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Poignardée par son époux : Viviane Louise, 53 ans, raconte l’enfer de la violence conjugale

Elle subit les coups de son mari depuis des années. Pendant 33 ans précisément. Il y a quelques jours encore, Viviane Louise, une femme de ménage de 53 ans, a failli y laisser la vie. Elle se retrouve avec une profonde blessure au rein après avoir été poignardée par son époux violent, qui serait porté sur la bouteille. Cela, alors même qu’elle a bénéficié de plusieurs Protection Orders durant ces cinq dernières années. Un morceau de papier qui n’a pas empêché Jean-Yves, un pêcheur de 53 ans, de s’acharner une fois de plus sur elle.

 

Le mercredi 17 octobre, celui-ci a comparu en cour de District de Bambous sous une charge provisoire de tentative de meurtre. Et a été reconduit en cellule, la police ayant objecté à sa remise en liberté. Sa prochaine comparution est prévue pour le mercredi 24 octobre.

 

C’est avec tristesse et douleur, une souffrance physique, morale et aussi  émotionnelle, que la quinquagénaire revient sur le terrible calvaire qu’elle a subi au sein même de son foyer. Un supplice qui met en lumière tous ces cas de violence conjugale où des femmes ont bénéficié d’un ou de plusieurs Protection Order/s, sans que cela n’arrête leur bourreau.

 

Mercredi 17 octobre, aux alentours de 13h30, à Rivière-Noire. Une seule histoire est sur toutes les lèvres. Celle de Viviane Louise. La veille, cette dernière a reçu un coup de couteau au rein des mains de son époux. D’ailleurs, des éclaboussures de sang sont encore visibles sur le palier de la porte de la maison et sur les escaliers qui mènent au premier étage, chez Gary, le fils  du couple. Celles-ci témoignent du calvaire vécu par la quinquagénaire. Nous rencontrons quelques-uns de ses proches mais ils peinent à parler des événements de la veille. Ils semblent tous inquiets…

 

Le lendemain, nous sommes allés voir Viviane Louise sur son lit d’hôpital, à Candos. Elle a perdu beaucoup de sang et sa blessure a nécessité trois points de suture. Si Viviane Louise est hors de danger, la peur se lit sur son visage. Car si son époux a été placé en état d’arrestation, mardi soir, soit durant les heures qui ont suivi son agression sanglante, la quinquagénaire appréhende sa sortie de prison. Elle nous fait le récit du cauchemar qu’elle ne veut plus vivre.

 

Le mardi 16 octobre, après une journée au travail, Viviane rentre chez elle. «J’entendais la musique qui jouait à fond chez moi, au rez-de-chaussée, et j’avais deviné que mon époux devait être ivre. Pour éviter les disputes, je me suis rendue chez mon fils, qui vit au premier, pour regarder un feuilleton.» Quelques minutes plus tard, alors qu’elle est assise sur le canapé, elle est surprise par un bruit. «Je suis descendue et j’ai vu mon mari qui déplaçait un haut-parleur à l’extérieur. Je lui ai demandé ce qu’il faisait mais il ne m’a pas répondu. Il s’est tout de suite rendu dans la pièce d’à côté, s’est emparé d’un couteau et a couru après moi», confie-t-elle, difficilement. «Je courais vers la maison de mon fils pour m’y réfugier mais il m’a assené un violent coup à un rein alors que j’étais encore dans les escaliers. Lorsque j’ai constaté que je saignais abondamment, j’ai appelé ma belle-fille pour qu’elle m’apporte une serviette.»

 

«Ce n’est pas la première fois...»

 

Prise de panique, cette dernière contacte le fils de la quinquagénaire, Gary, qui se trouve à une veillée mortuaire. Il débarque sur place accompagné de policiers. Après leur avoir donné sa version des faits, Viviane est conduite à l’hôpital dans la voiture d’un neveu.

