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Metro Express : les habitants entre incertitude et angoisse

Shirley Lebon, Sarah Diyal et Suzette Christophe de Barkly sont toutes  inquiètes face à l’avenir.

Pour faire place à ce projet, plusieurs sites devront être rasés. Outre des espaces commerciaux, des zones résidentielles sont concernées. Ce qui se prépare va sans aucun doute changer le quotidien des habitants qui se trouvent sur le tracé. Quand ? Comment ? Ils se disent dans le flou.

Face. Un projet de métro présenté par le gouvernement comme une grande avancée pour le pays, gage de la modernisation. Pile. Des Mauriciens dans le flou, inquiets de ce qu’il adviendra de leur localité, de leur maison et de leur quotidien. Depuis le dévoilement en grande pompe, le vendredi 10 mars, du projet Metro Express, celui-ci est sur toutes les lèvres. Le tracé indique que plusieurs endroits devront être évacués avant d’être rasés pour que les travaux puissent commencer. 

 

Le métro ralliera Curepipe à Port-Louis en traversant les trois autres villes. À Beau-Bassin/Rose-Hill, plusieurs sites seront détruits afin de faire place à la zone tampon : Arab Town, la promenade Roland Armand le long de la rue Vandermeersch, le jardin Bijoux mais aussi le jardin d’enfants et le terrain de basket-ball de Barkly. Pour le moment, aucun habitant résidant à proximité de ces deux lieux de détente n’a reçu de correspondance des autorités l’informant qu’il est concerné d’une manière ou d’une autre par ce plan d’évacuation. 

 

 

Assises devant leurs maisons, Shirley Lebon, Sarah Diyal et Suzette Christophe ressassent depuis plusieurs jours les mêmes questions. Pour le moment, elles n’ont des renseignements qu’à travers les médias. «Nous savons que le jardin et le terrain de basket seront transformés en une gare», lance l’une d’elles. 

 

Comme ces espaces se trouvent à quelques mètres de leurs demeures, les trois femmes se demandent ce qu’il en adviendra. «Nos maisons se trouvent à l’entrée de la cité. Le métro devra passer devant nos portes et comme le chemin n’est pas immense, ils vont certainement devoir l’agrandir. Que va-t-il se passer pour nous dans ce cas ?» se demande Sarah Diyal. 

 

Relogement ou pas, le Metro Express aura une répercussion certaine sur leur quotidien. «Qu’en sera-t-il de notre sécurité, de nos enfants ? Le van d’école vient chaque matin les récupérer devant nos portes. Pourra-t-il encore le faire ? Y aura-t-il suffisamment de place pour la route et le métro ?» s’inquiète Suzette Christophe. Ces derniers jours, c’est le principal sujet de conversation. Face au «manque d’information», ces femmes n’ont d’autre choix que d’attendre les prochains développements. 

 

Chaque après-midi, les joggeurs arpentent la promenade de Vandermeersch, lieu emblématique des villes sœurs. Krish, un pensionnaire, vit juste à côté depuis des années. Bientôt, la promenade Roland Armand ne fera plus partie du paysage. Loin d’en être inquiet, il accueille le Metro Express comme une bonne nouvelle. «Nous n’avons pas le choix. De toute façon, pour moi, c’est du positif. Il y aura plus de mouvements par ici puisque le métro léger passera devant ma porte.»

 

Un peu plus loin, à Richelieu, où transitera le Metro Express et où sera aussi créé un centre de dépôt, les habitants sont plutôt sceptiques. Ceux qui habitent à proximité de l’ancienne voie du chemin de fer n’ont aucune information quant aux développements que l’on s’apprête à commencer dans leur région. Vont-ils être délogés ? 

 

«Nous n’en savons rien. Nous avons entendu dire que certaines personnes à Cité Richelieu ont reçu des avis d’évacuation mais nous ne savons pas qui exactement»,lance un résidant. À la question : «Avez-vous entendu parler du Metro Express à Richelieu ?», tous répondent par la négative. «Tout ce que nous savons jusqu’ici, nous l’avons appris dans les journaux ou à la radio, mais nous sommes dans le flou», ajoute un autre résidant de la cité. 

 

Le flou semble persistant chez les résidants des régions qui seront touchées par le Metro Express. À Vacoas, notamment à la route Sadally, tout le monde est dans l’expectative. Ceux qui vivent à proximité du tunnel, l’ancien passage destiné aux trains à l’époque, sont sur le qui-vive depuis que le tracé du métro léger a été dévoilé. 

