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Madhuri Seetul, 26 ans, sauvagement tuée par son époux Vedanand : Dans l’enfer d’une victime de violence conjugale

Chandrani et Soujeet, les parents de la victime, disent lui avoir demandé de mettre un terme à cette union.

Elle vivait une vie qu’elle n’avait jamais désirée ni choisie. Mariée à un inconnu à l’âge de 14 ans, Madhuri Seetul ne vivait plus que pour ses trois enfants, issus de cette union. Après 11 années de vie commune, les coups étaient devenus son quotidien mais elle s’efforçait de tenir bon. Jusqu’à ce lundi 26 novembre, où elle a fini par succomber à une énième agression. L’entourage du couple, témoin de son calvaire, raconte ses années de martyr…

Sa vie semble n’avoir été faite que d’une succession de drames qui l’ont emmenée lentement mais sûrement vers une issue fatale. Madhuri Seetul n’était âgée que de 14 ans lorsqu’elle est devenue une épouse et très vite après, une maman ; elle qui n’avait pourtant rien demandé. Plongée dans l’enfer d’un mariage arrangé et violent alors qu’elle n’était qu’une enfant, elle a vécu le martyr durant 11 années avant de finalement succomber aux coups de Vedanand, 44 ans, l’époux qu’elle n’avait pas choisi.

 

Après son arrestation, l’habitant de Tagore Road, à Lallmatie, a avoué avoir tabassé et étranglé, avec le fil d’un ventilateur, la mère de ses trois enfants – deux garçons de 11 et 5 ans et une fille de 7 ans – dans la soirée du dimanche 25 novembre, après une énième dispute conjugale. C’est lui-même qui a alerté la police le lendemain matin, affirmant que son épouse avait fait une chute mortelle dans les escaliers. Mais les enquêteurs n’ont pas été dupes et n’ont pas tardé à découvrir la sinistre vérité.

 

Une tragédie qui met fin de manière atroce à une vie de martyr qui a commencé il y a longtemps pour Madhuri Seetul, alors même qu’elle n’était qu’une enfant. Car à 14 ans, c’est ce qu’on est encore. Alors que les filles et garçons de cet âge désirent finir leurs études, voyager, sortir avec des amis, elle n’a pas eu cette chance. Contrairement à beaucoup d’autres adolescents, avoir le choix n’était pas un luxe qu’elle pouvait s’offrir. Et alors qu’elle rêvait sans doute en silence à la vie qu’elle aurait aimé mener, son entourage avait déjà pour elle un avenir tout tracé.

 

Sa famille, très modeste, souhaitait apparemment pour elle une vie meilleure. Donc, quand, en 2007, des connaissances habitant à Goodlands ont formulé une demande à ses parents afin qu’elle épouse un dénommé Vedanand Seetul, un plombier de 18 ans son aîné, ceux-ci ont trouvé là l’occasion parfaite pour que leur fille aille vivre dans de meilleures conditions. «So bann paran ti mizer, zot finn gagn demann zot finn aksepte. Lerla garson-la so bann fami finn organiz tou», explique Poonam Boobhun, la tante de la jeune fille.

 

Avant même d’avoir pu réaliser ce qui lui arrivait, la jeune fille est passée de Madhuri Boobhun à Madhuri Seetul. Elle s’est vue contrainte de quitter son Grand-Gaube natal, ses parents et ses deux petites sœurs pour aller vivre à Lallmatie avec un homme dont elle ignorait tout. À l’époque, le couple partageait le même toit qu’Indira Gobin, la mère de Vedanand Seetul. Cependant, la présence de cette dernière n’empêchera en rien le mari de faire preuve de violence à l’égard de sa jeune épouse dès les premiers jours, surtout quand il buvait un verre de trop. Mais Madhuri n’était pas la seule à se prendre des coups. «La mère de Vedanand subissait, elle aussi, le même sort. C’est la raison pour laquelle elle a par la suite été placée dans un couvent par ses proches, même si la maison lui appartenait», souligne quelqu’un de leur entourage.