 

Ce n’est pas la première fois que la quinquagénaire est victime de violence conjugale. Cela fait 33 longues et pénibles années que cette situation perdure. Soit depuis le début de leur relation. «Mon époux avait déjà un penchant pour la bouteille mais il n’a jamais eu la volonté de se faire aider. Li sorti travay boner lerla li bwar. Quand nous venions de nous marier et d’emménager ensemble, il levait souvent la main sur moi. Mais je ne l’avais pas quitté car je pensais qu’il changerait.» Sauf que la situation a dégénéré lorsque les enfants du couple ont fait leur vie et sont partis vivre chacun de son côté, il y a quelques années.

 

«Du jour au lendemain, tout a basculé.» Les disputes devenaient plus fréquentes et violentes. «Ce n’est pas la première fois que je suis agressée au couteau. Il y a quelques années, il m’avait blessée à la tête. Il a aussi déjà tenté de m’ébouillanter. Mais à chaque fois, il passait la nuit en détention et rentrait le lendemain après avoir payé sa caution. Et les disputes reprenaient de plus belle.»

 

À bout, Viviane Louise réclame un Interim Protection Order auprès de la police, il y a cinq ans et se sépare de son époux. Mais tous deux vivent sous le même toit puisque «la maison nous appartient à tous les deux. Je suis celle qui paie toutes les factures et il ne veut pas s’en aller», se désole-t-elle. «Il est «hors de contrôle». Il n’a peur de personne. Même si mon fils ne vit pas très loin, je ne veux pas lui demander de m’aider et de me défendre à chaque fois parce que je crains qu’il lui fasse du mal. Il s’en est même déjà pris à ma belle-fille parce qu’elle me défendait.»

 

Si elle a bénéficié de plusieurs Protection Orders, cela ne l’a pas aidée, assure-t-elle. Alors, il lui est arrivé, à de nombreuses reprises, de fuir la maison pour échapper à son bourreau. «Vu que je ne peux pas compter sur la police, j’ai souvent dû aller me réfugier dans un centre pour femmes battues à Bambous, ou passer le week-end chez des amis. Cela fait plusieurs années que je ne passe même plus Noël ou le Nouvel An chez moi car je sais comment cela va se terminer une fois qu’il aura bu. Ou kone kiete sa kan ou bizin pas enn le 31 desam lwin ek ou fami ?»

 

Mais aujourd’hui, Viviane n’a plus envie de fuir. «Combien de temps cette situation va-t-elle durer ? Va-t-il être libéré sous caution à chaque fois et continuer à me mener la vie dure ? Je risque ma vie en restant sous le même toit. J’ai même tenté de l’emmener chez un médecin pour qu’il se fasse soigner mais ce dernier m’a fait comprendre qu’il ne pourrait rien faire si Jean-Yves  n’avait pas de volonté. Au final, c’est moi qui en souffre.»

 

Alors elle compte sur l’aide des autorités pour pourvoir enfin rentrer chez elle sans craindre de subir des coups.

 


 

Le Police Press Office : «C’est à la magistrate de décider du sort de l’accusé»

 

Il lui était interdit de lever la main sur elle. Pourtant, Jean-Yves Louise a agressé son épouse Viviane, bien que cette dernière ait bénéficié de plusieurs Protection Orders au fil de ces cinq dernières années. Pourquoi n’a-t-il donc pas obtenu de sentence plus sévère à chaque fois qu’il ne respectait pas les conditions du Protection Order ?

 

En effet, la victime affirme que son époux a toujours recouvré la liberté après avoir passé une nuit en détention. Et à chaque fois qu’il remettait les pieds à la maison, les agressions reprenaient de plus belle.

 

Un préposé du Police Press Office nous affirme que, dans ce cas précis, «les forces de l’ordre n’ont pas manqué à leur tâche en procédant à l’arrestation de l’époux de la quinquagénaire à chaque fois que celle-ci portait plainte. Cependant, il est ensuite de la responsabilité du judiciaire de décider du sort de l’accusé, de déterminer si la liberté conditionnelle sera accordée à son mari après sa comparution en Cour. Et c’est ce qui s’est passé dans le cas de Jean-Yves Louise.»  Toutefois, maintenant qu’il a récidivé, «la magistrate a objecté à sa remise en liberté et devra prendre en considération toutes les précédentes plaintes pour violence conjugale qui pèsent sur lui avant de donner son verdict, le mercredi 24 octobre. En attendant, l’enquête se poursuit».