• Parité en politique : des voix pour inspirer le changement
  • Milys.créations : quand Emily transforme vos idées en souvenirs inoubliables
  • Il s’était introduit chez une dame âgée en pleine nuit : un voleur maîtrisé par des habitants à Camp-Levieux
  • Saisie de Rs 10 millions de cannabis à Pointe-aux-Sables - Incriminé par son oncle, le policier Brian Beauger nie toute implication
  • Étoile d’Espérance : 26 ans d’engagement, de combat et d’espoir
  • Arrêté après l’agression d’un taximan : Iscoty Cledy Malbrook avoue cinq autres cas de vol
  • Golf : un tournoi caritatif au MGC
  • Le groupe PLL : il était une fois un tube nommé… «Maya L’Abeille»
  • Nilesh Mangrabala, 16 ans, septième victime de l’incendie du kanwar à Arsenal - Un rescapé : «Se enn insidan ki pou toultan grave dan nou leker»
  • Hippisme – Ouverture de la grande piste : les Sewdyal font bonne impression

Son époux avoue l’avoir ébouillantée : Le calvaire de Manisha, 21 ans

La douleur est intenable pour la jeune femme, ici sur son lit d’hôpital.

La douleur est intenable pour la jeune femme, recouverte de bandages. À la veille des célébrations entourant la Journée internationale des droits de la femme, observée le 8 mars, elle a été ébouillantée par son époux lors d’une dispute suivant une histoire d’infidélité alléguée. Ce dernier a été arrêté et est passé aux aveux. Manoj, le père de la victime, revient sur le calvaire qu’elle a subi entre les mains de son mari.

15h30. Les portes de la Female Burns’ Unit à l’hôpital Victoria, Candos, s’ouvrent enfin. Les premiers visiteurs entrent dans la salle, tête baissée. Le règlement, stipulant que chaque patient a droit à deux visites à la fois, n’est pas respecté. Mais ceux présents ne sont pas bruyants… Le silence qui règne dans la pièce donne même des frissons et une forte odeur de brûlé agresse les narines en ce vendredi après-midi. Les patientes sont pratiquement toutes recouvertes de bandages. Mais tous les regards sont braqués sur une jeune femme en particulier. Elle est en larmes, a le visage boursouflé, les yeux gonflés. Il s’agit de Manisha, 21 ans. Les infirmières viennent tout juste de lui faire ses pansements. La douleur est intenable. À côté d’elle, son père Manoj tente de la réconforter pendant que d’autres proches font le lit. Nous l’abordons et il accepte volontiers de nous raconter ce qui est arrivé à sa fille.

 

Si cette dernière a le haut du visage entouré de bandages, ce n’est que le bout visible de l’iceberg, nous confie Manoj. Car Manisha a aussi le haut du buste recouvert de plaies. Des plaies qui sont apparues après que son mari Kevin, 27 ans, l’a ébouillantée avec de l’huile chaude lors d’une dispute, le mercredi 7 mars, sur fond d’infidélité alléguée. Cet habitant de Batimarais a été arrêté, le lendemain et est passé aux aveux (voir hors-texte).

 

Depuis, Manoj dit n’avoir que du mépris pour celui qu’il considérait comme son fils : «Manisha est mon unique enfant. Kevin et elle vivaient sous mon toit. Si ma fille avait une liaison extraconjugale, je lui aurais conseillé de se séparer d’elle. Or, toute cette histoire est fausse. Je ne sais pas ce qui lui est passé par la tête. Ma fille est désormais marquée à vie. Je ne pourrai jamais pardonner à Kevin.» Le mercredi 7 mars, à la veille des célébrations entourant la Journée internationale des droits de la femme, Kevin, qui collectionnait les petits boulots, n’était pas parti travailler, raconte notre interlocuteur. «Ma fille avait préparé des nuggets et des saucisses pour son petit déjeuner. Elle sortait de la salle de bains lorsqu’il l’a agressée avec cette huile.»

 

Avec le recul, Manoj, qui est maçon, dit avoir remarqué un changement d’attitude chez son gendre le jour du drame. «Il était venu me voir sur mon lieu de travail pour me demander pourquoi je n’avais pas apporté de quoi manger pour le déjeuner. Je lui ai alors dit que j’avais bien mangé au petit déjeuner et que j’allais rentrer dans l’après-midi. Il a ébouillanté ma fille vers 10 heures.»

