Elle fait de nouveau parler d’elle. Après avoir été accusée de trafic d’influence dans l’octroi, de façon frauduleuse, d’étals à la municipalité de Quatre-Bornes et d’une escroquerie de Rs 753 millions dans l’affaire Sunkai, Bimla Ramloll se retrouve désormais impliquée dans une affaire de vol de bijoux. Le constable Agathe, qui a procédé à son arrestation, et la victime, gérante de la bijouterie Beryl Rose, à Rose-Belle, racontent les faits….
Vendredi 18 février 2018. 13h30. La journée a bien débuté pour le constable Agathe, affecté au poste de police de Rose-Belle. De service ce jour-là, il vient de recevoir des instructions pour se rendre à Mahébourg où il doit rencontrer l’un de ses supérieurs. Mais juste avant, il s’arrête à un magasin, situé à quelques mètres du poste de police, près d’un arrêt d’autobus communément appelé «Bis Stop SMF» par les habitants du quartier. Alors que rien ne semble perturber la tranquillité du village de Rose-Belle, une voix féminine attire soudainement son attention . «Je l’ai entendue crier : “Arret li ! Arret li ! Voler ! Voler ! ”», raconte-t-il.
Lorsqu’il se retourne, il aperçoit une femme vêtue de bleu qui court après une autre portant un hijab et un burqa noirs. Toutes deux se trouvent de l’autre côté de la route. Son devoir de policier étant de faire respecter la loi et d’assurer la sécurité du public, il n’hésite donc pas à intervenir. «J’ai couru dans la direction de la première femme et je l’ai agrippée. Cela n’a pas été facile pour moi de la maîtriser car elle se débattait de toutes ses forces. Elle a essayé de s’emparer des objets qu’elle avait dans son sac à main mais elle n’a pas réussi. Vu qu’une foule de personnes nous avait entourés, j’ai contacté le poste de police, et mes collègues – le caporal Jean-Baptiste et le constable Fullee – sont venus en renfort.» La voleuse présumée est alors conduite dans les locaux du poste de police de Rose-Belle mais les policiers ne sont pas au bout de leur peine.
Gayatree Lollbeeharee, l’épouse du propriétaire de la bijouterie Beryl Rose, les a suivis. «Elle nous a indiqué que le vol avait été commis dans sa bijouterie et que notre suspecte avait pris la fuite avec six bracelets dont la valeur marchande s’élève à plus de Rs 110 000.» À première vue, la suspecte, qui s’exprime en anglais, ne souhaite pas collaborer avec les forces de l’ordre. «Elle nous a dit s’appeler Sabnam Haque», déclare le constable Agathe. Qui précise qu’elle n’avait aucune pièce d’identité en sa possession. Mais elle n’a pu tromper la vigilance des enquêteurs longtemps, car soumise à un feu roulant de questions, elle a finalement décliné sa véritable identité et confié qu’elle avait deux complices. Elle s’appelle donc Bimla Ramloll et est bel et bien mauricienne, contrairement à ce qu’elle avait voulu faire croire. Et elle est très connue pour avoir été mêlée à plusieurs délits dans le passé.
La femme de 46 ans, ex-conseillère à la municipalité de Quatre-Bornes, a été accusée dans le passé de trafic d’influence dans l’octroi, de façon frauduleuse, d’étals à la municipalité de Quatre-Bornes et d’une escroquerie de Rs 753 millions dans l’affaire Sunkai. Qui plus est, elle est sortie de prison, il y a sept mois, après avoir purgé une peine de prison pour cette dernière affaire.
Déjà recherchée
Deux policières la soumettent alors à une fouille et récupèrent dans son sac à main, un couteau, une bombe lacrymogène de la marque Nato, un flacon contenant du chloroforme, une torche électrique, des cagoules et des gants. Sous la supervision de l’ACP Ramsurrun, Divisional Commander de la division sud, l’inspecteur Joyeprakash, le CI Ramessur et le sergent Ramjeeawon montent une opération afin de retracer les deux complices de Bimla Ramloll. À l’heure où nous mettions sous presse, ces derniers étaient toujours recherchés.
Une enquête approfondie permet également aux enquêteurs de découvrir que Bimla Ramloll est déjà recherchée par la police de Mahébourg pour tentative de vol. Son domicile, à Blue Bay, est aussi fouillé et un cellulaire, des bijoux en or et des chèques y sont saisis. L’opération est menée par le sergent Hurnaum et supervisée par le SP Pèdre et l’ASP Callychurn de la brigade criminelle de Rose-Belle et l’Anti-Robbery Squad.
D’après ce qu’a indiqué Gayatree Lollbeeharee aux enquêteurs, lorsque Bimla Ramloll s’est présentée dans sa bijouterie vers 13h15, elle s’est fait passer pour une ressortissante étrangère. «Elle ne parlait que l’anglais et me disait qu’elle venait d’Abu Dhabi», nous confie la gérante de Beryl Rose, encore sous le choc. Elle se trouvait derrière le comptoir à ce moment-là. «Elle voulait essayer des bracelets. D’ailleurs, elle en a essayé plusieurs et me les a rendus. Je lui ai clairement fait comprendre que les clients ne pouvaient pas en essayer plus de trois à la fois mais elle a insisté, me disant qu’elle en achèterait plusieurs et qu’elle voulait voir s’ils étaient assortis. Elle m’a même demandé de lui faire un rabais.» Mais soudainement, la cliente en question a pris la fuite avec ces objets de valeur en lui adressant un simple «I’m going».
Lors de la course-poursuite avec Bimla Ramloll, Gayatree Lollbeeharee a également été blessée. D’ailleurs, lorsque nous l’avons rencontrée chez elle, à Gros-Billot, le samedi 19 mai, elle nous a confié ne pas avoir pu se rendre au travail car elle ressentait encore des douleurs. «La dame ne s’attendait pas que je la poursuive. Lorsque je suis parvenue à agripper son burqa, elle m’a donné plusieurs coups à la tête. Cela m’a fait perdre l’équilibre et je suis tombée. Heureusement, plusieurs personnes sont intervenues et lui ont barré la route pour l’empêcher de fuir. Notre famille gère cette bijouterie depuis environ 35 ans ; c’est la première fois qu’un tel incident se produit.» Elle se dit tout de même soulagée que Bimla Ramloll ne l’ait pas agressée avec les objets qu’elle dissimulait dans son sac. En tout cas, Gayatree Lollbeeharee n’oubliera pas de sitôt sa mésaventure. Alors que Bimla Ramloll a, elle, comparu devant la Bail and Remand Court, hier, avant d’être reconduite au centre de détention de Camp Diable.