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Sept noyades en trois jours : Témoignages, souffrance et révolte des familles

Les larmes ne cessent de couler. La douleur est profonde. Cette semaine, en seulement trois jours, sept personnes ont péri noyées. Laissant leurs proches dans une souffrance sans nom. Ces derniers témoignent…
 

Au Goulet : Stacy Germain, 11 ans, et Kendy Allagapen, 23 ans, emportés par les flots

 

Pour nombre de Mauriciens, le temps était aux célébrations cette semaine. Parmi : la famille Germain de Tranquebar. Ce jeudi 1er février, Steve Germain et ses proches se rendent à la plage du Goulet. La journée s’annonce parfaite. Mais un drame a mis fin aux festivités. Deux des leurs ont trouvé la mort, emportés par les flots. Il s’agit de la petite Stacy, 11 ans, et d’un proche de la famille, Kendy Allagapen, un habitant de Cité Malherbes âgé de 23 ans. Une des sœurs aînées de Stacy, Stevie, 27 ans, a, elle, été admise aux soins intensifs de l’hôpital Jeetoo après avoir été secourue par des volontaires. 

 

Plongée dans une profonde tristesse, Kathleen Germain, ne retient pas ses larmes. Elle repasse en boucle les images de cette triste journée. «Stacy voulait aller à la plage. Nous n’y étions pas allés la veille, donc nous avions voulu lui faire plaisir. Nous nous y sommes alors rendus jeudi, vers midi», raconte-t-elle. Mais vers 16 heures, la journée a pris une autre tournure. Stephie Oriant, une des sœurs aînées de la petite Stacy, s’en souvient dans les moindres détails. «Ils étaient tous en train de nager. Il y avait mon époux, mes sœurs et Kendy. Je les avais pris en photo. Le temps pour moi de ranger ma caméra et de me retourner, ils avaient tous disparu. Cela s’est passé en une fraction de seconde. Ils se trouvaient pourtant près de la plage !» 

 

Des volontaires accourent alors pour porter secours à la famille. La plus petite, âgée de 6 ans, est secourue la première. «Mon époux l’a tirée par le bras avec l’aide de volontaires. Il a lui aussi failli y rester. Heureusement que les membres du public sont parvenus à le sortir de l’eau.» Entre-temps, Steve Germain, qui pêchait, est alerté par les cris de ses proches. Paniqué, il va chercher de l’aide auprès des éléments de la National Coast Guard (NCG). «Il leur a fallu près d’une heure pour déplacer leur bateau. Mon père a dû les aider. Ils ne nous ont été d’aucune aide car entre-temps, les volontaires étaient parvenus à sortir ma sœur Stevie et Kendy de l’eau. Stacy était alors introuvable», raconte Stephie. 

 

 

Malgré les multiples tentatives pour ranimer Kendy, son décès n’a pu qu’être constaté. Stevie, inconsciente, est, elle, conduite d’urgence à l’hôpital. À l’heure où nous mettions sous presse, son état de santé était stable, selon ses proches. Deux heures plus tard, le corps de la petite Stacy est repêché par les sapeurs-pompiers. Pourtant, il y a à peine quelques semaines, c’est une toute nouvelle vie qui avait commencé pour Stacy. Après avoir obtenu de très bons résultats à ses examens du PSAC, elle venait d’entamer le Grade 7 à la Port-Louis SSS et caressait le rêve de porter l’uniforme plus tard. «Li ti kontan koze, riye, badine. Tou dimounn ti bien kontan li. Li ti touletan zovial», selon ses proches, brisés par le départ tragique de leur «rayon de soleil». Les obsèques de la fillette ont eu lieu vendredi à Tranquebar.

