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Il a été grièvement blessé lors d’un incident à l’école : Le calvaire d’un ado de 14 ans, «victime de bullying»

Il a dû subir une délicate opération pour sauver ses doigts.

Il a failli perdre l’usage de sa main gauche après que celle-ci est passée au travers d’une porte vitrée. Si les parents de cet adolescent de 14 ans avancent que cet incident est survenu au moment où il se faisait malmener par d’autres élèves, une enquête préliminaire a conclu qu’il s’agit d’une plaisanterie ayant mal tourné. Récit…
 

Un martyr. C’est ce que vivrait le jeune Nadhir* dans son collège depuis quelque temps déjà. D’autres élèves lui mèneraient la vie dure, très dure. Pourtant, il ne s’en était jamais plaint à ses parents. Il leur disait juste qu’il voulait changer d’établissement sans préciser pourquoi. Hélas, le lundi 24 septembre, les choses ont dégénéré.

 

Lors d’un incident avec ceux qui lui feraient vivre l’enfer au quotidien, il a violemment heurté une porte vitrée qui s’est brisée, le blessant grièvement à la main gauche, lui coupant presque complètement les tendons de deux doigts. Il a dû subir une délicate opération pour ne pas les perdre et devra faire une longue rééducation pour que sa main retrouve toute sa mobilité. De son côté, la cellule de communication du ministère de l’Éducation avance que c’est une plaisanterie qui a mal tourné (voir hors-texte).

 

Plaisanterie ayant mal tourné ou pas, Nadhir se retrouve aujourd’hui avec un gros bandage à la main, dans l’incapacité d’utiliser celle-ci. Et surtout, dans un état de traumatisme profond. Tellement, que ses parents préfèrent raconter son calvaire à sa place. Ils veulent témoigner afin que des incidents de ce genre soient prises au sérieux par d’autres parents. «Nous ne voulons pas que cela arrive à d’autres élèves. Lorsqu’il se sentira prêt, Nadhir bénéficiera de l’aide psychologique nécessaire», confie le père de l’adolescent, qui revient sur le jour de l’incident.

 

Les faits, dit-il, se sont déroulés aux alentours de 11 heures. «Mon fils sortait de sa salle de classe lorsqu’il s’est rendu compte que d’autres élèves avaient attaché son sac à sa chaise. Lorsqu’il a pu le détacher, environ quatre élèves se sont mis à le taquiner, l’ont giflé, puis sont partis. Alors qu’il quittait sa salle de classe, d’autres élèves l’ont bousculé et il a violemment heurté la porte en vitre», raconte son père. Grièvement blessé à la main gauche, il aurait ensuite perdu l’équilibre et serait tombé. Des élèves ont alors alerté le concierge.  

 

Vu la gravité de ses blessures, Nadhir est immédiatement conduit à l’hôpital Victoria. L’école appelle aussi chez sa famille pour la prévenir et c’est sa sœur aînée qui décroche. «Lorsque j’ai reçu un appel de l’école me demandant de me rendre à l’hôpital, mon frère était déjà en route. Personne ne m’avait indiqué qu’il était aussi grièvement blessé», déplore-t-elle. C’est quand ses parents et elle arrivent à Candos qu’ils apprennent ce qui est arrivé.

 

Séquelles

 

Dans un premier temps, les médecins les préviennent qu’il y a un risque que Nadhir soit amputé de deux doigts et perde l’usage de sa main. Mais après une délicate intervention chirurgicale, ces dangers ont été, heureusement, écartés. «Ils nous ont dit qu’il pourrait retrouver l’usage de sa main avec de la rééducation. Mais nous devons attendre son prochain rendez-vous chez le médecin, dans deux semaines, pour en savoir davantage.» Après deux jours d’hospitalisation, Nadhir est finalement rentré chez lui. Mais il garde tout de même les séquelles physiques mais aussi psychologiques de ce qu’il a vécu.

 

Son calvaire, avancent ses parents, ne daterait pas d’hier. Selon eux, durant les deux premières années de l’adolescent dans cet établissement des hautes Plaines-Wilhems, Nadhir aurait obtenu de bonnes notes. Mais depuis son entrée en grade 9, son niveau scolaire a chuté drastiquement. Il y a trois mois, il a demandé à ses parents de l’inscrire dans un autre collège. «Depuis la période des examens du second trimestre, il avait perdu toute motivation. Mais nous ne nous étions pas imaginés que c’était parce qu’il était le souffre-douleur de ses camarades», se désole son père.

 

Il nous raconte un autre épisode douloureux que son fils a vécu il y a quelque temps. «Des élèves l’avaient déjà accusé à tort lorsque la voiture d’une enseignante avait été rayée. Mais le personnel de l’école a finalement pu tirer cette affaire au clair lorsque d’autres élèves ont dénoncé les vrais coupables.» C’est finalement le lundi 24 septembre que les parents de Nadhir ont compris pourquoi il ne voulait plus se rendre à l’école.

 

Depuis l’incident du lundi 24 septembre, leur fils a beaucoup changé, disent-il. «Il a toujours été un enfant calme, tranquille, évitant toujours les problèmes. Maintenant, il est devenu très agressif et nerveux. Nous ne pouvons plus nous adresser à lui sans qu’il se fâche. Il est très renfermé sur lui-même et cela nous perturbe aussi. Nous ne dormons plus et ne mangeons plus.»

