr Doomun, et le Dr Satish Boolell, ancien titulaire de ce poste, ont procédé à un examen post mortem de la dépouille d’Harmon Chellen après son rapatriement. Selon ces spécialistes, plusieurs blessures suspectes étaient présentes sur le corps du défunt. Les premiers soupçons d’un acte malveillant ont alors fait surface. «Le corps de mon père avait été embaumé. Ce procédé n’avait cependant pas dissimulé toutes les traces douteuses», souligne Brandon.

 

Rama Valayden brandissant la photo où l’on voit des marques de coups sur la hanche droite d’Harmon Chellen.

 

Le quotidien de la famille Chellen n’est plus le même depuis ce drame. «Ma mère pleure sans cesse. Ma sœur est également très affectée. Et mon absence à la maison n’arrange pas la situation. Heureusement, il y a les réseaux sociaux qui nous permettent de nous parler tous les jours. Notre deuil est très difficile», confie le jeune homme.

 

Cette journée du 18 août 2014 est gravée dans sa mémoire. Il joue à un jeu vidéo lorsque le téléphone sonne. C’est sa mère qui décroche. Quelques secondes plus tard, elle s’effondre dans la cuisine. Il court vers elle et lui prend le récepteur des mains. «Le directeur de l’hôtel Ephelia était au bout du fil. Il disait que mon père s’était noyé», se souvient Brandon.

 

Il est alors 18h45. Un peu plus tôt, sa mère et lui ont tenté d’avoir des nouvelles d’Harmon Chellen. «Mon père devait rentrer à Maurice vers 16 heures. Comme il avait du retard, nous avons appelé Air Seychelles pour savoir s’il avait bien pris l’avion. Mais on nous a fait comprendre que cette information était confidentielle», poursuit-il.

 

De retour au pays après sa première année d’études supérieures en business administration à Singapour, Brandon s’est rendu aux Seychelles pour assister à la troisième séance de l’enquête judiciaire instituée pour faire la lumière sur la mort de son père. Sa mère Jayshree, sa sœur Brenda, une tante et leur avocat, Rama Valayden, faisaient également partie du voyage. En mars, le fils d’Harmon Chellen avait assisté à la précédente séance. La thèse d’un cover-up devient, dit-il, de plus en plus crédible : «Il y a trop de faits troublants. Nous sommes convaincus qu’il y a eu complot pour déguiser sa mort en noyade.»

 

Règlement de comptes

 

Lors de la dernière séance de l’enquête judiciaire, les Chellen disent avoir obtenu une preuve supplémentaire les confortant dans cette idée. «Nous avons eu accès à une pièce du dossier du procureur, une photo sur laquelle on voit des marques de coups sur la hanche droite de mon père. Tout laisse croire qu’il a été tabassé avec un poing américain. Ces marques avaient cependant disparu après l’embaumement. Plus grave, le médecin légiste seychellois n’en a pas fait mention dans son rapport», s’insurge Brandon.

 

C’est principalement pour cela, dit-il, que Me Rama Valayden réclame une commission d’enquête sur cette affaire. L’avocat pense qu’Harmon Chellen a été victime d’un règlement de comptes et qu’il a été torturé à mort. Il a écrit au président de la République des Seychelles à ce sujet.

 

Brandon estime que le gouvernement mauricien ne doit pas non plus rester en retrait de cette affaire : «L’assistant surintendant de police Luciano Gérard avait été envoyé là-bas quand il appartenait à la Major Crime Investigation Team. Qu’a-t-on fait de son rapport ? De plus, le gouvernement doit intervenir pour récupérer les images des caméras de surveillance de l’hôtel Ephelia qui sont conservés à Maurice par une compagnie de gardiennage. Maurice doit aussi faire pression sur les Seychelles pour obtenir cette commission d’enquête. Ce serait regrettable que mon père soit l’objet d’un sacrifice pour ne pas gâcher nos bonnes relations avec les Seychelles.»

 

Le jeune homme et les siens craignent désormais pour leur sécurité. «Après toutes nos dénonciations, nous serons très mal accueillis aux Seychelles la prochaine fois. Toutefois, la brutalité policière dans ce pays est régulièrement dénoncée. Dans le passé, il y a déjà eu deux commissions d’enquête. Il existe d’ailleurs des faits troublants similaires entre les deux autres décès et celui de mon père», explique Brandon.

 

«Ou trouv sa normal ou, enn dimoun ki swa dizan inn rant dan dilo pou naze tir zis so semiz ek so soulie ? Linn nwaye ek so patalon ek soset. Nou anvi kone kot so sintir ete parski sa pa ti lor li kan inn gagn so lekor. Dan bann lezot ka, la osi ti ariv mem zafer, setadir sintir disparet», précise-t-il.

 

La quatrième séance de l’enquête judiciaire est prévue fin septembre. L’employée de l’hôtel, de nationalité malgache, qui a porté plainte contre Harmon Chellen est convoquée en tant que témoin. Le médecin légiste qui a pratiqué l’autopsie aux Seychelles ainsi que les Dr Gungadin et Doomun devraient également être entendus. Ces derniers n’avaient pas pu faire le déplacement auparavant parce que les autorités mauriciennes n’avaient pas payé leurs billets d’avion.