Qui plombe qui ? Alors que Roshi Bhadain aurait préféré une opposition unie, certains militants rêvent, eux, d’un autre candidat. Les Rouges ne sont pas tous sur la même longueur d’onde. Et les Bleus ont décidé d’affronter, seuls, une élection (ça change !). Le MSM, lui, cultive le flou et get sinema. Bienvenue au feuilleton «En attendant la partielle de Belle-Rose-Quatre-Bornes».
PTr : révélations, élection et divergences d’opinion…
Le clou de girofle dans le salmi. L’elaiti dans le briyani. La cannelle dans le cari. Ces épices sont nécessaires, n’empêche qu’il est désagréable de croquer dedans, surtout quand on est lancé dans une vague de gourmandise. Au PTr, les croustillantes révélations du businessman Rakesh Gooljaury, lors du procès intenté à Navin Ramgoolam dans l’affaire Roches-Noires (voir hors-texte), feraient le même effet : «La candidature d’Arvin Boolell nous avait relancés. Nous avions marqué des points. Je pense qu’avec ces derniers événements nous en perdons un peu», confie un membre du PTr, plus proche de Boolell que de Ramgoolam.
Néanmoins, l’idée de ce calcul ne serait pas partagée par tous les Rouges. Le procès n’entache en rien l’image de l’ancien Premier ministre. Et le candidat Labour à la partielle du nº18 n’aurait pas le soutien de tous. Les die-hard du leader du PTr au premier plan. Notre interlocuteur fait partie de ce groupe : «Il a dit son ambition d’être leader du PTr ; c’est un problème. Il faut que nous fassions bloc derrière Navin Ramgoolam».
Légitime
Les souhaits assumés d’Arvin Boolell feraient grincer des dents à certains. Alors que d’autres n’apprécieraient pas le fait qu’on lui ait demandé de quitter sa circonscription (Rose-Belle–Vieux-Grand-Port) pour le nº 18 : «S’il perd, sera-t-il décrédibilisé et sera-t-il, de facto, obligé de revoir ses ambitions à la baisse ? C’est ça que Ramgoolam veut provoquer, faire tomber son légitime successeur ?» se demande un jeune du Labour.
Le jeune homme attend une sorte de Narvind, parfait hybride qui pourrait réconcilier le PTr. Car il y a, visiblement, plusieurs écoles de pensées qui vivotent – en apparence paisiblement – au sein du PTr. Parmi, celle qui pense que Navin Ramgoolam est indétrônable. D’ailleurs, notre interlocuteur, proche de Ramgoolam, estime que son chef de file est encore plus populaire qu’avant. Les «palab» du procès, dit-il, n’ont rien changé à la donne : «Tous les cases contre lui ont été rayés (NdlR : il va vite en besogne !). Il est accessible, présent sur le terrain. Les gens le cherchent l’acclament. Il sait très bien où il sera lors des prochaines législatives.» Il vaincra clou de girofle, elaiti et cannelle… Parole de die-hard !
Les révélations de Rakesh Gooljaury
C’est quoi ce procès ? Navin Ramgoolam et Dev Jokhoo, ex-patron du National Security Service (NSS), ainsi que Rampersad Sooroojebally, ex-responsable de la VIPSU, deux anciens hauts gradés de la police, sont poursuivis dans l’affaire Roches-Noires.
Que s’est-il passé dans la nuit du 2 au 3 juillet 2011 ?Un vol aurait été commis dans le bungalow de l’ancien Premier ministre qui se trouve à Roches-Noires alors qu’il s’y trouvait.
Qu’est-ce qui est reproché au leader du PTr ? Il est poursuivi pour entente délictueuse. Il est accusé d’avoir fait de sorte que Rakesh Gooljaury consigne une fausse déclaration à la police.
Qu’a dit Rakesh Gooljaury ?Qu’il était présent ce jour-là au campement et qu’il assistait à une fête. Nandanee Soornack y était également. Il dit être rentré chez lui à St-Pierre vers 23h30. Puis à 2 heures du matin, il aurait reçu un appel de la femme d’affaires lui demandant de revenir. Sur place, il aurait appris que Navin Ramgoolam et Nandanee Soornack étaient au lit quand ils ont surpris un homme en train de les épier. Il y aurait eu altercation, l’ancien Premier ministre aurait été blessé par un tournevis. Nandanee Soornack aurait donné Rs 20 000 à l’homme qui aurait pris la fuite. Les hauts gradés de la police sont arrivés après lui. Après discussion, Rakesh Gooljaury aurait accepté de faire un statement pour dire qu’il était seul au bungalow lorsque le vol s’est produit.
Des incohérences ?L’avocat de Navin Ramgoolam, Me Gavin Glover, a relevé plusieurs points dans le témoignage de Rakesh Gooljaury. Parmi, le fait qu’il n’y aurait eu aucun appel de Nandanee Soornack sur le portable de l’homme d’affaires. Et que, contrairement à ses dires, il ne se trouvait pas à Saint-Pierre mais à Lallmatie à 02h03, à Quartier-Militaire à 02h04, à Coco-Beach à 02h12, et à Poste-Lafayette à 02h20.
