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Élections en France : Pourquoi cette présidentielle passionne tant les Mauriciens

Catherine Boudet et Shafick Osman nous partagent leurs analyses sur ces élections.

Les résultats du second tour Macron-Le Pen de la présidentielle française sont attendus dans le monde entier. À Maurice également, cette joute est suivie avec beaucoup d’attention. Deux observateurs politiques nous donnent leur avis sur cettte présidentielle qui passionne.

Ça y est ! C’est la dernière ligne droite pour les deux finalistes de l’élection présidentielle en France. Ce dimanche 7 mai, les résultats du second tour opposant Emmanuel Macron à Marine Le Pen dans la course à la présidentielle française sont attendus. Et cette joute suscite l’intérêt du monde entier. S’il fallait une preuve de plus que la présidentielle passionne à travers le globe, elle est venue ce jeudi avec une vidéo de Barack Obama, l’ex-président des Etats-Unis, dans laquelle il déclare son soutien à Emmnuel Macron. 

 

À Maurice également, cette joute est suivie de très près. «Cette élection présidentielle 2017 suscite un engouement à Maurice comme en France, en raison d’une configuration inédite de cette campagne électorale qui a créé le suspense.Plusieurs facteurs de surprise sont intervenus», explique Catherine Boudet, politologue originaire de La Réunion et aujourd’hui installée à Maurice. 

 

Selon elle, ce sont tous les rebondissements ayant agrémenté la campagne électorale française qui font que les yeux du monde seront tournés aujourd’hui vers l’Hexagone. «En premier lieu, la débandade des deux grands partis qui traditionnellement s’affrontaient au deuxième tour : le parti socialiste à gauche et le parti républicain à droite. Tous deux ont souffert d’un affaiblissement de leur crédibilité dû à l’usure du pouvoir mais aussi à des affaires de corruption», explique l’observatrice.«Du coup, ces deux partis traditionnels ont été débordés par leurs extrêmes : Marine Le Pen à l’extrême droite s’est qualifiée pour le second tour, devançant le candidat de la droite traditionnelle François Fillon ; tandis qu’à l’extrême gauche, Jean-Luc Mélenchon se classait quatrième au premier tour, laminant complètement le candidat socialiste Benoît Hamon.»

 

Pour elle, la grande surprise de la campagne électorale du premier tour a été la percée des deux bords extrêmes du clivage gauche-droite, dont les sympathisants se rejoignent finalement dans un vote protestataire. «Le troisième fait marquant et inédit, c’est la configuration du second tour qui déplace le centre de gravité de l’échiquier politique français vers la droite : le candidat dissident de la gauche Emmanuel Macron, faisant cavalier seul, adopte une politique centriste et vient affronter en duel la candidate de l’extrême droite Marine Le Pen. Pour le second tour de ce dimanche, c’est la même grande hantise depuis 20 ans qui se répète : l’obsession de ‘‘faire barrage’’ au Front national, ce qui contribue bien sûr à entretenir le suspense»,soutient également celle qui est l’une des fondatrices du Parlement populaire.

 

Shafick Osman, docteur en géopolitique, fait aussi partie de ceux qui attendent avec beaucoup d’intérêt le résultat final. «Ces présidentielles déchaînent beaucoup de passion parce que la France est en crise depuis un moment, que ce soit sur le plan économique – quoi qu’il y ait eu une légère reprise ces derniers temps – ou social. Les choses se sont détériorées depuis la tuerie de Charlie Hebdoet une bonne partie de l’opinion publique française est remontée contre les populations musulmanes et les pays islamiques, confondant beaucoup de choses : immigrés, réfugiés, radicalisation, Daech, le conflit syrien, etc.», argue-t-il.