 

Elle souffre le martyre

 

Une fois son forfait commis, Kevin prend la fuite. Manisha, elle, souffre le martyre, la douleur est insupportable. Mais elle parvient à appeler à l’aide. Une tante vient alors à son secours avant qu’un cousin ne la conduise à l’hôpital. «Kevin ti promet mwa li pou sanze», s’insurge Manoj. Sa voix est imprégnée de souffrance. Son gendre, dit-il, n’était pas un enfant de chœur. Mais son épouse Maghi et lui ont toujours passé l’éponge sur ses inconduites car leur fille, la prunelle de leurs yeux, était attachée à lui.

 

«Ma fille était encore mineure lorsqu’elle est partie vivre chez Kevin», explique Manoj. Ils s’étaient rencontrés lors d’une fête familiale. «Nou inpe fami dan kote mo madam. Sak fwa mo tifi ti al laba avan li dir nou li pe al get fami. Tousala ti manti», souligne Manoj. «À l’époque, nous avions fait une déposition à la police. Par la suite, nous avons accepté qu’ils se marient pour lui éviter la prison. Manisha avait 17 ans et avait déjà mis fin à sa scolarité à la SSS de Rivière-des-Anguilles. Elle n’a pas pu prendre part aux examens du SC. Zordi mo sir li regrete linn gat so lavenir akoz sa garson-la. Li pa travay. Li ena boukou case assault.»

 

Au départ, Manisha vivait dans une seule pièce chez ses beaux-parents, avant de déménager, à la demande de son père. «Ma fille était battue et maltraitée. Elle ne nous a jamais rien dit car mon gendre la menaçait. Je leur ai alors proposé de venir chez nous à L’Escalier. J’étais trop soucieux de sa santé. Je ne pouvais pas rester insensible à la situation dans laquelle elle se trouvait.»

 

Kevin, lui, s’absentait de temps en temps. Selon Manoj, il revenait parfois au bout d’une semaine. «Li prefer pas letan ek kamarad ki ar mo tifi. Sa ousi nou finn res trankil pou evit zot gagn plis problem. Pou Cavadee nou tou karem, li vinn lakaz sou ek li rod rantre. Mo dir li revini enn lot zour. Mem zour li kraz enn ta boutey deor. Li ti bles li mem», raconte Manoj qui fait alors appel aux proches de son gendre. Ces derniers l’ont transporté à l’hôpital où il a été admis.

 

À sa sortie de l’hôpital, Kevin rentre chez sa mère avant de se rendre chez ses beaux-parents, le dimanche 25 février, pour leur présenter des excuses. «Je lui ai longuement parlé ce jour-là. Il m’avait promis de changer. On avait fait une séance de prière spéciale ensemble. On a tous cru qu’il allait vraiment changer mais tel n’a pas été le cas», s’indigne Manoj, le cœur lourd de regrets.

 

Il est aussi effrayé à l’idée que Kevin sorte de prison. «Si li gagn kosion, ki pu ariv mo tifi ? Mo per pu so lavi. Si mo tifi ti ekout mwa, zame pa ti pou ariv li enn zafer koumsa. Nou pa pou pardonn Kevin zame», ressasse notre interlocuteur, en sanglots. Comme Manisha, son épouse et lui souffrent le martyre en voyant leur unique enfant dans cet état. Car même si elle parvient à panser ses blessures, les cicatrices, elles, laissent des traces…

 


 

Kevin Chengadoo se constitue prisonnier

 

Il soupçonnait son épouse Manisha d’infidélité. C’est la raison pour laquelle Kevin Chengadoo dit l’avoir agressée. Cet habitant de Batimarais s’est constitué prisonnier au lendemain des faits. À la police, il explique avoir agi dans un accès de colère : «Monn fer enn ti lanket. Dimounn inn dir mwa ki mo fam ti pe tronp mwa.» Manoj, le père de Manisha, récuse cependant ces allégations : «Mon gendre était trop jaloux et possessif. À tel point qu’il avait interdit à ma fille de travailler à l’usine où mon épouse travaille. Tout est parti d’un malheureux malentendu. Un jeune collègue de mon épouse l’appelle ‘‘maman’’. Ma fille lui a parlé à deux ou trois reprises lorsqu’elle travaillait à l’usine et Kevin a cru qu’elle avait un amant. Mais tout cela est faux. Ma fille n’a aimé qu’un seul homme dans sa vie.»