• Philippe Henry : le «Perfect Warrior» nous a quittés
  • Dérèglement climatique : ces pays où le thermomètre s’affole
  • Indian Ocean Marine Life Foundation : ensemble pour protéger l'océan
  • Coussinets : attention aux petites pelotes plantaires
  • Chute mortelle à Henrietta : un jardinier tombe dans une falaise après avoir été attaqué par des «mouss zako»
  • Théâtre : Katia Ghanty fait battre des cœurs
  • Single «L’amour Vivant» : quand Kenny Conscious rencontre Caroline Jodun
  • Journée mondiale de l’asthme : éduquer pour mieux combattre
  • Yeshna Dindoyal : ma petite contribution à la lutte contre le changement climatique
  • Accidents fatals : le malheureux destin de deux jeunes partis trop tôt

Propos polémiques de Showkutally Soodhun : Menaces, dépositions et…pas de sanctions

Le vice-Premier ministre a choqué toute la classe politique et les Mauriciens, en prenant pour cible le leader de l’opposition. Film d’action, lor baz ? L’attitude de Pravind Jugnauth a, également, interpellé. Mais, dans son cas, c’est plutôt pour manque d’action…

Pravind Jugnauth, l’indélicate position

 

Panikdan baz. Qui veut prendre des décisions de Premier ministre (PM) à la place du Premier ministre ? Un peu tout le monde. Et surtout les leaders politiques de l’opposition qui demandent la révocation de Showkutally Soodhun suite à ses propos polémiques  impliquant un revolver et le leader de l’opposition (il s’agit de menaces de mort, selon le PMSD). Néanmoins, Pravind Jugnauth a décidé d’aller contre tous ces «conseils». À la sortie du Bureau Politique du MSM, il s’est – enfin ! – exprimé sur l’énième affaire Soodhun, le samedi 22 juillet. Il n’a pas exigé le départ de son vice-Premier ministre : «Ce n’est pas nécessaire. L’enquête se fera en toute transparence.» Mais il a dit regretter les propos de ce dernier qui n’étaient, néanmoins, que le résultat d’un «langage imagé». Le chef du gouvernement a également assuré qu’il a«réprimandé» son ministre.

 

Cette prise de position du chef du gouvernement ne satisfait pas tous ceux se sont indignés des «menaces» de Showkutally Soodhun. Mais elle peut s’expliquer, confie un proche du MSM : «Pravind n’a pas le choix. Soodhun est un maillon important entre Maurice et le monde arabe. Mais aussi entre le gouvernement et les musulmans, il doit avancer avec prudence.»  Le ministre du Logement et des Terres, lui, a pris l’avion, le samedi 22 juillet, pour des raisons médicales, laissant des interrogations primordiales dans son sillage. Dont la principale : pourquoi n’a-t-il pas encore été interpellé par la police ? 

 

Xavier-Luc Duval, lui, se demande si nous sommes toujours dans un État de droit. Alan Ganoo estime, comme tous les autres politiciens de l’opposition, que Showkutally Soodhun doit être sanctionné. Navin Ramgoolam et Paul Bérenger assurent que, s’ils étaient Premier ministre, Showkutally Soodhun aurait déjà pris la porte de sortie. Des observateurs politiques s’inquiètent de la tournure des événements. Nombreux sont ceux qui dénoncent le manque de leadership de Pravind Jugnauth (la prise de position de l’homme fait même débat dans son propre camp). Et des Mauriciens, sur les réseaux sociaux, clament #soodhunout. C’est un peu…panik dan baz 

 

La police : pas de commentaire 

 

La question est sur toutes les lèvres : pourquoi la police n’a-t-elle pas encore interpellée Showkutally Soodhun ? Et ce n’est pas le service de presse de la National Police Force qui apportera la réponse Il ne souhaite pas commenter l’affaire. 

 

Who is that guy ?