 

Les électeurs veulent du neuf

 

Pour lui, les Français veulent du nouveau. «Ils aspirent à la paix et à la prospérité, comme tout peuple. C’est pour cela aussi qu’ils attendent le président ou la présidente qui pourra les sortir de ce marasme du moment. D’autre part, avec la démonétisation de la gauche et de la droite, et l’espoir perdu dans les partis traditionnels, les Français cherchent du nouveau et c’est bien pour cela que Macron, Le Pen et Melanchon également ont fait de très bons scores au premier tour.»

 

Et que doit-on retenir de ces élections ? Comme l’a souligné Shafick Osman, Catherine Boudet estime aussi que les électeurs français veulent du neuf. Ce serait, selon elle, un point commun que notre île partage avec La France.«Un point commun se dégage entre l’état d’esprit des électeurs français lors de cette campagne présidentielle française et celui qui prévaut parmi la population mauricienne : les électeurs veulent du neuf. La montée de l’extrême gauche et de l’extrême droite lors de la campagne du premier tour témoigne du ras-le-bol des électeurs français vis-à-vis d’une classe politique rattrapée par les affaires de corruption et en crise de légitimité. Les électeurs mauriciens peuvent se retrouver là-dedans.»

 

Selon Catherine Boudet, la teneur des programmes est un enjeu important dans une élection. «Ce qui a été notable dans cette campagne électorale présidentielle, c’est l’exigence de sérieux et de réalisme autour des programmes. À Maurice, les programmes électoraux ne sont souvent qu’un catalogue de mesures électoralistes et pas articulées. C’est d’ailleurs tout récemment, aux dernières élections générales de 2014, que leur place dans une campagne électorale a été revalorisée», dit-elle. «Dans l’élection présidentielle française, nous avons pu voir comment les programmes sont un enjeu central, et combien il est important qu’un candidat défende son programme de façon concrète.»

 

Pour elle, c’est son incapacité à défendre son programme qui a fait que Marine Le Pen est sortie fragilisée du débat d’entre-deux-tours.«Le débat du second tour a été édifiant à ce sujet : Marine Le Pen en est d’ailleurs sortie fragilisée en raison de son incapacité à argumenter et à chiffrer son projet politique, face à un Emmanuel Macron très soucieux d’exposer la méthode de budgétisation de ses propositions électorales.»

 

De cette campagne, Shafick Osman retient, de son côté, que le «sang neuf réclamé» est une tendance mondiale : «Ce que je retiens de cette présidentielle française, c’est que rien n’est gagné d’avance, que du sang neuf est réclamé de plus en plus par les populations urbaines surtout, et qu’il y a de l’espace pour de nouveaux mouvements plutôt que des partis structurés, etc. C’est un phénomène qui prend de l’ampleur en Grèce, en Espagne, aux États-Unis et avec le vote Brexit. Maurice ne restera pas à l’écart de ce phénomène pour longtemps.»

 

Plus que quelques heures à attendre avant que les urnes ne parlent pour dévoiler qui sera le/la nouveau/elle président/e de la France ! 

 


 

Quand le monde regarde La France

 

«Celui ou celle qui prendra la place de François Hollande à l’Élysée   pourrait redéfinir les relations entre la France et les États-Unis, entre la France et l’Union européenne, et même redéfinir l’Europe», soutiennent les experts en politique à l’échelle internationale. Des personnalités politiques du monde entier ont ainsi pris parti plus ou moins ouvertement. «Trump dit que Marine Le Pen est la meilleure candidate sur le thème des frontières», relate un journaliste de Fox News aux States. «Si j’étais français, je voterais volontiers Emmanuel Macron», a annoncé en Italie Matteo Renzi. «Ce serait terrible si Marine Le Pen gagnait», a pour sa part déclaré Esteban Gonzales Pons en Espagne.  Je veux que vous sachiez que je soutiens Emmanuel Macron pour être votre leader», a renchéri Barack Obama. Après le débat d’entre-deux-tours, Macron a creusé un peu plus l’écart des intentions de vote, selon un sondage Ipsos/Sopra Steria.