 

La douleur est aussi à son comble du côté de la famille de Kendy Allagapen, dont l’épouse Sephora a accouché de leur troisième enfant le 22 janvier, soit il y a seulement quelques jours. D’autant que cette dernière ne savait pas que Kendy s’était rendu à la plage ce jour-là. «La dernière fois que nous nous sommes vus, Kendy et moi, c’est lorsqu’il est venu me récupérer à l’hôpital après mon accouchement. Il m’avait ramenée chez moi à Cité Malherbes et avait été dormir chez sa mère parce que nous nous étions disputés il y a quelque temps. Cela a été un choc pour moi. Mo ti down net», confie la jeune femme accablée par le chagrin. 

 

Sephora, mariée civilement à Kendy depuis cinq ans, était à la maison lorsque la sœur de Kendy a contacté sa mère pour lui annoncer la nouvelle, qu’elle avait elle-même apprise en tombant sur des vidéos publiées sur Facebook. L’homme de sa vie, dit-elle, s’en est allé avant même d’avoir pu concrétiser son rêve : celui de construire une maison pour sa femme et ses enfants. Un rêve qu’elle tentera de réaliser seule, au nom de celui dont elle partageait la vie depuis le 26 mars 2010. Les obsèques du jeune homme ont eu lieu vendredi à Batimarais, chez son oncle.

 

Élodie Dalloo

 


 

À Trou-aux-Biches : Bruno Botterave meurt sous les yeux de ses enfants

 

Le regard plongé dans le vide, Sarah Serret, enceinte de son cinquième enfant, tient sa fille de 2 ans dans ses bras. Ce regard vide laisse vite la place aux larmes. «Notre monde s’est écroulé en 15 minutes. Ce qui aurait dû être une belle sortie familiale a viré au drame. Bruno inn mor divan lizie so bann zanfan», lâche-t-elle. 

 

En effet, Bruno Botterave, un soudeur de 25 ans, est mort noyé le jeudi 1er février. Le jeune homme se trouvait à bord d’un bateau à fond de verre avec sa famille. «Il avait insisté pour que nous passions la journée à la plage avec les enfants. La famille était sa priorité. Après la balade en bateau, il a plongé une première fois et est remonté à la surface. Mais son second plongeon lui a été fatal», pleure sa concubine. 

 

 

Selon le rapport d’autopsie, Bruno Botterave est décédé d’une asphyxia due to drowning. «Mes enfants et moi n’arrêtions pas de crier. Àtravers la vitre du bateau, on le voyait qui coulait petit à petit. Nous étions impuissants face à cette situation. Nos trois plus grands enfants sont toujours sous le choc», confie Sarah. 

 

Brigitte Casimir, la mère de la victime, quant à elle, ne tarit pas d’éloges au sujet de son fils unique, né d’une fratrie de trois enfants. «Bruno était jovial et généreux. On pouvait toujours compter sur lui. Il avait déjà tout prévu pour commencer la construction de sa maison ce week-end et pour accueillir son cinquième enfant», confie-t-elle. 

 

C’est donc ensemble que Brigitte et Sarah tentent de surmonter cette épreuve.

 

Valérie Dorasawmy

 


 

Rivière-des-Créoles : Javis Naumjand, 17 ans, décède après un plongeon du Pont Anglais

 

 

16h30. Rivière-des-Créoles. Il fait une chaleur de plomb. Ici, des habitants de la localité se tiennent sous leur terrasse, à l’abri du soleil. Là, d’autres se mettent à l’ombre des arbres fruitiers. En ce jeudi 1er février, il y a une animation particulière au domicile des Naumjand, à Poorun Lane. Les membres de cette famille se sont tous regroupés dans une pièce, autour d’un religieux. Ce dernier anime une séance de prière spéciale, le hawan, pour les Naumjand qui viennent de rentrer des funérailles de Javis.

 

La veille, l’adolescent de 17 ans, aussi appelé Atish, a connu une fin tragique lors d’une sortie avec des amis du village. Il a péri noyé en allant nager dans une rivière de sa localité. Il n’est pas remonté à la surface après un plongeon du Pont Anglais. Son corps a été repêché par des éléments du Groupement d’intervention de la police mauricienne (GIPM) peu après. Le rapport d’autopsie indique que cet étudiant du collège Hamilton, à Mahébourg, est mort d’une asphyxie due à la noyade.