 

«Elle avait tenté de s’enfuir…»

 

Quelques mois après le mariage, Madhuri mettait au monde son premier enfant. Et cette vie maritale qu’elle n’avait pas choisie a pris une tournure encore plus cauchemardesque. «Vedanand est devenu encore plus jaloux et possessif. Il ramenait souvent des amis chez lui pour des parties de beuverie. Puis, il s’imaginait que son épouse avait une aventure avec l’un d’eux et la tabassait», raconte l’un de ses proches. Au fil des années, les choses ne se sont guère améliorées pour Madhuri qui, entre-temps, a eu deux autres enfants.

 

Durant plusieurs années, les proches de Vedanand Seetul, domiciliés dans la même cour, en ont vu des vertes et des pas mûres avec le couple. L’une de leurs connaissances raconte : «La pauvre fille a déjà tenté de s’enfuir parce qu’il la battait. Il l’avait pourchassée, lui avait déchiré ses vêtements devant tout le voisinage. Une autre fois, Vedanand l’avait blessée en lui cognant le bras contre la vitre. Pourtant, c’était une bonne personne. Elle n’a jamais eu de problèmes avec qui que ce soit et évitait même de parler aux voisins pour ne pas avoir d’ennuis.»

 

Ne supportant pas de voir Madhuri être ainsi malmenée, «les proches de Vedanand alertaient à chaque fois la police quand les choses dégénéraient entre eux». Mais le fait de voir débarquer les forces de l’ordre chez lui n’arrêtait nullement le quadragénaire. D’après notre interlocuteur, une fois, «les policiers ont même déjà été contraints de briser une vitre pour s’introduire dans la maison alors que Madhuri se faisait tabasser. Malgré leurs avertissements, Vedanand refusait de leur ouvrir la porte». Les proches de Vedanand Seetul ont supporté ses terribles accès de violence durant des années et ont tenté d’aider son épouse du mieux qu’ils pouvaient. Jusqu’à ne plus pouvoir en vivre davantage. «Nous n’en pouvions plus de les voir se disputer. D’autant que lorsque nous tentions de nous interposer, Vedanand accusait certains d’entre nous d’entretenir une relation extraconjugale avec sa femme. Nous leur avons demandé de quitter les lieux en pensant que cela finirait par s’arranger s’ils se retrouvaient seuls», raconte un proche qui ne les a pas revus depuis l’an dernier, époque à laquelle ils ont déménagé pour aller louer une maison, toujours à Lallmatie. Mais rien ne s’est arrangé, au contraire…

 

De son côté, Madhuri a tenté d’échapper à sa triste et douloureuse vie de couple. Selon ses parents, Soujeet et Chandrani Boobhun, «elle faisait souvent les allers-retours entre Lallmatie et Grand-Gaube depuis la naissance de son premier enfant». «À chaque fois qu’elle se faisait tabasser, elle quittait le toit conjugal pour se réfugier chez nous», disent-ils. Soujeet Boobhun souligne qu’au départ, il ne s’est pas rendu compte du calvaire que vivait sa fille. «Son comportement avait changé. So latet ti paret fatige. Mais elle ne s’était jamais confiée à moi. Ce n’est que bien plus tard que j’ai commencé à constater les bleus sur son corps. Lorsque j’ai questionné mon épouse, j’ai appris que Vedanand la battait régulièrement. Lerla mo ti dir mo tifi ki so lavi an danze, kit li.» Mais, à chaque fois qu’elle s’en allait du domicile conjugal, son mari la suppliait de revenir et elle finissait par céder à son insistance.

 

Elle entretenait le fol espoir que son époux finirait par changer ; qu’elle finirait par être heureuse à ses côtés. Mais elle se trompait. Sa mère Chandrani a le cœur en lambeaux depuis que sa fille a quitté ce monde. Elle aussi espérait, impuissante que sa fille allait échapper à cet enfer et vivre une vie plus paisible. «Elle n’en pouvait plus. Elle souffrait énormément. Vedanand ti pe pran tou seki li gagne anba so lame pou bat li. Et vu que Madhuri ne travaillait pas, elle subissait les coups parce qu’elle pensait au bien-être de ses enfants avant tout. Et elle n’était pas en mesure financièrement de les élever seule.»