 

«Des vibrations et du bruit»

 

Satidanund et Devi Ramchurn, des vendeurs de légumes, vivent depuis au moins 30 ans à l’angle de la route Sadally et la route du Sucre. Le tunnel, évoqué comme le passage prévu pour le métro léger, se trouve juste au-dessus de leur maison. L’angoisse les gagne un peu plus chaque jour. «Nu la tet fatige ar tousala», lance Satidanund. Si le couple n’a reçu aucune lettre jusqu’ici, il se demande quelles seront les répercussions de l’installation du métro à une distance si rapprochée de sa maison. «Notre maison va-t-elle supporter cela ? Qu’en sera-t-il des vibrations et du bruit ?» s’interroge Devi. 

 

Dans la localité, l’inquiétude se lit sur le visage de ceux qui vivent sur les terres de l’État. Depuis quelque temps, la rumeur que des lettres d’évacuation ont été remises par les autorités alimente les interrogations. Une habitante, qui a préféré garder l’anonymat à cause de son emploi dans la fonction publique, se dit très inquiète. Plusieurs membres de sa famille ont construit leurs maisons en bordure de route, sur une parcelle de terre pourtant considérée comme crown land. «Ma famille habite sur ce terrain depuis des années. Cela fait 17 ans que j’habite ici», dit-elle. Comme beaucoup d’autres, elle se demande ce qu’il adviendra de sa maison. «Nous n’avons eu aucune information. Tout ce que nous savons, nous l’avons entendu ici et là. C’est très stressant.»

 

Le couple Ramchurn se demande dans quelle mesure il sera affecté par l’arrivée prochaine du Metro Express.

 

Un peu plus loin, Jay Ramloll a, lui, reçu une lettre lui demandant de céder quatre mètres du terrain qu’il occupe. Une surprise qui n’en est pas vraiment une puisqu’il savait, en y construisant un mur, que le gouvernement pouvait à tout moment réclamer ses terres. La correspondance parlant de squatteur n’a pas manqué de l’irriter. «Comment peuvent-ils me traiter ainsi ? Ma famille et moi avons fait tellement de sacrifices pour en arriver là.»

 

Cependant, cette réclamation a-t-elle vraiment quelque chose à voir avec l’arrivée du Metro Express ? «Lorsque j’ai voulu en savoir plus, je me suis rendu au ministère du Logement et des terres. Ils m’ont dit qu’il fallait faire de la place parce que le métro léger allait arriver», soutient Jay Ramloll. 

 

Il y a quelques jours, ce dernier a reçu la visite d’arpenteurs qui sont venus pour une première inspection. Face à la vision du gouvernement de faire avancer le pays vers le progrès, il n’a d’autre choix que de capituler, dit-il.

 

Qui est responsable ?

 

Combien de familles devront être délogées ? Cette question a d’abord été posée au ministère du Logementet des terres. Selon un des fonctionnaires, le ministère a uniquement fait l’acquisition des terrains sans les catégoriser. Il possède donc la superficie des terrains réquisitionnés mais pas les chiffres les départageant en zones commerciales et zones résidentielles qui devront être rasées. «88 % des terrains ont déjà été acquis. Des lettres d’évacuation ont été expédiées depuis 2014. Ce n’est pas nous qui nous en occupons mais le ministère des Infrastructures publiques», fait savoir notre source. Une fois ce ministère contacté, on nous aiguillonne vers Metro Express Ltd, du bureau du Premier ministre. Là, on fait chou blanc. Ce serait le ministère du Logementet des terres qui s’en occuperait, selon un interlocuteur sauf que, contacté une nouvelle fois, celui-ci nous référera encore au ministère des Infrastructures publiques. Au final, nous n’obtiendrons aucune réponse.

 


 

Réactions

 

Xavier-Luc Duval, leader de l’opposition  : «À la hâte…»

 

«La pose de la première pierre a été faite à la hâte. Le montage financier n’a même pas encore été fait. Nous devons nous assurer que ce n’est pas un cadeau empoisonné. Le gouvernement doit justifier son choix du métro léger. Demandons aux Mauriciens ce qu’ils préfèrent.» 

 

Roshi Bhadain, leader du Reform Party  : «Nous porterons l’affaire devant la justice»

 

«Le Metro Express met en danger l’avenir du pays. Le déplacement du marché de Rose-Hill et d’Arab Town est inacceptable. Nous porterons l’affaire devant la justice s’il le faut. Nous ne sommes pas contre la modernisation mais la sécurité passe avant tout.»