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Condamné à 34 ans pour trafic de drogue : Peroomal Veeren, l’homme qui fait trembler les murs de la prison

Selon une source, il aurait une douzaine de codétenus à son service.

Alors qu’il est dans le collimateur de la police dans le cadre des 170 kg d’héroïne saisis dans des compresseurs au port, Peroomal Veeren fait à nouveau parler de lui. Cette fois, il est accusé d’avoir proféré des menaces de mort contre un haut gradé qui avait saisi son téléphone portable.

«Simo pa fer touy twa deor mo pa apel Veeren.» Telles sont les menaces proférées par Peroomal Veeren, qui purge une peine de 34 ans de prison pour trafic de drogue, contre un haut gradé de la prison le jeudi 30 mars. Une plainte a été portée contre lui au Central Criminal Investigation Department. 

 

Cette affaire survient alors que Peroomal Veeren, 40 ans, surnommé le Pablo Escobar de Maurice, est déjà dans le collimateur de la police concernant les 170 kg d’héroïne saisis dans des compresseurs au port ces dernières semaines. Il est également soupçonné d’avoir échangé des appels téléphoniques avec Navin Kistnah, le présumé importateur. Ce dernier est sous le coup d’un mandat d’arrêt international. Il aurait trouvé refuge en Afrique du Sud. 

 

La semaine dernière, Peroomal Veeren fait à nouveau parler de lui pour avoir menacé de mort un haut gradé de la prison. Le jeudi 30 mars, à 11h45, une équipe de la Prison Security Squad (PSS) effectue une descente surprise au Yard 3, où le quadragénaire est détenu, suivant certaines informations. Ce dernier est surpris avec un téléphone portable et des écouteurs, raconte une source. 

 

À la vue des gardes-chiourmes, Gino Bageenath, un autre détenu, aurait tenté de récupérer le téléphone portable pour le détruire. Mais l’appareil a été saisi, bien que légèrement endommagé. Peroomal Veeren est alors conduit dans une cellule d’isolement à la Pirate Wing, aménagée pour accueillir les pirates somaliens pendant leur détention à Maurice. En route, il insulte un haut gradé de la prison et lance des menaces de mort : «Si mo pa fer touy twa deor mo pa apel Veeren…»

 

Informée, l’administration de la prison a recommandé au haut gradé, qui n’a pas souhaité commenter l’affaire pour ne pas pervertir l’enquête qui est en cours, de porter plainte au Central Criminal Investigation Department. Cela, parce que, dans le passé, des hauts gradés ont été victimes d’agression ou de tentative d’assassinat après avoir reçu des menaces de mort des détenus. Le dernier cas en date est celui de l’assistant d’un surintendant des prisons qui aurait lui aussi été menacé par Peroomal Veeren après qu’une importante quantité de Subutex a été retrouvée dans sa cellule. Il a eu le poignet sectionné au sabre alors qu’il se rendait au travail mais la police n’a pu faire le lien entre les menaces et l’agression.

 

Lors de cette descente surprise de jeudi, les membres du PSS ont également recueilli du gandia, cinq armes, des écouteurs et trois téléphones portables de la marque Samsung sur des détenus. Ces derniers ont-ils bénéficié de la complicité de gardes-chiourmes ou encore de policiers escortant les détenus lors de leur transfert vers les tribunaux pour obtenir tous ces produits prohibés ? En tout cas, c’est ce que soupçonnent les services pénitentiaires. Ils s’interrogent également sur le train de vie de Peroomal Veeren derrière les barreaux. 

 

Ce dernier avait été transféré à la prison centrale l’année dernière après avoir célébré son anniversaire à la prison de Melrose. Ce jour-là, de la drogue aurait été distribué. Après son transfert, il a de nouveau fait parler de lui après qu’une chaîne en or valant Rs 1 million a été saisi sur lui. Bénéficierait-il de traitements de faveur en prison ?

