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Dans les coulisses du tournage de «Woman»

Lors d’une étape du tournage vendredi dernier.

À l’initiative de la MCB, le photographe, réalisateur et écologiste Yann Arthus-Bertrand a présenté, mercredi dernier, son film Human aux Mauriciens. Son équipe a profité de ce passage dans l’île pour rencontrer des Mauriciennes dans le cadre de son nouveau projet en préparation : Woman. Incursion dans les coulisses d’un tournage en attendant la sortie du documentaire.

Silence. Lumière. On tourne. Sous le feu des projecteurs : Jennifer. Comme d’autres Mauriciennes avant elle en ce vendredi après-midi, au siège de Caractère Ltée, à Bell-Village, elle a embarqué à bord de l’aventure Woman avec Yann Arthus-Bertrand, célèbre photographe et réalisateur français, et sa petite équipe, qui sont à Maurice depuis cette semaine. Comme toutes celles qui ont accepté, Jennifer est venue raconter sa vie et sa réalité de femme, avec ses hauts et ses bas. 

 

Dans une atmosphère détendue et un décor minimaliste, la Mauricienne est appelée à se dévoiler. Cela, sous le regard d’Anastasia Mikova, co-réalisatrice avec Yann Arthus-Bertrand sur ce nouveau projet. Elle mène une série d’interviews de Mauriciennes susceptibles de figurer dans le  prochain film de ce dernier, après son très connu Human, film-documentaire tourné dans 60 pays et retraçant des récits d’hommes et de femmes, avec des visages, des tranches de vie, des destins, de Calais à l’Ukraine, en passant par le Bangladesh, le Mali et les États-Unis.

 

«Womanest une tentative de comprendre ce que c’est que d’être une femme dans le monde d’aujourd’hui. À travers des sujets personnels – Est-ce que vous vous trouvez belle ? Comment vous voyez-vous ? Vous sentez-vous bien dans votre corps ? Comment avez-vous vécu vos premières règles ? –, nous invitons les femmes à s’ouvrir à nous», explique Anastasia Mikova entre deux tournages, dont le dernier est prévu pour ce dimanche 26 février. «C’est à ce genre de questions et à d’autres liées à la société et à la place des femmes dans le monde que les femmes que nous interviewons doivent répondre. Il y a aussi des questions plus ouvertes sur l’entourage, la famille, la société de manière générale et le droit des femmes. Bref, tout ce qu’elles doivent traverser.»

 

L’équipe de Woman croit profondément que, dans le monde dans lequel on vit, il faut trouver des solutions pour demain. Et une partie des solutions pourrait passer par la voix des femmes, selon elle.

 

C’est en tournant Human, explique Anastasia Mikova, que l’idée de faire une série d’interviews de femmes est née. «Les voix et les histoires qu’on entendait dans Human, et particulièrement celles des femmes, nous ont vraiment interpellés. On s’est dits, avec Yann, pourquoi ne pas créer une fenêtre pour les femmes. Ce n’est pas pour exclure les hommes, c’est plutôt pour créer cette fenêtre et écouter ce que les femmes ont à dire. C’était presque comme une évidence après un film comme Human.» 

 

Chaque histoire est riche en découvertes et Anastasia et son équipe se nourissent de toutes ces rencontres. Aux commandes de la caméra : Dimitri Vershinin, celui qui partage sa vie et sa passion pour le cinéma. Après le très connu Human, tantôt acclamé, tantôt critiqué, c’est dans notre île qu’ils ont posé leurs valises et leurs équipements de tournage. 

 

«Humanest un projet pour lequel on a fait 2 000 entretiens et près de 70 pays. On a l’habitude de voyager et c’est ce qu’on adore. Cela nous permet de découvrir chaque pays. Chaque déplacement est différent à travers les histoires des gens, à travers leur vie. Et Woman, c’est un peu la continuité de Human», explique la co-réalisatrice qui n’a pas hésité une seconde avant de se lancer dans ce projet. 

 

«Depuis le début du tournage, on fait des rencontres incroyables : de la présidente de la République à celle qui a vécu des abus sexuels, des violences. Je suis assez impressionnée par ce que j’entends», poursuit-elle. «En faisant ce film, on se demande : qu’est-ce qui lie les femmes de différentes cultures, de différents pays ? Quelle place ont les femmes dans le monde d’aujourd’hui ? Quelle pourrait être cette place dans le monde de demain ? Les femmes pourraient occuper une place différente. En tout cas, on a envie de cela.» 

