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Décès tragique d’Ezra, 19 mois | Sa mère : «Comment a-t-on pu laisser mourir mon fils de cette façon ?»

Christophe Firmin et sa compagne Elodie Jules lors de leur comparution devant le tribunal de Curepipe.

Le garçonnet a succombé à un œdème cérébral et pulmonaire dans des circonstances troublantes cette semaine. Son père et sa belle-mère ont été arrêtés pour homicide involontaire. Retour sur ce terrible fait divers.

Il allait avoir deux ans le 1er juin. Mais le petit Ezra Firmin ne fêtera pas cet anniversaire. Ni les suivants d’ailleurs. Le bébé de 19 mois est décédé dans des circonstances tragiques le jeudi 9 février. Alors que son père et sa belle-mère voulaient faire croire qu’il s’était noyé, l’autopsie est venue les contredire. Elle a conclu qu’il est mort d’un œdème cérébral et pulmonaire dû probablement à une malnutrition. Son estomac et son intestin étaient complètement vides au moment de l’autopsie. Du jamais vu jusqu’ici au département médico-légal, apprend-on. Des prélèvements ont été envoyés au Forensic Scientific Laboratory pour des analyses approfondies. 

 

Christophe Firmin et sa compagne Elodie Jules ont été arrêtés et inculpés provisoirement pour homicide involontaire. Il est prévu qu’ils participent à une reconstitution des faits ce matin à Summer Farm, La Marie, où le drame s’est joué. Le père y travaillait comme vigile et vivait là-bas avec sa concubine et les deux enfants de celle-ci. Son fils venait aussi lui rendre visite là-bas de temps et temps. Le couple devra expliquer et montrer aux enquêteurs ce qui s’est passé le jour du drame (voir hors-texte). Entre-temps, les autres proches d’Ezra tentent eux aussi de comprendre ce qui s’est passé. 

 

Sa mère, Patricia Maleco, est dans tous ses états depuis le drame. «C’est un oncle qui m’a appris la nouvelle au téléphone. Un peu plus tôt, j’avais eu comme un mauvais pressentiment. J’étais au kovil Montagne, à Quatre-Bornes, pour le Thaipoosam Cavadee lorsque j’ai fondu en larmes devant la statuette de la déesse Durga Maa. C’est comme si je sentais que quelque chose de terrible allait se produire. Comment a-t-on pu laisser mourir mon fils de cette façon ?» se révolte la jeune femme. 

 

Le jeune Ezra a été arraché brutalement à la vie après un court et difficile passage sur terre. Car il n’a pas eu une vie facile depuis sa naissance. Le garçonnet était ballotté entre son père, sa grand-mère paternelle et sa mère. Il n’avait que deux mois lorsque son père l’a pris avec lui. «Sa mère l’avait abandonné», affirme Marie Thérèse Bhoyroo, sa grand-mère paternelle. Ce que dément Patricia Maleco : «Son père avait insisté pour l’avoir à ses côtés après notre séparation.»

 

Marie Thérèse Bhoyroo et son fils lors des funérailles.

 

La jeune femme de 25 ans raconte qu’Ezra est le fruit d’une relation tumultueuse entre Christophe Firmin et elle : «On s’était rencontré à une fête. À l’époque, j’avais déjà une fille de cinq ans et un fils de trois ans. On a vécu ensemble pendant quelques mois chez mon père à Bambous. À un certain moment, je suis allée vivre chez lui à Quatre-Bornes. Nous nous sommes séparés à cause des problèmes relationnels.»

 

Elle décrit toutefois Christophe Firmin comme un garçon calme et tranquille. Lorsque ce dernier a refait sa vie avec Elodie Jules, elle en a fait de même de son côté. Patricia Maleco, devenue mère une nouvelle fois il y a deux mois, voyait son fils Ezra quand l’envie lui prenait. «Je l’ai vu pour la dernière fois avant Noël. Il était devenu très “gaillard”. Mon nouveau compagnon l’appréciait beaucoup», souligne-t-elle.

 

Lorsque Christophe Firmin a quitté le domicile de ses parents à l’avenue du Travail, à Résidence Kennedy, Quatre-Bornes, pour aller habiter à La Marie avec Élodie Jules, il a confié son fils à sa mère Marie Thérèse Bhoyroo. Elle aussi est effondrée par le décès tragique de son petit-fils. «Je supplie Dieu de lui accorder une place auprès de lui. Cet enfant ne manquait de rien chez moi. Il était allé passer quelques jours de vacances chez mon fils. J’ai eu le choc de ma vie lorsque j’ai appris qu’il était mal nourri. Qu’est-ce qui a bien pu se produire ?» pleure-t-elle amèrement. 

 

Dernier adieu

 

Marcelino Firmin, le père de Christophe, est également sous le choc. «Ezra ti pe res ek nu mem kan mo garson inn al travay gardien ek res dan enn lakaz dan sa poultry la. Mo res bet. Sa zanfan la ti bien kot nu. Ziska ler nu pa konpran kinn ariv li.»