 

Le quotidien des Naumjand a été bouleversé par cette triste disparition. Sheila et Deepak, les parents du jeune homme, sont inconsolables. Tout comme leur fille cadette, âgée de 13 ans, et leur benjamine de 10 ans. «Li tousel garson dan fami. Il était le petit prince», confie sa cousine Sanjana, 17 ans, d’une voix nouée par l’émotion. Le jour du drame, explique-t-elle, son cousin est parti faire des photos de la procession du Cavadee à Trois-Boutiques. «Il est rentré vers 16 heures. Peu après, il a demandé à parler à sa mère. Cette dernière se reposait.»

 

 

La cadette de Javis, 13 ans, est la dernière personne à l’avoir vu. «Ma cousine nous a dit qu’ils ont parlé un peu avant que son frère ne parte en lui disant qu’il allait prendre un bain. Elle a alors cru qu’il se rendait à la salle de bains», raconte Sanjana. Personne ne sait à quel moment le jeune homme a pris un sac de sport pour rejoindre son voisin, dit-elle. C’est ce voisin justement qui a donné l’alerte lorsque son ami s’est retrouvé en difficulté dans une rivière qui aurait déjà fait une dizaine de morts, selon les habitants de ce village.

 

Les Naumjand, eux, se trouvaient chez un proche lorsqu’ils ont appris la nouvelle. «Nous pensions tous que Javis se reposait à la maison après sa sortie du matin. Des proches se sont rendus sur place. Des pêcheurs du village participaient aux recherches. L’eau était trop sale pour prendre le risque de plonger. Ce n’est que vers 20 heures que le GIPM a pu remonter sa dépouille», explique Sanjana.

 

Javis devait prendre part aux examens du School Certificate cette année. L’adolescent était, adepte de culturisme, fréquentait une salle de gym à Mahébourg depuis deux ans. Il adorait également la photographie et caressait le rêve de devenir un professionnel dans le domaine. «D’habitude, il ne nage jamais sans son père. Cette première sortie en solitaire lui a été fatale», regrette Sanjana dont la vie a été chamboulée, du jour au lendemain, par une disparition tragique.

 

 

Jean Marie Gangaram

 

 


 

 

À La Prairie : Goind Sooreea périt lors d’une partie de pêche

 


 

Il y a foule à One Way Road, Chemin-Grenier, en ce jeudi 1er février. L’attente est insoutenable sous la bâche verte. Ils sont nombreux à être venus faire leurs adieux à Goind Sooreea, 49 ans. La veille, vers 13h45, ce dernier a péri noyé lors d’une partie de pêche en compagnie de son fils de 15 ans qui, lui, a pu s’en sortir. Une grosse vague a fait chavirer leur embarcation. Le corps de Goind Sooreea a été repêché par la NCG à une profondeur de 20 mètres au lieudit Lapass Sin Zak – l’hélicoptère de la police a également été sollicité ce jour-là. Le rapport d’autopsie révèle que ce propriétaire d’une pâtisserie a péri suite à une asphyxie due à la noyade.

Le jour du drame, père et fils avaient pris la route très tôt pour aller pêcher. «Ils n’en étaient pas à leur première sortie. Goind va pêcher toutes les semaines. Son fils l’accompagne aussi. Le mercredi 31 janvier, ils ont quitté Chemin-Grenier à 5 heures. Ils sont rentrés d’une première partie de pêche avec une belle prise. L’accident s’est produit lors de leur seconde sortie», raconte un proche. «Le fils de Goind raconte qu’une grosse vague a subitement fait chavirer le bateau. Son père lui a alors conseillé de nager vers les récifs où il a été secouru par les occupants d’un autre bateau. Goind a, hélas, eu moins de chance. Il avait déjà coulé lorsque l’autre bateau est venu à son secours.» Ce n’est que vers 17h10 que le corps de Goind Sooreea a été repêché.

