Le corps de cet adolescent a été repêché dans une rivière de Petit-Verger, à Saint-Pierre. Mais jusqu’ici, ses proches sont dans le flou quant aux circonstances du drame. Sa grand-mère témoigne.
La thèse de la noyade ne l’a pas convaincue. Marie-Anne Victoire, 59 ans, vit difficilement la disparition de son petit-fils. La police a repêché le corps sans vie de cet adolescent de 15 ans dans une rivière connue de Petit-Verger, Saint-Pierre, le dimanche 22 février. Le rapport d’autopsie indique que le jeune homme a succombé à une asphyxie due à la noyade.
Marie-Anne et les siens sont, eux, troublés par les circonstances entourant ce cas de noyade alléguée. «La police nous a dit qu’il s’est noyé. Sa dépouille a été retirée de l’eau peu après minuit. Expliquez-moi comment quelqu’un qui a passé des heures dans l’eau a toujours des gouttelettes de sang sur le visage», martèle Marie-Anne, les traits tirés et la gorge nouée par l’émotion.
Jordan a perdu sa mère il y a quatre ans. Cette dernière est décédée à la suite de complications de santé liées à l’accouchement de sa sœur cadette. Son père et lui vivaient sous le même toit que Marie-Anne.
Le dimanche 22 mars, Jordan enfourche sa bicyclette vers 10h30 pour une virée, lorsqu’un ami vient le voir. «Il est sorti peu après. Je ne me suis pas inquiété, car il fait souvent des balades», raconte Marie-Anne. Aux alentours de 12h40, un autre ami vient chercher l’adolescent à son domicile. Mais peu après, la mère d’un autre camarade vient voir Marie-Anne : «J’ai eu le choc de ma vie lorsque cette dame m’a dit qu’on avait enlevé mon petit-fils dans une voiture blanche. Elle m’a dit qu’il s’agissait d’un homme barbu.»
Au poste de police de Saint-Pierre, elle passe plus de six heures avant de prendre la route avec des proches pour chercher Jordan. «Nous avons roulé pendant plusieurs heures avant de rentrer bredouille à la maison vers 21h30», raconte Melissa, la fille de Marie-Anne, assise à ses côtés.
«Les garçons n’ont pas tout dit»
Un peu plus tard, la famille reçoit un appel du poste de police. «Un policier nous a demandé la couleur des savates de Jordan. On est retourné au poste de police. Sur place, il y avait des éléments de la Special Mobile Force et de la Criminal Investigation Division. Nu ti truv sa bien drol», explique Melissa.
Aux alentours de 23h30, plusieurs équipes prennent la route en direction d’une rivière connue comme Goon Casse, en compagnie d’un garçonnet de neuf ans et d’un autre de 12 ans. Le corps de Jordan est repêché dans cette rivière.
Depuis ce drame, Marie-Anne s’interroge : «Pourquoi ses amis ont-ils fait croire à cette histoire de kidnapping dans une voiture blanche ? Pourquoi l’ont-ils abandonné sur place ? Pourquoi saignait-il de la bouche ? Pourquoi était-il nu ? À quelle heure s’est-il réellement noyé ? Où nageait-il ? La police nous a dit que son estomac contenait de la nourriture. Avec qui avait-il déjeuné ? Le jour du drame, il s’est réveillé à 7h45 et est sorti après avoir bu du thé uniquement. Tout cela est très étrange.»
Sa thèse à elle, c’est que les deux garçons n’ont pas tout dit à la police : «Jordan savait nager. Il connaissait très bien cette rivière. Nous voulons avoir le cœur net. So lamor pa normal. Il y a beaucoup de zones d’ombre.»
Pour l’heure, les limiers de la Major Crime Investigation Team détiennent la version du garçon de 9 ans (voir hors-texte). C’est d’ailleurs grâce à son témoignage que la police a pu retrouver le corps de Jordan.
Pour Marie-Anne et les siens, une seule chose compte désormais : que la vérité soit faite. «Jordan n’avait que 15 ans, vous imaginez !»
Ses funérailles ont eu lieu quelques heures plus tard, au cimetière de son village.
Une banale plaisanterie vire au drame
Après la découverte du corps de Jordan Victoire dans une rivière à Petit-Verger, un garçonde 9 ans a fait une déposition en présence de ses parents. Il explique qu’en arrivant à la rivière ce jour-là, Jordan aurait pris un morceau de bambou et aurait commencé à taquiner un autre ami, âgé de 12 ans, en lui donnant des coups. Ne le supportant plus, ce dernier aurait, à un moment donné, poussé Jordan dans la rivière.
Sa tête aurait alors heurté une grosse pierre sur la berge, avant qu’il ne disparaisse sous l’eau. C’est de cette façon qu’il se serait blessé au visage, explique le garçonnet. Paniqués, son ami et lui décident de cacher les vêtements de Jordan et inventent l’histoire du kidnapping, de peur d’avoir des problèmes avec les proches de ce dernier et la police. Leur sort est maintenant entre les mains de la justice.
Au Morne : Une sortie vire au drame pour un groupe du troisième âge
Les drames en mer n’en finissent pas. Un homme de 56 ans est mort noyé, hier, samedi 28 février, lors d’une sortie d’un groupe du troisième âge. Il s’est retrouvé en difficulté alors qu’il s’adonnait à une partie de baignade. Il n’a pu être réanimé quand il a été ramené sur la plage. La police a ouvert une enquête pour déterminer les circonstances exactes du drame.