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Son époux meurt dans un accident alors qu’elle attend leur premier enfant | Annu Moorghen : «C’est très dur de grandir ma fille sans son père»

La jeune mère a de beaux projets pour sa petite Kavisha

Perdre son époux durant sa grossesse. C’est le drame qu’a vécu Annu Moorghen alors qu’elle était enceinte de sept mois. Robin Moorghen a péri dans un accident de la route où un de ses amis a également laissé la vie. Dans le cadre de notre campagne #Pourceuxquirestent, pour sensibiliser au nombre grandissant des tragédies routières, nous sommes allés à la rencontre d’Annu, une femme courageuse qui élève seule sa petite fille Kavisha, 2 ans.

Leur futur était tout tracé. Mariés en novembre 2012, Robin et Annu, alors âgés de 26 ans et 20 ans respectivement, filent le parfait amour. Presque un conte de fées. Deux ans plus tard, le désir de voir un bout de chou agrandir leur petite famille se fait sentir. «On voulait tellement devenir parents et écrire un autre chapitre de notre histoire», confie Annu. C’est ainsi qu’en 2014, elle tombe enceinte de son premier enfant. «Nous étions heureux et impatients de tenir le fruit de notre amour dans nos bras», se rappelle-t-elle douloureusement. 

 

Mais deux mois seulement avant la naissance tant attendu, le rêve se transforme en cauchemar. Robin Moorghen, chauffeur de taxi, meurt dans un accident de la route. Selon la police, le jeune homme aurait perdu le contrôle de sa voiture avant de déraper à Boulet-Rouge, Flacq. C’était le 27 décembre 2014. Lors de l’accident, Kevin Etwar, 22 ans, ami proche de Robin, périt également alors que trois autres passagers s’en sortent avec de multiples blessures. 

 

Si la terrible nouvelle parvient à la famille de Robin en peu de temps, Annu, elle, n’en sera pas informée tout de suite. «On ne savait pas comment m’annoncer la nouvelle. C’est quelque chose de très dur à annoncer, surtout que j’étais enceinte. Au final, c’est une des tantes de mon époux qui me l’a dit.» Dès cet instant, son monde s’effondre. Et ses nombreux projets sont engloutis par ce terrible drame. Désormais seule, avec un petit cœur qui bat en son sein, sa vie devient un combat perpétuel. Car combat est bien le mot qui incarne le mieux la jeune femme.

 

«J’ai voulu mourir»

 

«J’ai voulu tout abandonner. J’ai souhaité mourir. Mais j’ai dû me ressaisir et me battre pour mon enfant. J’ai eu le soutien de ma belle-famille et de ma famille. Sans eux, je n’y serais peut-être pas arrivée», laisse-t-elle entendre. Entourée des siens, le cœur lourd de tristesse, elle complète les derniers préparatifs afin d’accueillir son bébé dans les meilleures conditions possibles. «J’ai acheté les vêtements, décoré la chambre. L’absence de mon mari se faisait cruellement sentir. De plus, pour les visites chez le médecin, il n’était plus là pour me tenir la main, pour me sourire et me rassurer.» Pour elle, plus les jours passent, plus la solitude se fait sentir. Ce, même si ses proches la couvrent d’attention et de tendresse.

 

«Mon mari et moi avions nos habitudes. Tout a changé du jour au lendemain. J’ai accouché seule. D’une petite fille que mon mari ne connaîtra jamais. Il est parti sans même savoir si c’était une fille ou un garçon car on n’a jamais pu voir le sexe de l’enfant à l’échographie.»

 

Depuis la naissance de Kavisha, 2 ans aujourd’hui, Annu puise son courage en sa petite fille. «Elle est ma raison de vivre. Ma force», dit-elle avec un grand sourire en tenant sa fille dans ses bras. La petite, dit-elle, est une enfant attachante qui ressemble énormément à son père. Un père qu’elle ne connaîtra qu’en photo. Hélas. «Elle sait que son père est au paradis. Mais elle est encore trop petite pour comprendre et pour que je lui explique les circonstances de sa mort. Mais plus tard, je le ferai», souligne cette habitante d’Ecroignard à Flacq. Actuellement mère au foyer, elle a toutefois de grands projets pour l’avenir. «J’attends que ma fille grandisse encore un peu pour trouver un emploi. Je veux lui offrir une bonne éducation et, surtout, lui donner tout mon amour. Et toujours la protéger.»Telle est la promesse de cette mère à sa fille.

 


 

Annoncer la mort d’une victime : une part difficile du métier de policier

 

 

Un moment d’intense émotion. Des larmes qui ne peuvent s’empêcher de couler. Les policiers n’y échappent pas quand il leur faut annoncer la mort d’une personne à ses proches, que ce soit dans des accidents routiers ou d’autres drames. Car derrière l’uniforme, il y a une personne avec un cœur et des sentiments. «Nous sommes humains. Ce n’est pas parce que nous sommes policiers que nous ne sommes pas touchés par le malheur des autres», confie Bernard Mootoosamy (photo) du Police Press Office

 

Si aujourd’hui sa mission est autre au sein de la force policière, il n’a rien oublié de tous ces moments où, en tant que constable, on l’a chargé d’aller annoncer la mort d’une victime à ses proches. Pour lui, c’est la partie la plus difficile du métier de policier.

 

«D’ailleurs, je n’ai jamais pu affirmer à un père ou une mère que son enfant est mort. Encore moins annoncer la mort d’une mère ou d’un père à ses enfants», dit-il. Selon Bernard Mootoosamy, chaque policier a une approche différente dans ces cas-là. «À l’époque, on n’était pas formé pour gérer ce genre de situations. Aucun cours n’abordait le sujet lorsque j’ai fait ma formation de policier. Donc, chacun avait sa méthode. Pour ma part, je me rendais chez la famille et je posais quelques questions.»

 

Il ne pouvait se faire à l’idée d’annoncer la nouvelle directement : «Par exemple, si une personne avait été admise à l’hôpital suite à un accident, je questionnais la famille à propos de son récent état de santé, entre autres. Je montrais de l’empathie. Et ils me demandaient à leur tour si la personne avait rendu l’âme et insistaient pour le savoir. Mais je n’ai jamais pu leur dire ce qu’il en était. Je leur demandais simplement de se rendre à l’hôpital. Je ne leur demandais même pas d’emmener les documents importants. Car une fois qu’on a dit cela, ils ne tardent pas à comprendre la réalité.»

 

Dans le passé, les hôpitaux faisaient souvent appel aux policiers afin d’annoncer des décès aux familles des victimes. Car à l’époque, tous les foyers n’étaient pas dotés d’un téléphone. «Mais les temps ont changé. De plus, à la Police Training School, les nouvelles recrues sont formées pour annoncer un décès. On a le chapitre Bad News Announcementet aussi celui du Customer Care & Victim Support.» 

 

Quoi qu’il en soit, dit Bernard Mootoosamy, un policier n’oublie jamais le jour où il a dû annoncer le décès de quelqu’un à sa famille. Encore moins celui/ceux où il a été présent sur le lieu d’un accident. «On n’oublie jamais. On vit avec, on vieillit avec.»