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Réforme électorale : Le «Best Loser System» qui déchaîne… encore

Pravind Jugnauth a assuré qu’il voulait faire de cette réforme une réalité.

Son abolition est au cœur de la nouvelle version conçue par le gouvernement. Et ce système provoque encore des émotions fortes en 2018…

Une tasse de thé ? Pour faire passer le sujet de la réforme électorale, aussi sec qu’un biscuit kabinn, il faut bien ça. Depuis quelques semaines, le sujet est sur toutes les lèvres des politiciens. On discute, on exige à voir les propositions du gouvernement, on y va de son opinion et de sa critique. Et si les choses se précisent (ou en donnent l’impression) suite aux nombreuses interventions du ministre Nando Bodha – il est le porte-parole du comité interministériel qui se penche sur la question –, la cacophonie des différentes voix qui s’expriment sur ce sujet d’importance capitale pour le pays a de quoi faire perdre aux éléctions le sens de la circonscription. Le projet, que le gouvernement souhaite présenter, d’ici la fin de l’année, n’a, néanmoins, pas beaucoup de chance de récolter la majorité de ¾, nécessaire pour faire passer tout amendement à la Constitution…

 

Surtout depuis qu’il semblerait que l’abolition du Best Loser System (BLS) – qui serait remplacé par une dose de proportionnelle – est une des mesures-phares de cette réforme. Si certains politiciens estiment que cela représente le symbole du communalisme institutionnalisé et qu’il est temps de s’en débarrasser, d’autres y sont bien attachés : pour eux, ce système serait le seul moyen d’assurer la représentation effective des minorités. Du côté du gouvernement, on parle de consultation nationale, face aux critiques des membres de l’opposition qui parlent d’opacité, de réforme «en catimini» ou encore de «cafouillage». Ivan Collendavelloo l’a déclaré, cette semaine : «Tou dimounn pou gagn lokazion debat li.» Quand et de quelle façon ? Pour l’instant, rien n’est précisé.

 

Reste que pour que la réforme passe, il faut convaincre. Si le MMM accepte de voter under protest, le MP, le PTr et le PMSD ne semblent pas si conciliants. Les politiciens de tous les bords de l’opposition s’entendent bien sur une chose actuellement : que l’ébauche du projet de loi soit rendue publique. Mais ça s’arrête là. La position douce de la bande de Paul Bérenger n’est pas celle de tous. Pour les autres, il est difficile d’accepter «une bonne réforme menée par un adversaire politique», estime un membre du MSM qui critique la frilosité des membres de l’opposition face à ce «moment important de l’Histoire mauricienne».

 

«Trop d’hypocrisie»

 

Le leader de l’opposition, lui, a fait entendre sa voix sur la question  hier, samedi 15 septembre, lors de son point de presse. La position du PMSD n’a pas bougé d’un iota : l’abolition du BLS est une erreur, un recensement actuel (au lieu de se baser sur le dernier qui date de 1972) est nécessaire et un redécoupage des circonscriptions doit être fait. Pour le chef de file des Bleus, «il y a trop d’hypocrisie qui entoure la réforme électorale et il faut dénoncer cela.» Le PMSD «parle le langage de la vérité» : «Il n’y a aucun problème avec le recensement.» Cependant, Paul Bérenger, lui, estime que se lancer dans un tel exercice ouvrirait la boîte de Pandore. Le leader des Mauves a donné son point de vue lors de sa conférence de presse hebdomadaire hier, samedi 15 septembre.