What next ? Le procès se poursuivra le 21 juillet.
Roshi Bhadain : des millions et des déceptions
19 déplacements en 24 mois. Somme dépensée : Rs 7,9 millions. Un chiffre qui a de quoi affoler les supporters de Roshi Bhadain. Le leader du Reform Party, qui a lancé les réjouissances politiques au nº18 à la suite de sa démission comme député, aurait pu faire sans le dévoilement de ce montant par l’actuel ministre de la Bonne gouvernance, Sudhir Sesungkur, au Parlement. Surtout que sa réélection semble être compromise. Un de ses proches collaborateurs affirme, néanmoins, que la population a sûrement compris que l’argent a servi à l’avancement du pays. «Il est parti en mission à chaque fois. Ce n’était pas pour le plaisir mais pour travailler pour Maurice.»
Au chapitre des révélations, Akilesh Deerpalsing, le fidèle lieutenant de Bhadain, n’a pas été épargné. Il aurait touché Rs 7 295 977,66 quand il était Senior Adviser. Affirmation qu’a démentie le principal concerné.
Candidats : «ki news»?
Dhanesh Maraye adoubé.Lors d’un point de presse du PMSD, le samedi 13 juillet, Dhanesh Maraye, 42 ans, a été officiellement présenté à la presse. L’homme, expert-comptable de formation, qui était très présent au nº18 ces derniers temps, sera donc le candidat du PMSD à cette partielle. C’est en ces termes que le décrit son leader, Xavier-Luc Duval : «C’est un jeune visionnaire, humaniste et proche du peuple. Il représente, avec les jeunes, l’avenir du pays». Le chef de file des Joe a également dit la motivation de son parti pour remporter les élections, parlé de PMSD en marche et démenti un rapprochement avec le PTr. De son côté le candidat Bleu, habitant de Quatre-Bornes, marié et père de deux enfants, a partagé, dans les grandes lignes, les mots qui feront sa première campagne axée autour de l’incompétence du gouvernement, la drogue et la pauvreté : «C’est l’heure de rassembler et non de diviser. Le PMSD peut faire la différence. Nous sommes là pour la jeunesse mauricienne».
Pramode Juddoo, family affairs. Étrange calcul que celui de cet économiste ! Il a annoncé qu’il sera candidat indépendant au nº18 alors que sa nièce (la fille de son frère) est le porte-drapeau du MMM pour cette partielle. S’il n’a pas été tendre envers Nita Juddoo, il estime que ça fait partie du political game, «Chacun a son opinion. Elle fait partie du MMM et moi, je suis candidat indépendant. Chacun mènera sa campagne et on verra les résultats.»
Au niveau de l’alliance gouvernementale, c’est toujours le flou. La bande à Jugnauth présentera-t-elle un candidat ? Mystère !
MMM : Le calme après la tempête ?
Les réfractaires semblent être rentrés dans les rangs. Si, la semaine dernière, l’annonce de la candidature de Nita Juddoo à l’élection partielle du no 18 avait soulevé incompréhension et colère chez plusieurs membres de la régionale, Paul Bérenger a visiblement réussi à les convaincre de se montrer plus conciliants. Bien que la réunion de la régionale, qui a eu lieu le lundi 10 juillet dans la circonscription de Belle-Rose–Quatre-Bornes ait été houleuse, les membres se sont finalement alignés sur la décision du comité central qui avait voté à l’unanimité en faveur de la candidature de Nita Juddoo.
«Les choses sont rentrées dans l’ordre. Certes, il y a toujours des mécontents mais ils sont un petit groupe. Lors de cette réunion, Vijay Makhan a lui-même pris la parole pour dire qu’il s’est désisté en faveur de Nita Juddoo», explique l’un des membres de cette régionale. Désormais, poursuit ce dernier, tous attendent que la candidate descende sur le terrain. Elle devrait, dit-il, être officiellement présentée lors d’une des prochaines régionales. «On attend aussi un autre nouveau venu. Il s’agit du médecin annoncé par le leader, soit le Dr Pavaday, qui va officiellement intégrer la régionale du no 18», souligne un autre interlocuteur.
De son côté, le leader des mauves a animé sa conférence de presse hebdomadaire hier, samedi 15 juillet, avec à ses côtés la dernière arrivée. Paul Bérenger n’a pas caché sa fierté quant à la candidature de Nita Juddoo. «Ils ont déjà commencé à travailler dans la circonscription même si la course n’a pas vraiment commencé parce que le Writ of electionn’a pas encore été émis», a déclaré Paul Bérenger en disant souhaiter que cela se fasse le plus vite possible.
Si Nita Juddoo a fait ses premiers pas au-devant de la scène, le leader du parti compte bientôt présenter d’autres «jeunes» qui ont rejoint récemment les rangs du MMM. Ce sont, dit-il, des professionnels de haut niveau qui «donneront un bon coup de main lors de l’élection partielle». Demain, a-t-il ajouté, le bureau politique se rencontrera pour constituer un campaign committee pour la circonscription no 18.