 

Les grands-parents du petit Ezra ont organisé ses funérailles le lendemain du drame. Leur fils Christophe a été autorisé à venir dire un dernier adieu à son fils quelques minutes avant sa comparution devant le tribunal de Curepipe. 

 

«Nous remercions tous ceux qui étaient présents lors des funérailles», confie Marie Thérèse Bhoyroo. Elle se dit persuadée que son fils Christophe n’a pu faire de mal à Ezra. Ce dernier, dit-elle, faisait la joie de sa famille et du voisinage : «Tou dimunn ti kontan li sa zanfan la. So papa osi ti bien kontan li. Kuma li mank kitsoz mo telefonn li ek li mem li al rod zafer la li amenn pu so garson. Zanfan la ti pu rant la lakres mwa prosin. Mo garson ti fini pey enn mwa lavans.»

 

Elle réfute aussi les allégations selon lesquelles son petit-fils était maltraité chez elle. Selon une voisine, l’enfant était souvent livré à lui-même. Quelques jours avant le drame, le garçonnet aurait été vu vêtu uniquement de sa couche dans la rue sous un soleil de plomb. Notre interlocutrice ajoute que ce n’était pas la première fois. Les grands-parents, eux, assurent qu’ils s’occupaient bien de leur petit-fils. Ce qu’avance aussi Patricia Maleco. «Zot ti pe bien get mo garson», dit-elle. 

 

Ce qui est sûr, c’est qu’un petit garçon a été arraché à la vie de façon dramatique. Un jeune innocent parti trop tôt après une courte vie difficile. 

 


 

Les deux filles d’Elodie Jules hospitalisées

 

La Child Development Unit n’est pas restée insensible au décès tragique du petit Ezra. Des officiers de cet organisme ont pris les deux filles d’Elodie Jules sous leur responsabilité. Les deux fillettes sont placées sous observation à l’hôpital Victoria, à Candos depuis l’arrestation de leur mère et du compagnon de cette dernière.Les mauvaises langues allèguent que la jeune femme a manipulé son compagnon dans cette affaire de maltraitance. «Aret kouver li», lançaient des proches de Christophe Firmin à ce dernier lors des funérailles de son fils, alors que les policiers l’embarquaient pour le tribunal de Curepipe. Michael Jules, le père d’Elodie, récuse ces allégations : «Ma fille ne ferait pas de mal à une mouche même si elle a tendance à élever un peu la voix. Je ne crois pas qu’elle ait pu faire du mal à ce garçon car elle adore les enfants. Nous vivons tous des moments très durs.» 

 


 

Une sinistre affaire

 

L’affaire éclate le jeudi 9 février. Christophe Firmin, 29 ans, alerte la police. Il explique que son fils est mort noyé dans une fosse septique dans la cour de Summer Farm où il habite et travaille comme vigile, à La Marie Road, Vacoas. Il dit l’avoir retrouvé inanimé et avoir tenté de le ranimer mais en vain. À son arrivée sur place, le personnel du SAMU ne peut que constater le décès du petit. Tous pensent alors qu’il a rendu l’âme par asphyxie suite à la noyade. Sauf que la police découvre que le garçonnet n’a pas d’eau dans ses poumons. Les enquêteurs soupçonnent alors un acte malveillant. Pressés de questions, Christophe Firmin et sa compagne Elodie Jules, 19 ans, finissent pas cracher le morceau. 

 

«Nous avons paniqué», avoue Christophe Firmin. Il explique avoir retrouvé Ezra à l’extérieur de la maison, la tête dans une flaque d’eau. Sa compagne et lui ont décidé de maquiller son décès en noyade pour ne pas se voir retirer la garde des deux filles d’Elodie Jules, issues d’une précédente relation. Elles ont deux ans et huit mois. La police était déjà en présence de plusieurs éléments troublants. Notamment le fait que les vêtements du bébé étaient secs après la noyade alléguée.

 

Christophe Firmin et sa compagne Elodie Jules ont comparu devant le tribunal de Curepipe le vendredi 10 février. Le couple fait l’objet d’une accusation provisoire d’homicide involontaire. Il a ensuite été placé en détention policière. La police a objecté à sa remise en liberté sous caution. Il est prévu que le couple participe à une reconstitution des faits ce matin à 10 heures pour les besoins de l’enquête policière.

 

Christophe Firmin et sa compagne Elodie Jules vont devoir expliquer comment cela s’est réellement passé le jour fatidique. Le couple devra aussi s’expliquer sur plusieurs faits troublants. Les enquêteurs veulent surtout savoir comment le petit Ezra a pu mourir de malnutrition. Dans sa déposition, Elodie Jules affirme qu’elle lui a donné du lait et du pain le matin du drame mais le rapport d’autopsie indique qu’il n’avait pas mangé depuis plusieurs heures.