 

Si, comme annoncé, le gouvernement trouve une alternative au BLS, il faut savoir rassurer la population, estime-t-il. Alors, en alliance avec le PTr, fin 2014, la coalition avait proposé une alternative : «Dans le but de rassurer, nous étions tombés d’accord de casser la dose de proportionnelle : 14 élus sur la liste déposée à la Commission électorale et les six autres choisis par les leaders pour s’assurer que toutes les communautés ne soient pas absentes ou sous-représentées. Une bonne façon de rééquilibrer les choses.» Pour Paul Bérenger, il s’agit là d’un meilleur système : «Même s’il n’est pas idéal.» Et des critiques, venant du PMSD, MP et PTr, évoquant le fait que ce serait offrir trop de pouvoir aux leaders, il répond : «C’est bien cheap. C’est de la démagogie. Pena nanie move ladan. La Constitution le prévoit : chaque parti doit donner le nom d’un ou de deux leaders qui doivent prendre les décisions ; c’est comme ça.»

 

Des partis soumis au bon vouloir d’un leader avec cette nouvelle formule. C’est ce que Shakeel Mohamed, chef de file du PTr, au Parlement, a dénoncé, cette semaine : «Ce ne sera plus de la démocratie, ce sera l’autocratie. Nous allons bâtir une nation de yes-men.» Son leader, Navin Ramgoolam, a eu le même discours (malgré son apparente approbation de la formule proposée en 2014) : pas plus de pouvoir aux leaders ! Oui, il l’a déclaré lors d’un dépôt de gerbes à Sipay Brile, en début de semaine.

 

Ce qui a eu de quoi donner des bouffées de chaleur à Paul Bérenger, qui a dit son étonnement, hier. Alan Ganoo, président du MP, a abondé dans le même sens que les Rouges : ce ne doit pas être à un leader d’«élire» un candidat mais bien au peuple. Pour le politicien, il est nécessaire qu’un consensus soit trouvé avant de proposer une réforme électorale.

 

Pour ça, il faut de la transparence et toutes les données. Et une sacrée ouverture d’esprit. En attendant que ça arrive, il faut se préparer à des semaines de discussions, de critiques politiques (et avec un peu de chance, constructives) et de supputations. Alors, une tasse de thé ?

 

Mission impossible ?

 

Une réforme électorale avant les prochaines législatives ; c’est le pari de l’alliance gouvernementale. Ce qu’a besoin la bande de Pravind Jugnauth pour en faire une réalité ? Une majorité de trois quarts. Si le Parlement a 69 élus, il faudra obtenir 52 voix pour. L’alliance MSM-ML, avec le soutien de l’OPR, compte 45 élus. Si le MMM a décidé de voter under protest – «Une réforme électorale est nécessaire. Alors même si elle n’est pas parfaite, c’est déjà un début», affirme Paul Bérenger –, les autres principaux partis de l’opposition parlementaire ne semblent pas prendre le même chemin. Pour le leader du MMM, «ça ne passera pas». Selon lui, des membres même du gouvernement préfèreraient, aussi, s’abstenir au moment du vote : «Certains d’entre eux sont en faveur du BLS.» Les principaux concernés, eux, ne veulent pas s’exprimer sur le sujet : nombreux d’entre eux (ceux qui ne participent pas aux réunions du Conseil des ministres) ne seraient même pas au courant des tenants et aboutissants de la réforme électorale.

 

Cours d’histoire

 

Le leader du MMM a expliqué les craintes autour du retrait du BLS. Selon lui, elle remonterait aux élections de 1948 : «Avec la disparition du BLS, certaines communautés craignent de ne pas avoir de représentants, même avec une bonne dose de proportionnelle. Cette crainte remonte à 1948, les premières élections générales, enfin on va dire ça comme ça : plusieurs musulmans s’étaient portés candidats et aucun n’avait été élu. Ça a créé un traumatisme, une hantise que certaines personnes ont encore aujourd’hui. En 1953, un seul candidat est élu par cinq votes. Ce qui a confirmé la crainte…»

 

Des bribes…

 

De toutes les déclarations publiques, que retient-on des contours d’une réforme électorale ? Il y aura plus de députés (trois pour Rodrigues, 12 sièges à la proportionnelle + 6 autres pour éviter tout déséquilibre), plus de candidates femmes aux élections et le seuil d’éligibilité à la proportionnelle se situera entre 7,5 et 12 % des voix.