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Polémique autour du milliardaire Sobrinho : la délicate position de Pravind Jugnauth

Le Premier ministre a apporté son soutien à Ameenah Gurib-Fakim et à l’ONG Planet Earth Institute dont Alvaro Sobrinho est un «trustee».

L’affaire n’égratigne pas seulement la présidente de la République et l’image de Maurice. Elle n’épargnerait pas le nouveau Premier ministre non plus…

Un coup de bol. Il aurait pu y croire. Que l’attention soit focalisée sur la présidente de la République, suivant sa proximité avec le Dr Alvaro de Oliveira Madaleno Sobrinho, «the prominent Angolan investor and recognised philanthropist», comme publié sur le site web de Planet Earth Institute (PEI), lui a donné quelques heures de répit. 

 

Néanmoins, dans le sillage de cette affaire qui prend ses racines au Portugal, dans le contexte d’un scandale financier où l’homme d’affaires est accusé de blanchiment d’argent (voir hors-texte), le tout nouveau Premier ministre n’a pas tardé à être rattrapé par le vent de la polémique provoquée par cet homme venu d’ailleurs. Pravind Jugnauth serait dans une position délicate et, selon des sources qui lui sont proches, il se serait lancé dans une opération de damage control.

 

La présidente, elle, refuse de s’exprimer sur la question (nous avons tenté de la joindre à plusieurs reprises), à l’exception d’une allocution télévisée – demandant que toute la lumière soit faite sur cette affaire. Au sein du PEI (où elle occupait la vice-présidence jusqu’à obtenir le titre de «Patron of the PEI»), elle a côtoyé le Dr Alvaro de Oliveira Madaleno Sobrinho. Lui était le Chairman de cette ONG qui prône la «scientific independence for Africa» jusqu’à un récent remaniement du board de l’association (il officie toujours en tant que «trustee»). 

 

«Que des allégations» 

 

Cependant, Ameenah Gurib-Fakim préfère garder le silence à ce sujet. Et, sur la décision de la Financial Services Commission (FSC) de fournir à l’Angolais une Investment Banking and Corporate Advisory License – entre autres permis – pour qu’il opère un fonds d’investissement (alors que la Banque de Maurice avait rejeté sa demande pour une banking licence à la suite de vérifications sur sa personne). 

 

Une autre déclaration très attendue dans le sillage de cette affaire qui ternit l’image de Maurice sur le plan international –selon Roshi Bhadain, Xavier-Luc Duval et Paul Bérenger (qui ont animé des conférences de presse à ce sujet) – était celle de Pravind Jugnauth. Et le Premier ministre s’est exprimé à la fin de la réunion du bureau politique du MSM. 

 

Il a appelé à la responsabilité de ceux qui «éclaboussent» la présidente de la République qu’il n’a pas lâchée. «Il y a des insinuations et des choses ki dimounn pe rod fer krwar. Ce ne sont que des allégations.» Ameenah Gurib-Fakim et lui ont évoqué l’affaire mais il n’a pas souhaité en dire plus. D’ailleurs, a-t-il expliqué, le PEI est une «ONG sérieuse» qui a son soutien, car «li fer kitsoz pou la sosiete». «Jusqu’à preuve du contraire, tout ça ce ne sont que des allégations».

 

Plus tôt, c’est Paul Bérenger, leader du MMM, qui s’est exprimé sur cette affaire, affirmant que la FSC n’a pas fait son devoir d’enquête avant de remettre des licences à Alvaro Sobrinho et recentrant le débat autour du Premier ministre. Le leader des mauves a parlé de «financial crime contre Maurice» perpétré par Pravind Jugnauth et son secrétaire financier et aussi Chairman de la FSC, Dev Manraj (une double casquette que Paul Bérenger a décriée). Pour le chef de file du MMM, c’est vers ces deux personnes que devraient se porter tous les regards. «Le point de départ c’est le discours budgétaire de 2016.»

 

Pravind Jugnauth, ministre des Finances, annonce la mesure suivante : « (…) Companies with the following licences issued by the FSC will be provided with a 5-year tax holiday: (...)(d) an ‘Investment Banking and Corporate Advisory License’ (...). »

 

Tenant compte de la mention d’une Investment Banking and Corporate Advisory License, Paul Bérenger estime que Pravind Jugnauth a limité les prérogatives de la Banque de Maurice (BoM), qui octroie les licences bancaires, en faveur de la FSC. Ce qui a permis, en novembre 2016, à l’homme d’affaires angolais d’obtenir celle de la FSC (qui s’est exprimée au moyen d’un communiqué, voir hors-texte). 

