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Thaipoosam Cavadee : sur le chemin du sacrifice

Yovanee Moothoosamy participe au Cavadee deux fois l’an.

La célébration est hautement symbolique. La communauté tamoule s’apprête à honorer le dieu Muruga dans quelques jours à l’occasion du Thaipoosam Cavadee. Pour les dévots, ferveur et sacrifice sont de rigueur.

Un moment d’émotion. Chaque année, c’est avec une grande intensité que les fidèles tamouls vivent l’une des célébrations les plus importantes de leur calendrier, le Thaipoosam Cavadee, prévu pour le jeudi 7 février. À quelques jours de ce grand événement, tous n’ont qu’une idée en tête : la procession jusqu’au temple, but ultime de ces dix jours de jeûne. 

 

Une fois de plus, au cœur de ces célébrations, Indiren et Koumilla Chinan ne manqueront pas de rendre hommage au dieu Muruga, fils du dieu Shiva et de la déesse Ouma. Cette année, c’est Indiren qui portera le cavadee – structure en bois recouverte de fleurs, avec une photo ou une statuette du dieu Muruga. Chez les Chinan, les préparatifs ont commencé avec le carême qui a débuté il y a une semaine. Quand ce n’est pas Koumilla, c’est son époux qui prend part au Cavadee. C’est pour eux une tradition qui leur a été transmis par leurs aînés et dont ils préservent la pérennité. «L’un d’entre nous doit le faire une fois l’an. C’est indiscutable. Pour nous, c’est une bénédiction. On ne le fait pas avec l’intention de demander à Muruga de nous donner tout ce que l’on désire mais plutôt pour le remercier pour tout ce qu’il a pu faire pour nous jusqu’ici», fait ressortir Koumilla. 

 

Pour être prêt le jour J, rien n’est laissé au hasard. Le jeûne a commencé avec le grand nettoyage de la maison pour une purification. Tous les jours, les Chinan mangent végétarien et uniquement ce qui est préparé à la maison. Comme c’est Indiren qui participera à la procession jeudi, il dort à même le sol, ce qui est un signe de sacrifice important. L’objectif, explique Indiren, c’est de se détacher de tout ce qui est matériel pour faire vivre sa spiritualité. D’ailleurs, le sacrifice est au cœur de célébration. 

 

Mercredi soir, toute la famille rejoindra Indiren et Koumilla pour les aider avec la confection du cavadee.«Ça peut durer toute la nuit. Nous allons donner un bain purificateur avec du lait, du sucre, de l’eau de rose et d’autres ingrédients au ‘‘kattey’’,bois sur lequel le cavadeesera monté. Nous allons ensuite le décorer avec des fleurs.» Le lendemain matin, le couple sera debout avant le lever du soleil. Indiren prendra à son tour un bain purificateur avant de se rendre au temple pour une séance de prières et à la rivière pour se faire planter de petites aiguilles dans le corps, symbole-phare du Cavadee. «Ça fait partie du sacrifice. Indiren va se piquer la langue avec le vel, la lance de Muruga. C’est un signe de pénitence.» 

 

Comme pour de nombreux fidèles, le Thaipoosam Cavadee est un rendez-vous que Yovanee Moothoosamy ne raterait pour rien au monde. Contrairement aux hommes, les femmes ne portent pas le cavadee mais le coron, un vase en cuivre avec du lait qu’elles portent sur la tête. La veille, elle parfumera d’encens tout ce qu’elle portera le jour de la procession. Le lendemain matin, elle prendra un bain avec du safran pour se purifier avant de se rendre au kovil et à la rivière, et enfin participer à la procession. En route, les chants et les danses traditionnelles viendront rythmer ce pèlerinage. Les fidèles s’y dévoueront totalement, certains allant jusqu’à sombrer dans une sorte de transe. 

 

Chaque fois qu’elle y participe, confie Yovanee Moothoosamy, c’est une émotion puissante qui s’empare d’elle. «Ce sont des émotions si intenses qu’on ne peut pas les contenir. On ne peut que fondre en larmes.» Un sentiment fort qui, pour elle, représente une bénédiction de ce dieu à qui elle attache une grande importance. «C’est très important pour moi d’y participer. D’ailleurs, je le fais deux fois par an, en janvier et en mai. C’est pour dire merci pour toute la bénédiction reçue durant l’année. Je ressens comme une paix d’esprit et un bien-être.» Un sentiment qui l’aidera à affronter le reste de l’année et les épreuves qui se présenteront à elle.