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Fawzia Ramjaun avoue l’assassinat de son époux après 12 ans | La famille de la victime : «À aucun moment on ne l’a soupçonnée»

Salim Mungly fait l’objet d’une charge provisoire de complot pour avoir fourni du cyanure à Fawzia Ramjaun.

Ne supportant pas que son époux fasse le «nikkah» avec une autre, cette habitante de Glen-Park l’a empoisonné au cyanure. C’était en 2005. Elle a été arrêtée mardi dernier, après la réouverture de l’enquête sur cette mort suspecte. Elle a tout avoué, au grand étonnement des proches de son mari.

Elle a vécu avec son sombre secret durant des années. Ce n’est que 12 ans après les faits que Fawzia Ramjaun, 50 ans, a révélé aux enquêteurs avoir tué son époux Ikbar. Le 25 janvier 2005, elle a mis du cyanure dans le verre d’eau qu’il lui avait réclamé. Il n’a pas tardé à rendre l’âme. Personne n’a soupçonné la veuve, bien que le rapport d’autopsie fasse état de la présence de cyanure dans l’organisme de la victime. 

 

Sa famille croyait à une mort naturelle.  La thèse de suicide avait aussi été évoquée. Jusqu’à ce qu’une nouvelle enquête sur la mort d’Ikbar Ramjaun soit confiée à la Major Crime Investigation Team (MCIT). Le mardi 24 janvier, la veuve est arrêtée et passe aux aveux. Elle ne supportait pas, dit-elle, que son mari ait épousé religieusement la voisine (nikkah) dans son dos deux mois plus tôt. Elle s’est procuré le poison avec un voisin et est passée à l’acte. 

 

Aujourd’hui, les proches d’Ikbar Ramjaun sont consternés.«À aucun moment on ne l’a soupçonnée», lanceun de ses trois frères. Ils sont choqués et révoltés. «À l’époque, on nous a dit que notre frère était mort d’un arrêt cardiaque. On a tous cru qu’il avait fait une crise cardiaque à cause du stress généré par son travail. Nous sommes sous le choc car Fawzia était insoupçonnable. Elle a continué à vivre comme si de rien n’était après la mort de notre frère. On n’aurait jamais cru cela de sa part.» 

 

Ils ne souhaitent pas s’étendre davantage sur ce sujet qui les met dans tous leurs états. Leur mère Farida non plus, tant elle est affectée par ce développement qui suit la mort de son fils 12 ans plus tôt. «Bien tris seki finn ariv nu fami», dit Farida d’une voix triste avant d’arrêter la conversation : «Mo latet fatige ek sa zafer la.»

 

Dans l’entourage du couple, on avance que ce n’était un secret pour personne qu’Ikbar avait des liaisons extraconjugales. «Me Fawzia ti bizin kit so mari o lie touy li», souligne un proche. Selon ce dernier, la femme avait changé après la mort de son époux. À l’époque, la famille croyait que c’était parce qu’elle était devenue veuve subitement, à l’âge de 38 ans, après 20 ans de mariage. Elle se retrouvait aussi avec deux enfants mineurs à sa charge, alors que sa fille aînée venait, elle, de se marier. 

 

Mais Fawzia Ramjaun a fini par tout avouer. Elle a comparu devant le tribunal de Curepipe le mercredi 25 janvier et fait l’objet d’une accusation provisoire d’assassinat. Son complice présumé, Salim Mungly, employé d’une bijouterie, a aussi été arrêté et inculpé pour complot. La police lui reproche d’avoir fourni le cyanure mortel (voir hors-texte).

 

Deux tentatives de meurtre

 

Fawzia Ramjaun est arrivée à ses fins en utilisant ce produit qu’on trouve généralement chez les bijoutiers qui s’en servent pour nettoyer les bijoux. Ce, après avoir essayé de tuer son époux à deux reprises auparavant. C’est ce qu’elle a déclaré aux enquêteurs de la MCIT. La première fois, c’était sur une falaise où Ikbar avait emmené ses deux «femmes» pour essayer d’arranger les choses entre elles car avant l’épisode du nikkah, elles étaient très proches. Fawzia a voulu pousser son époux et l’autre femme dans la falaise, sans succès. Elle leur a alors fait croire qu’elle plaisantait. Quelques semaines plus tard, elle a mis du cyanure dans une tranche de gâteau réservée à son époux. Mais il ne l’a pas mangée. 