 

Les parents de Nadhir ont consigné une déposition au poste de police de Vacoas et ont demandé un PF 58. Ils ont également rapporté les faits à la Child Development Unit afin qu’une enquête soit initiée à ce niveau. Ils déplorent toutefois l’attitude de l’école après l’incident. «La direction de l’école n’avait pas encore rédigé de rapport de ce qui s’est passé lorsque nous avons rencontré des préposés du ministère de l’Éducation mardi.» La direction de l’école n’a pas souhaité faire de commentaires sur cette affaire et nous a renvoyé au ministère de tutelle.

 

Quoi qu’il en soit, les proches de Nadhir, très secoués par les événements, n’en démordent pas : il est hors de question que celui-ci remette les pieds dans cet établissement. «Nous avons déjà entamé les démarches pour qu’il change d’école. Mais vu qu’il a vécu une année stressante, nous comptons nous arranger pour qu’il refasse le grade 9 l’an prochain», explique le père. Le temps pour Nadhir de se remettre de son traumatisme physique, psychologique et émotionnelle.

 

* Prénom modifié

 


 

Le ministère de l’Éducation : «C’est une plaisanterie ayant mal tourné»

 

Un rapport de l’école aurait bien été soumis au ministère de l’Éducation après ce grave incident, avance la cellule de communication de celui-ci. «Une enquête préliminaire a été menée par le Zone Directory qui nous a soumis ses conclusions. L’adolescent a été blessé pendant qu’il jouait avec ses camarades de classe. C’est une plaisanterie qui a mal tourné. À aucun moment il n’y a eu de bullying.» Selon le ministère de tutelle, ce serait en courant après ses amis que l’adolescent a terminé sa course contre une porte vitrée. Ses camarades auraient ensuite alerté les concierges qui lui ont donné les premiers soins avant de le conduire aux urgences. «Vu la gravité de ses blessures, il a dû être conduit à l’hôpital avant que l’établissement n’ait pu joindre ses parents.» La cellule de communication du ministère assure cependant que l’enquête continue pour faire toute la lumière sur ce cas. «Vu que les parents avancent une version différente de celle de cette école, nous ne pouvons pas remettre en question leurs dires. Les enseignants ont été avisés de garder un œil sur le comportement des élèves visés. Nous voulons établir les faits car, pour nous, le bien-être de l’enfant prime.» S’il s’avère que les élèves montrés du doigt sont responsables de ce qui est arrivé à Nadhir, «ils seront soumis à un special report et sanctionnés». Entre-temps, les recteurs et rectrices sont tenus de toujours sensibiliser leurs élèves afin qu’ils soient conscients des répercussions de leurs actes, affirme le ministère de l’Éducation.

 


 

Christiane Valery : «Les parents ont un grand pouvoir de dépistage»

 

 

Bien souvent, un enfant est victime de bullying parce qu’il est différent physiquement ou sur un autre plan. Ce qui peut attirer la moquerie de ceux qui fonctionnent en groupe. Cela s’échauffe et devient de plus en plus amusant et excitant jusqu’à ce que la situation tourne mal. Surtout lorsque l’autre essaie de fuir ou de se défendre. C’est ce que nous explique la titulaire du certificat européen de la psychothérapie et IMAGO thérapeute. Elle nous donne aussi des pistes pour prévenir le harcèlement scolaire.

 

Comment savoir si son enfant est victime d’harcèlement scolaire ou, au contraire, en est l’auteur ?

 

D’abord, écouter son enfant en le regardant. Regarder l’enfant pour le connaître dès le début, avant même qu’il soit scolarisé. Un parent sait lorsque son enfant pleure pour de vrai. II sait comment l’enfant exprime son énergie lorsqu’il va bien et lorsqu’il est malade. Regarder pour rencontrer son regard car les yeux parlent de ses joies et de ses détresses ; même de ses colères. Puis, viennent les mots et le ton. Cela demande du temps, de la patience et du savoir.

 

Comment un parent peut-il accompagner son enfant lorsque celui-ci est l’agressé ou l’agresseur ?

 

Les parents sont les premiers à pouvoir valoriser leur enfant et l’aider à s’accepter et à s’affirmer avec ses différences ; lui permettre de développer des talents afin d’être reconnu et apprécié. Dans la famille aussi, on apprend à accepter la différence de l’autre en acceptant ses propres faiblesses. L’humilité s’apprend à la maison, le respect de la place de l’autre s’apprend dans le couple d’abord, puis s’étend aux enfants. Tous les modèles de fonctionnement relationnels se trouvent dans le couple, la famille et l’entourage. Lorsqu’un enfant a besoin de devenir dépendant d’un groupe jusqu’à accepter de faire des bêtises pour être reconnu par celui-ci, c’est qu’il y a un autre problème de départ qui se trouve dans la famille. Ce qui est bien, c’est que les solutions se trouvent aussi au niveau de la famille. Ce qui est triste, c’est que les parents n’ont pas le temps. La posture abuseur-abusé est souvent dans le couple au départ, puis vient l’influence du groupe. Qui se ressemble va s’assembler.  Les parents ont un grand pouvoir : dépister l’enfant abuseur et savoir le décourager et dans l’autre cas, permettre à l’agressé potentiel de s’affirmer car il s’agit souvent d’un manque de confiance en soi.