 

Pas de mise en scène, ni de plateau impressionnant. Juste des rencontres. Pour leur film, Yann Arthus-Bertrand et Anastasia Mikova vont de pays en pays : «On est au début du projet Woman. Humannous a pris plus de trois ans, entre le tournage et le montage. Cela fait à peu près six mois depuis qu’on a démarré avec Woman. On a fait l’Italie, le Maroc. On est allés en Finlande la semaine dernière.» Là, l’équipe est à Maurice. Elle mettra ensuite le cap sur le Canada. «Ce n’est pas encore une variété incroyable mais ce sont des contacts très différents. Toutefois, je me rends compte que sur pas mal de sujets, la femme se retrouve.»

 

«Donner la vie»

 

Comme pour Human, les protagonistes de Woman sont appelées à se livrer. «On pose à peu près les mêmes questions à tout le monde et on va dérouler le fil de la vie de chaque femme en partant de son enfance ou de sa situation familiale. On voit que sur certains sujets, peu importe la culture, les origines, le milieu social, une grande majorité des femmes se retrouvent avec la maternité. Je pense que c’est ce qui rassemble les femmes, c’est ce qui fait cette identité féminine différente des hommes. Le fait de pouvoir donner la vie et prendre la responsabilité que cela engendre», souligne Anastasia Mikova. Quelle dimension peut apporter la Mauricienne à Woman ? 

 

«On ne réfléchit pas comme ça, lance notre interlocutrice. On se dit plutôt que toutes les femmes peuvent apporter quelque chose. C’est tout l’intérêt d’aller dans des pays différents, dans des situations différentes, pour montrer qu’il n’y a pas d’endroit plus intéressant qu’un autre. Dans certains contextes, il y a des cas qui nous intéressent particulièrement. À Maurice, on avait très envie de renconter la présidente. Il y a moins de 10 % de femmes qui sont à la tête des États. On s’est dits que ce n’est peut-être pas une très grande île mais elle est au moins en avance pour ça.» 

 

L’équipe avait donc envie de mettre cette femme en avant. D’aller à la rencontre de toutes les femmes et de leur donner la parole. «C’est cela le but du film : donner la parole à toutes les femmes, même à celles qui croient qu’elles n’ont rien à dire», souligne Anastasia Mikova. Avant de se remettre dans la peau de la réalisatrice toute ouïe devant les récits de ces women qui ont choisi de lui ouvrir leur cœur.

 

Paroles de femmes

 

Marlène Ladine de l’ONG Chrysalide : «Depuis 13 ans, je côtoie des femmes de milieux différents et qui doivent faire face à des problèmes. Ma participation à Woman est pour moi une petite contribution pour être la voix de toutes ces femmes qui souffrent. Les choses ont évolué en ce qui concerne les femmes mais il reste encore beaucoup à faire.»

 

Jasmine Toulouse, chanteuse : «Cette expérience a été très profonde. Lors de l’exercice de questions-réponses, j’ai remonté le fil de ma vie. Je suis allée dans mon enfance et mon adolescence, et dans toutes ces étapes qui ont fait que je suis celle que je suis aujourd’hui. J’espère que d’autres femmes pourront se retrouver dans mon témoignage et ma réalité de femme.»

 

Shamima Patel, présidente de Breast Cancer Care : «Je suis très honorée d’être partie prenante d’un projet parmi d’autres femmes du monde entier. Ça nous donne l’ocassion de mettre notre pays en avant et de montrer à quel point la Mauricienne est forte.»

 


 

Il était une fois… «Human»

 

 

Un voyage au cœur des maux de l’humanité. Avec Human, Yann Arthus-Bertrand (photo), signe son œuvre la plus engagée. C’est le mercredi 22 février au cinéma Star, à Bagatelle, que le photographe et réalisateur français a présenté son film aux Mauriciens. Et Human, c’est un peu plus de trois ans de tournage, 60 pays, 2 020 personnes interviewées et qui s’expriment dans 63 langues différentes. C’est comment de travailler avec Yann Arthus-Bertrand ? 

 

Cette question, nous l’avons posée à Anastasia Mikova, sa co-réalisatrice sur Woman. «C’est différent tous les jours. Ça va faire près de huit ans que je travaille avec lui. J’ai fait des choses très différentes avec lui, comme des émisisons de télévision. Sur Human, il m’a appelée en me disant qu’on va faire le plus grand documentaire de tous les temps, qu’on va révolutionner le cinéma documentaire. Je me suis dit ‘‘Oh la la, il est fou !’’» 

 

Lors du tournage de Human, elle a fait près de 700 entretiens sur les 2 000 du film.«Et à chaque fois, Yann me disait : ‘‘Ok, je veux parler de l’immigration, de l’agriculture.’’ Il ne me disait pas : ‘‘Je veux entendre ça, je veux entendre ci.’’ Il disait de le surprendre, de lui ramener des choses auxquelles il ne s’attendaient pas. Sur le film Woman, on va encore plus loin avec Yann parce qu’on est co-réalisateurs. Je trouve ça pas mal de faire un film sur les films réalisés par un homme de 70 ans et une femme de 35 ans.»