 

Dans la soirée du 24 janvier 2005, l’épouse jalouse récidive. Ce soir-là, Ikbar devait emmener sa femme et ses enfants à Rose-Hill pour déguster une glace chez un marchand réputé. Il change d’idée à la dernière minute pour se rendre chez la voisine. À son retour, le couple a une violente dispute. Avant de se mettre au lit, Ikbar demande à son épouse un verre d’eau. Après l’avoir bu, il commence à avoir d’atroces douleurs à l’estomac et à vomir. Lorsqu’il sort pour prendre l’air, il s’effondre dans son garage. Ses enfants font alors appel à leurs proches qui habitent tout près. Emmené à l’hôpital par son frère Anwar, Ikbar rend l’âme peu après.  

 

À l’époque, la police traite l’affaire comme un «dead body case». L’autopsie révèle que le quadragénaire a succombé à un œdème pulmonaire aigu. Le Dr Satish Boolell, alors responsable du département médico-légal de la police, demande un rapport toxicologique au Forensic Science Laboratory pour en connaître l’origine. Deux mois plus tard, le résultat tombe : Ikbar Ramjaun a été empoisonné au cyanure. 

 

Toutefois, les enquêteurs de l’époque ne procèdent à aucune arrestation. Le dossier est envoyé au bureau du Directeur des poursuites publiques pour décider de la marche à suivre. Une enquête judiciaire, initiée au tribunal de Curepipe, relève plusieurs manquements au niveau de l’enquête policière. Le dossier est renvoyé à la police «for further investigations». Fin novembre, l’affaire est confiée à la MCIT, sous la supervision du CI Goulaub. Les enquêteurs ne tardent pas à remonter jusqu’à Fawzia. 

 

À un moment, ils soupçonnent aussi la seconde épouse d’Ikbar mais c’est la première épouse qui les intéresse particulièrement. Mise devant des faits précis, celle-ci ne peut démentir et révèle l’atroce vérité. La quinquagénaire a participé à une reconstitution des faits le jeudi 26 janvier pour expliquer comment elle s’y est prise pour commettre son acte. Un passé qui la rattrape brutalement 12 ans après les faits et pour lequel elle devra répondre devant la justice. 

 

Me Assad Peeroo, avocat de Salim Mungly : «Mon client a été brutalisé»

 

Il fait l’objet d’une accusation provisoire de complot pour avoir fourni du cyanure à Fawzia Ramjaun. Salim Mungly, un habitant de Glen-Park, nie toutefois les faits qui lui sont reprochés. Cet employé d’une bijouterie avance qu’il a donné le cyanure à l’épouse d’Ikbar Ramjaun pour tuer des rats. 

 

Lors de sa comparution en Cour, le suspect s’est aussi plaint de brutalités policières. Son avocat, Me Assad Peeroo, explique : «Mon client a été brutalisé. Il en a parlé à la magistrate Meenakshee Bhogun lors de sa comparution. Il lui a dit qu’il a été giflé plusieurs fois pour faire des aveux. On l’a forcé à faire un statement on recorddevant une caméra sans son avocat, où il avoue sa participation à cette affaire. Une enquête est en cours sur ces allégations. C’est ce lundi qu’il va donner sa déposition.» Les services de Me Razack Peeroo ont aussi été retenus par les proches du suspect.

 

Me Ashik Toorabally, avocat de la fille aînée du couple : «Elle se sent soulagée après avoir appris comment son père est mort»

 

La MCIT a convoqué la fille aînée du couple dans ses locaux hier matin. Dans sa déposition, cette jeune femme de 32 ans explique qu’elle ne savait rien du plan de sa mère. «Mais elle se sent soulagée après avoir appris comment son père est mort», souligne son avocat, Me Ashik Toorabally. Les enquêteurs ont invité la fille du couple à raconter le soir fatidique. Elle explique qu’elle habite désormais à quelques minutes de marche de la maison de ses parents. Elle était venue faire un «salam» à son père en début de soirée, alors que sa mère se rendait, dit-elle, à une cérémonie de prière. C’est son frère qui l’a prévenue pour le malaise de leur père, tard dans la soirée.