 

Le leader du MMM parle même de préméditation. Pravind Jugnauth, lui, répond aux accusations de façon laconique : «Il n’y a eu aucun transfert de licences. La BoM est un institut régulateur qui octroie des licences. La FSC en octroie aussi.» Un de ses proches nous dira que Paul Bérenger n’a rien compris. «Ce sont des licences qui existaient déjà sous la FSC. Pravind Jugnauth n’a pas donné un nouveau pouvoir à la commission au détriment de la BoM.»Néanmoins, des changements ont été prévus par le Finance Act de 2016 où on peut lire : «An application for an Investment Banking Licence shall be made in such form and manner as may be specified in FSC Rule (…)»

 

Au-delà des propos de Paul Bérenger c’est au sein même de son gouvernement que le leader du MSM doit jouer aux pompiers. Néanmoins, pour se dédouaner, sans pour autant accabler la présidente de la République et son partenaire qui l’a identifiée pour ce poste, le ML, il faut mettre en place une stratégie. 

 

«Il ne fera pas les choses comme SAJ, il va user de diplomatie», explique un de ses proches.Quel sera son modus operandi pour sortir de ce marasme ? Difficile de le savoir. D’un côté, Anil Gayan, ministre du Tourisme et membre du ML, estime qu’il n’y a pas de polémique Sobrinho, que la FSC a agi dans la légalité. 

 

De l’autre, Sudhir Sesungkur, ministre de la Bonne gouvernance, a mis en doute… la bonne gouvernance de la commission. Au milieu de ces tirs croisés visibles (il y en aurait d’autres dans les coulisses), il y a le Premier ministre qui doit, en plus, sauver ses propres meubles. Pas de bol ! 

 

 

Quand la FSC se défend…

 

…ça donne un communiqué (publié le 2 mars) avec plusieurs points à retenir. 

 

Plusieurs permis, d’août 2015 à septembre 2016, ont été demandés par le Dr Sobrinho à la FSC au nom de son entreprise «AS African Asset Management Ltd (formerly known as Alvaro Sobrinho African Asset Management Limited», précise le communiqué.

 

Les précisions de la FSC : (1) à la suite de ces demandes tous les documents nécessaires ont été fournis, (2) une enquête a été faite mettant en lumière une affaire de détournement de fonds mais l’État angolais avait pris la décision de ne pas poursuivre Alvaro Sobrinho, (3) la FSC a donc délivré les licences demandées cependant, d’autres informations, concernant une accusation de blanchiment d’argent au Portugal, ont poussé la commission à demander à la société de l’homme d’affaires de suspendre ses activités et de fournir des explications. 

 

Vous pouvez consulter le document dans son intégralité sur le lien suivant : http://bit.ly/2mDd6qF.

 

Ce qui est reproché au milliardaire ?

 

2011. Alvaro Sobrinho est en charge de la Banco Espirito Santo Angola. La justice portugaise s’intéresse à lui : il est soupçonné de blanchiment d’argent et d’évasion fiscale. Néanmoins, le procureur portugais, Orlando Figueira, abandonne les charges. Changement de gouvernement au Portugal et en février 2016, le procureur est interpellé par la National Unit for Combating Corruption. De graves allégations de corruption pèsent sur lui notamment concernant un pot-de-vin qu’il aurait reçu afin de rayer les charges contre le Dr Sobrinho. 

 

Petits avantages entre amis.

La rumeur circule à Maurice. Alvaro Sobrinho aurait offert de somptueux cadeaux à des personnalités du pays.

 

Du côté de l’opposition…

 

MMM. Paul Bérenger n’a pas mâché ses mots lors de son point de presse hebdomadaire. Pour lui, la FSC, Pravind Jugnauth et son secrétaire financier et chairman de la commission devront rendre des comptes à la population. Si Roshi Bhadain ou encore Ameenah Gurib-Fakim ont des explications à fournir, c’est le tandem des Finances qui est responsable de ce scandale. Pour lui, le communiqué de la FSC est«bidon». Il a réclamé la démission du ministre de la Bonne gouvernance qui n’aurait pas dû être ministre à la base. Le leader du MMM a annoncé qu’il enquête sur une autre affaire quasi-similaire. 

 

Le PMSD.  Le leader de l’opposition a demandé à la présidente de la République de s’exprimer. «La présidente de la République a le devoir moral de venir tout expliquer.» Il a ajouté que quelque chose ne tournait pas rond au sein du gouvernement, citant en exemple les divergences d’opinion entre le ministre Sesungkur et la FSC. 

 

Reform Party. Roshi Bhadain a défendu son conseiller Akilesh Deerpalsing après la sortie du ministre de la Bonne gouvernance, Sudhir Sesungkur. «Il accuse Akilesh Deerpalsing d’avoir aidé Alvaro Sobrinho à obtenir son permis de la FSC. Ce qui est totalement faux. » Il a nié toute implication dans l’octroi des permis. Lors de son point de presse, il a accusé Sudhir Sesungkur d’avoir détourné des fonds. Ce que ce dernier a démenti. 

 

Mouvement Patriotique. Alan Ganoo a commenté l’affaire Sobrinho et est revenu sur le rôle de la présidente de la République. «La Constitution est claire. La présidente ne doit occuper aucun poste. Elle représente l’État mauricien même dans sa vie privée. Elle aurait dû refuser ces postes au sein du PEI.»