 

Le ministre du Logement et des Terres fait partie du cercle intime des Jugnauth. Son atout : sa loyauté infaillible. C’est ce qui a permis à celui qui était réceptionniste de gravir les échelons du MSM (il en est le président et le nº 4 du gouvernement). Pourtant celui qui a été élu pour la première fois en 1987 laisse pas mal de casseroles dans son sillage. Ces dernières années, le député du nº15 (La Caverne - Phoenix) s’est fait remarquer dans plusieurs «affaires» notamment celles concernant les relations de Maurice avec le Qatar (où il avait émis un communiqué qui ne reflétait en rien la prise de position officielle du pays). Il y aussi eu les factures qui auraient été rayées suite à ses hospitalisations à Apollo Bramwell, une demande de prêt qui a fait tiquer un homme d’affaires. Son retour à Maurice dans le jet privé d’un prince saoudien a aussi défrayé la chronique… 

 

Des plaintes et des hommes  

 

Mario Cangy, membre du PMSD, a été le premier à porter plainte à la police. Il estime que le ministre des Terres s’est rendu coupable de sédition, d’incitation à la haine raciale et d’outrage à la moralité publique. Il a donné un conseil à Showkutally Soodhun : «Avant de parler, il faut qu’il tourne sept fois sa langue dans  sa bouche.»

 

Le Dr Raja Madhewoo, ardent combattant de la carte d’identité biométrique, a lui, aussi, fait une déposition contre Showkutally Soodhun, cette semaine. Il accuse le vice-Premier ministre d’incitation à la haine raciale : «En tant que membre du Parlement, il aurait dû promouvoir la paix et l’harmonie.» Il estime que le ministre pourrait bien être «mentalement instable» et qu’il devrait, peut-être, consulter un médecin ou entamer une thérapie.

 

Le petit malaise du MSM 

 

Le vice-Premier-ministre n’avait déjà pas que des amis au sein de son parti. Et s’il n’en a perdu aucun, il a creusé quelques fossés. C’est ce qu’assure un membre du MSM : «Personne ne va lui dire ce qu’on pense, il est trop proche des Jugnauth mais franchement, il nous fait honte.» Le récent dérapage de Showkutally Soodhun embarrasse ses camarades orange. Mais aucun d’entre eux ne veut s’exprimer ouvertement. Seule Leela Devi Dookun-Lutchoomun a clairement exprimé sa désapprobation. Néanmoins, Étienne Sinatambou, lui, a minimisé les déclarations du ministre du Logement et des Terres à la sortie du Conseil des ministres, vendredi, et lors d’un point de presse, le samedi 22 juillet : «On exagère la gravité de ses propos.» 

 

Une question de stratégie ? C’est bien possible, explique un proche du gouvernement : «Il s’est offert le droit d’être le communicant du gouvernement avec ses conférences de presse qui ne riment à rien. Il continue dans la même lignée en se disant que s’il fait plaisir à Soodhun, il se rapproche de Jugnauth.» La prise de position du chef de gouvernement fait, également, tiquer au sein de son propre camp : «SAJ aurait réglé cette situation avec plus de fermeté. Pravind manque d’expérience et de poigne.»

 

Au ML, on ne prend pas de position franche. Il ne serait pas judicieux de se mettre à dos un Pravind Jugnauth qui n’est, déjà, pas de très bonne humeur, en ce moment. Et puis, parce que les écarts de langage, on connaît. Les membres de ce parti ne peuvent oublier les perles d’Anil Gayan, qui a, pour une fois, fait preuve de sobriété en affirmant que Showkutally Soodhun aurait pu faire l’économie de ce genre de déclaration. Néanmoins, à demi-mot, un membre de ce parti confie : «Je crois qu’il a dépassé les limites de l’acceptable. Et plusieurs fois. Maintenant est-ce que ça veut dire qu’il est un boulet au sein de ce gouvernement ? Je ne m’avancerai pas.»