Depuis le drame, l’adolescent est inconsolable, tout comme sa mère. C’est alors un ami de la famille qui nous explique que la victime aimait la pêche. Il avait acheté un bateau il y a quelques années pour mieux pratiquer sa passion. «Kouma pa trouv li la, ou fini kone li finn al lapes dan so bato. Li ti kontan la sas osi. Li ti enn bon vivan sa garson la. Li tou sel kone kinn ariv li kan so bato inn devire parski mo kamarad li ti enn mari bon nazer.»

JMG

 


 

 

À Blue-Bay : la dernière baignade de Sukchariay Rughoo

 

Un pique-nique a viré au drame. Sukchariay Rughoo, plus connu comme Gol, est mort noyé le mercredi 31 janvier. Cet habitant de Madame Lolo, à Rose-Belle, se trouvait à Blue-Bay avec des amis lorsqu’il s’est retrouvé en difficulté à 250 mètres de la zone de baignade. Vers 18h30, des éléments de la National Coast Guard l’ont porté secours. Son décès a été constaté à son arrivée à l’hôpital de Mahébourg. Selon le rapport d’autopsie, ce Tent Builder de 49 ans a succombé à une asphyxie suite à la noyade. Ses funérailles ont eu lieu le vendredi 2 février au crématorium de Marie Jeannie, à Rose-Belle.

 

Le soir du drame, l’épouse de Sukchariay Rughoo, Vimla, 46 ans, qui est déjà au lit, ne remarque pas son absence. Mais le lendemain, au réveil, cette femme au foyer, qui souffre d’un léger handicap, alerte ses proches. En se rendant à une boutique du coin que fréquentait Gol, elle retrouve ses vêtements et une paire de savates sous la varangue. «Mon époux se serait rendu à Blue-Bay avec trois personnes. Il serait monté à bord d’un autobus pour rentrer à la maison. Il serait toutefois descendu pour prendre un bain mais ses amis ne l’auraient pas vu sortir de l’eau. Ils seraient rentrés avec ses effets personnels en pensant qu’il allait passer les récupérer à la boutique», raconte Vimla.

C’est en téléphonant au poste de police de Blue-Bay qu’un proche policier a appris qu’un cadavre a été repêché la veille. Le corps de la victime a, par la suite, été identifié à la morgue de l’hôpital Victoria, à Candos. «Pourquoi ne nous a-t-on pas informé que Sukchariay n’était pas sorti de l’eau ?» s’insurgent Vimla et les siens.

Sukchariay Rughoo laisse derrière lui une veuve et deux filles âgées de 14 et 7 ans, pour qui les jours à venir s’annoncent difficiles.

JMG

 


 

À Eau-Coulée : les Mungra dans le flou après le mystérieux décès de Preetam

 

Il est parti en emportant avec lui un lourd secret. Le corps de Preetam Mungra, un habitant d’Eau-Coulée, a été repêché dans une rivière de la localité, le mardi 30 janvier, en début de matinée. Dans un premier temps, la police a d’abord évoqué la thèse d’un acte malveillant, avant de se raviser à la lumière du rapport d’autopsie qui indique que cet homme de 53 ans a péri noyé. Ses funérailles ont eu lieu le lendemain.

Sa famille s’interroge tout de même quant aux circonstances de son décès. «Lor radio, zot pe dir linn nwaye alor ki lapolis ti dir nou ki se kapav enn foul play», martèle Ragini, la sœur de la victime. «Nou pa pou bes lebra. Bann anketer bizin kone kouma pou fer zot travay pou nou konn la verite.»

C’est la police qui a fait la découverte macabre mardi. Preetam Mungra, un employé du Central Electricity Board, portait également plusieurs blessures, dont une fracture du crâne, d’où la thèse, dans un premier temps, d’un acte malveillant. Mais ses proches évoquent des zones d’ombre. Car, disent-ils, la victime avait une phobie de l’eau.

Preetam Mungra laisse derrière lui une veuve et un fils de 19 ans qui attend ses résultats du Higher School Certificate.

JMG