 

L’horreur

 

Une habitante de Tagore Road, à Lallmatie, où le couple avait élu domicile il y a six mois, se dit, pour sa part, très étonnée de la tournure des événements. «Vedanand était sympathique. Il s’entendait bien avec tous les habitants des alentours. Nous ignorions que les choses se passaient si mal pour son épouse.» Livrée à elle-même, Madhuri était la seule à savoir ce qu’elle subissait entre les quatre murs de sa nouvelle maison. Son environnement avait changé mais pas les mauvaises habitudes de son époux. «Ils se disputaient comme tous les couples mais je n’ai jamais vu Madhuri subir de violences même si beaucoup de rumeurs circulaient. D’ailleurs, c’était une jeune femme très réservée. Elle ne parlait à aucun des voisins et ne sortait que pour aller à la boutique du coin. Si elle s’était confiée, nous l’aurions aidée.»

 

Il y a à peine quelques semaines, Madhuri avait dû faire un séjour à l’hôpital de Flacq après une énième agression conjugale violente. Mais personne dans le voisinage ne semble le savoir. Ce n’est que dans la matinée du lundi 26 novembre que les voisins se sont rendu compte de l’ampleur de l’horreur qui se vivait chez les Seetul. Emporté par sa violence, Vedanand a fini par tuer sauvagement son épouse, la mère de ses enfants. Une semaine à peine après le décès de sa mère Indira Gobin, dont les obsèques ont eu lieu le mardi 20 novembre.

 

Madhuri Seetul, elle, a eu droit à des adieux déchirants le mardi 27 novembre ; plus particulièrement de la part de ses deux fils, âgés de 11 ans et 5 ans, et de sa fille de 7 ans, pour lesquels elle s’était toujours battue. Ils se retrouvent aujourd’hui privés de leur mère alors que leur père est parti pour passer des années en prison et ils devront vivre avec le traumatisme de toute cette violence meurtrière à vie. Sans compter que leur famille ne sait pas encore qui pourra les recueillir car n’ayant pas les moyens financiers d’élever trois enfants. Ils habitent actuellement temporairement chez une de leur tante mais risquent d’être confiés à la Child Development Authority si personne ne peut les prendre en charge sur le long-terme.

 

Vedanand Seetul passe aux aveux

 

 

Le matin du lundi 26 novembre, Vedanand Seetul a été arrêté par les enquêteurs de la Criminal Investigation Division (CID) de Flacq pour le meurtre de son épouse. Il les a lui-même appelés pour leur dire que son épouse ne bougeait plus après avoir fait une chute dans les escaliers dans la soirée de la veille. Mais sur place, les éléments du Scene of Crime Office (SOCO) – dont le fourgon a renversé mortellement une piétonne en se rendant sur place – ont constaté que la jeune femme portait des traces de blessures sur le corps.

 

Une autopsie pratiquée par le Dr Sudesh Kumar Gungadin a d’ailleurs confirmé qu’elle avait succombé à une asphyxia due to ligature strangulation. Lors de son interrogatoire juste après son arrestation, Vedanand Seetul a déclaré l’avoir giflée parce qu’elle refusait de venir se coucher et que cela a entraîné sa chute mortelle. Mais par la suite, le mercredi 28 novembre, il a fini par avouer l’avoir tabassée et étranglée avec le fil d’un ventilateur. Une charge provisoire de meurtre a été logée contre lui. Il reste en détention.

 

Le sort des enfants en question

 

Qui va s’occuper des trois enfants de Madhuri et Vedanand Seetul – deux garçons de 11 et 5 ans, et une fille de 7 ans ? Pour le moment, ils habitent chez une tante temporairement car cette dernière ne sait pas si elle pourra s’occuper des enfants sur le long terme. Les autres membres de leur famille ne savent pas non plus s’ils pourront élever les trois petits car ils manquent de moyens financiers et infrastructurels. Si aucun de leurs proches ne peut les prendre en charge, ils risquent donc d’être confiés à la Child Development Authority qui décidera de leur sort.