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Quand la prolifération de la drogue en milieu scolaire inquiète

Un élève a récemment été arrêté dans l’enceinte de son collège avec un sac contenant de la drogue. Quatre autres auraient été retrouvés dans un coin de l’établissement, dans «un drôle d’état». Poussant le recteur à tirer la sonnette d’alarme. Sauf que ces cas ne seraient pas isolés. Selon les travailleurs sociaux, plusieurs types de drogue circuleraient dans le milieu scolaire. Ils nous en disent plus…

Elle touche les adultes mais aussi les plus jeunes. Elle inspire la peur. L’inquiétude. Et face à la vitesse à laquelle la drogue, synthétique notamment, se propage, un sentiment d’impuissance semble avoir gagné la population, surtout les parents et les acteurs du domaine de l’éducation depuis que de récents cas ont éclaté en milieu scolaire.

 

Lindsay Thomas, recteur du collège du Saint-Esprit, est récemment monté au créneau. Cela, après qu’un élève a été arrêté dans l’enceinte de son collège avec un sac contenant de la drogue et que quatre autres élèves auraient été retrouvés dans un coin de l’établissement, dans «un drôle d’état». Il lance un appel à l’aide aux autorités. Car selon lui, le problème s’est aggravé en une année et demie dans les collèges.

 

En effet, un jeune de 16 ans, fréquentant une State Secondary School des Plaines-Wilhems, a aussi été arrêté avec un sac contenant une importante quantité de drogue. «Zelev kouma nou mem ki dealer aster», lâche un ado de 15 ans, élève dans un star college.

 

Une enseignante qui a exercé dans plusieurs institutions secondaires confirme que le problème de drogue a pris une ampleur considérable. «Qu’importe le milieu social des élèves, le problème est présent, notamment à partir du Grade 9. C’est-à-dire vers l’âge de 14 ans. Il faudrait peut-être que les parents acceptent que leurs enfants y sont exposés et peuvent avoir des addictions. Une prise de conscience aiderait à repérer les symptômes et à trouver des solutions», avance-t-elle.

 

Ravages

 

Comme Lindsay Thomas ou encore cette enseignante, les travailleurs sociaux se disent inquiets. «La situation est beaucoup plus grave qu’on ne le pense. Le trafic de drogue se déroule désormais à l’intérieur des établissements scolaires», explique Danny Philippe, coordinateur de LEAD et membre fondateur de l’ONG Collectif Urgence Toxida.

 

Ally Lazer, président de l’Association des travailleurs sociaux de Maurice, abonde dans le même sens. «J’ai peur pour mon pays. J’ai peur face aux ravages causés par la drogue synthétique. La toxicomanie touche de plus en plus de jeunes. Le nombre de victimes ne cesse d’augmenter.»

 

Pourquoi les jeunes toucheraient-ils particulièrement à la drogue synthétique ? Selon nos recoupements, cette drogue serait plus accessible et coûterait moins cher que d’autres types de drogue. «Met ou dan mo plas bos. Ek enn poulia gandia ki vande Rs 200 ou gagn zis 3 sigaret pou fime. Ek Rs 25 ou gagn 3 sigaret sintetik. Li normal ki tou zenes pou fim samem aster parski li mari bomarse», explique un jeune de 15 ans.

 

La drogue synthétique affecte également toutes les couches sociales, assure Ally Lazer. «Beaucoup de parents viennent me voir. J’ai déjà reçu une fille de 13 ans et son frère de 10 ans, qui sont déjà dépendants à la drogue synthétique», fait-il ressortir. Danny Philippe dit aussi avoir eu affaire à des cas où des enfants sont impliqués, comme celui d’un enfant de 9 ans qui avait consommé de la drogue synthétique.

 

En outre, la drogue synthétique se féminiserait, avancent des observateurs mais aussi des étudiants. «Je connais plusieurs filles qui fument de la drogue synthétique. Elles cherchent des sensations fortes», explique une ado de 16 ans qui souligne le danger de ce type de susbtance.

 

Ainsi, la drogue de synthèse est un mélange de substances chimiques synthétiques. Celles-ci varient d’une drogue à une autre. De ce fait, il est difficile d’en connaître le contenu. Et dans beaucoup de cas, les ingrédients utilisés ne tombent, pour l’heure, sous aucune législation de la Dangerous Drugs Act.

 

Dans le cas de Kusraj Lutchigadoo, par exemple, la charge provisoire de trafic de drogue qui pesait sur lui a été rayée cette semaine,  la police n’ayant pu prouver que l’importante quantité de feuilles de thé saisie chez sa belle-mère dans le Nord et les solutions recueillies allaient servir à fabriquer de la drogue. D’où l’appel des travailleurs sociaux pour que des amendements soient apportés à la Dangerous Drugs Act.

 

Ces derniers se battent aussi pour une meilleure prise en charge médicale des victimes. «Zot plas pa dan Brown-Séquard. Bizin met an plas enn sistem pou bann zenn viktim sintetik», souligne Danny Philippe. La prise de drogue synthétique provoque des vomissements et une perte de connaissance chez le consommateur. Dans certains cas, cela peut aller jusqu’à l’overdose et la mort.

 

Alors, les travailleurs sociaux continuent de mener la lutte contre la prolifération de la drogue synthétique. Mais le combat est loin d’être gagné, confie Ally Lazer. Selon lui, la direction de plusieurs établissements scolaires continue de prôner une politique de l’autruche : «Ena boukou responsab ki prefer fer kouma dir pena nanye.»

 

Danny Philippe est de son avis. «Certains responsables organisent des causeries, par exemple, mais limitent les participants alors que les adolescents sont tous concernés. La direction du collège du Saint-Esprit est la seule à être venue de l’avant. Notre jeunesse est au plus mal. La solution, c’est l’éducation. Cela passe par la prévention», insiste le coordinateur de LEAD.

 

Ainsi, les travailleurs sociaux réclament l’application d’un Drug Master Plan. Une copie a été soumise au Prime Minister’s Office en 2017. Ce plan préconise, entre autres, des programmes de prévention auprès des enfants à partir de l’âge de 5 ans, explique Danny Philippe. «Bizin ena ousi volonte politik, renchérit  Ally Lazer. Bizin arete ek bel dialog. Finn ler pou ena aksion. Nou bizin enn vre politik prevansion striktire. Problem ladrog grav dan nou pei. Nou pe atann enn vre politik nasional ki pou kapav protez nou bann zenn ki reprezant nou lavenir.»

 

Une politique qui pourrait mettre un frein à la prolifération de la drogue, synthétique notamment, dans le pays…