 

Ce qu’il a dit…

 

Il en rajoute une couche.Le vendredi 21 juillet, à la mairie de Vacoas, après plusieurs jours de polémique, Showkutally Soodhun prend la parole et «rassure» Xavier-Luc Duval : «Je lance un appel à mo frer Xavier : qu’il se rassure, il n’a rien à craindre, il n’a pas à avoir peur de moi.» Il explique : il n’a jamais «touy enn poul», n’a pas, non plus, «joué avec un fusil à eau», ou sonné des pétards. À qui revient la faute de ses propos polémiques ? À sa bouche, tout simplement : «Mo pa enn move dimounn. Me parfwa mo pa kontrol mo la bouss kan koze.» Il s’est dit affecté par la démarche du leader de l’opposition d’avoir porté plainte contre lui :  «Il doit comprendre que je suis vraiment blessé. J’ai été bien affecté le jour où il a insulté le roi Salman.»

 

Haut les mains. C’est en début de semaine que le ministre du Logement et des Terres a été pris en flagrant délit de n’importe quoi. Il a lancé face à une assemblée : «Si mo bodyguard donn mwa so revolver, mo ti pou touy Xavier Duval dan Parlman. Mo touy li. Samem ki apel djihad.» Showkutally Soodhun affirme, également, qu’il a été blessé par les propos dégradants de Xavier-Luc Duval au Parlement, concernant l’Arabie saoudite (le principal concerné affirme que tout ça est faux). Une vidéo filmant cette allocution a été mise en ligne par TOP FM et a fait le tour des réseaux sociaux. 

 

Ce qu’a répondu Xavier-Luc Duval 

 

Toujours «fass» !  Xavier-Luc Duval estime que le ministre des Terres n’a pas sa place au Parlement. Il l’a dit lors de son point de presse, le samedi 22 juillet : «Notre pays mérite de meilleures personnes.» Il s’étonne que Showkutally Soodhun n’ait pas encore été interpellé : «N’importe quel personne qui aurait tenu ce genre de propos aurait déjà été traduit en cour.» Selon lui, il y a «quatre grands perdants» dans cette affaire : «Le premier, c’est Soodhun. Le second, Pravind Jugnauth. Et le troisième, le commissaire de police. Et finalement, l’État de droit à Maurice.» Pour lui, le Premier ministre «a peur de Soodhun» : «C’est dangereux qu’un Premier ministre ne prenne pas de sanctions. C’est l’anarchie.»

 

Une déposition, une.Le vendredi 21 juillet, le leader de l’opposition a porté plainte contre le ministre du Logement et des Terres. Pour lui, cette «menace de mort» est «inacceptable» : «Surtout dans un pays paisible comme Maurice. Il m’a diffamé. Ses paroles incitent surtout les groupes d’extrémistes qui existent à Maurice à commettre des actes de violence.»

 

Des réactions…

 

Paul Bérenger : «Une honte»

 

Lors de sa conférence de presse hebdomadaire, le  samedi 22 juillet, Paul Bérenger a fait le point sur l’actuelle affaire Soodhun : «C’est inacceptable! Soodhun a dérapé et la police aurait dû le convoquer tout de suite (…) C’est une honte qu’il soit toujours ministre. Et c’est comme s’il quitte le pays avec la bénédiction de Pravind Jugnauth.» 

 

Navin Ramgoolam : «Manque de leadership»

 

Il craint un cover-up. D’ailleurs, estime Navin Ramgoolam, cela a déjà lieu. Si ce n’était pas le cas le ministre du Logement aurait déjà été interpellé par la police. «C’est une honte que le commissaire de police n’ait pas procédé à l’arrestation de Showkutally Soodhun.» Pour le leader du PTr, qui s’exprimait à la sortie du BP des Rouges, le vendredi 21 juillet, ce dernier aurait déjà dû être révoqué : «Mais il y a un manque de leadership dans ce pays.»

 

World Muslim Scholars-International : «Du tort à la communauté musulmane»

 

La branche mauricienne du Council of the World Muslim Scholars-International a demandé, par le biais d’un communiqué, à Showkutally Soodhun  de s’excuser pour avoir utilisé le terme «djihad» lors de ses propos polémiques :«Les propos de ce politicien ont fait du tort à la communauté musulmane.»