 

Selon nos informations, Peroomal Veeren fait trembler les murs de la prison. Il aurait une douzaine de codétenus à son service.Il se réveillerait tous les jours peu avant 6h30 à l’ouverture des portes des cellules. «Il y a toujours une petite foule devant sa cellule pour faire son lit ou pour préparer ses effets personnels avant sa toilette, comme le montrent les images des caméras CCTV de la prison», explique une source. Une autre, elle, raconte : «Il y a toujours un codétenu qui nettoie les toilettes avant que Veeren n’y entre. Un autre lui frotte le dos lorsqu’il prend son bain, un autre encore lui remet sa serviette par la suite. Il se ferait même masser.» Ce ne serait pas tout ! «Il y a toujours quelqu’un pour lui servir à manger. Il raffolerait des satini pom damouret du poisson salé.»

 

Selon nos informations, ceux qui seraient à son service recevraient des cartes téléphoniques et se feraient créditer Rs 1 000 par le biais d’un mandat poste sur leur compte à la prison. Cet argent, ajouté à celui que leur remettraient leurs proches respectifs, serait, selon nos informations, utilisé pour financer les achats à la boutique de la prison. 

 

Selon la police, Peroomal Veeren aurait établi plusieurs protocoles le concernant. Par exemple, d’après nos informations, lorsqu’il y a des fouilles surprises, un codétenu doit s’emparer de son téléphone portable pour le détruire, comme a tenté de le faire Gino Bageenath jeudi. Autre protocole : un ou des avocats devraient être à la prison en cas de démêlés avec l’administration pénitentiaire ou la police. D’ailleurs, confie notre source, des avocats sont toujours présents à la prison centrale lorsque Peroomal Veeren a des problèmes avec les autorités. Il y en aurait une vingtaine à en croire notre source. Ce qui interpelle la police. 

 

Subterfuge

 

Comment ces hommes de loi ont-ils vent des démêlés du détenu sans qu’elle ne les ait informés officiellement au téléphone ?  se demande un haut gradé de la police qui s’interroge aussi sur les moyens pour payer ces avocats. Car tous les biens de Peroomal Veeren sont gelés puisqu’il purge une peine de 34 ans de prison pour trafic de drogue. 

 

Hier matin, un Senior Counsel se serait déplacé à la prison. La veille, il a été refoulé car il s’y était rendu pour rencontrer Peroomal Veeren. Il a d’ailleurs fait une entrée à la police pour dire qu’il n’a pas eu accès au prisonnier Veeren. Le vendredi 31 mars, un autre avocat s’est fait refouler. 

 

Si Peroomal Veeren fait trembler les murs de la prison centrale, c’est aussi parce que la police le soupçonne de vouloir s’échapper de la prison par un subterfuge. Dans le passé, Peroomal Veeren aurait déjà fait semblant d’être malade. S’il s’est toujours fait soigner à l’infirmerie, la police soupçonne une tentative de se faire conduire à l’hôpital.

 

Qu’en est-il de ses codétenus ? Avant son transfert à la Pirate Wing, Peroomal Veeren était détenu avec d’autres condamnés connus, à l’instar de Steve Serret, alias Polocco, Jean Maurice Perrine et Nevil Rome. Ce dernier, soupçonné de faire entrer de la drogue à l’intérieur de la prison par des colis lancés par dessus les murs, était, au préalable, détenu à la prison de Melrose. Il a été transféré en même temps que Peroomal Veeren. La police le soupçonne d’avoir participé à la fête d’anniversaire de ce dernier. 

 

Par ailleurs, Peroomal Veeren a-t-il joué un rôle dans l’importation de 170 kg d’héroïne dans le port ? Une cargaison de 135 kg d’héroïne et  deux autres totalisant 35 kg d’héroïne, auraient été embarquées en Afrique du Sud mais proviendraient de l’Asie. La police soupçonne un caïd ougandais du nom de Kanawanjee de fournir de la drogue au réseau de Peroomal Veeren et ses présumés acolytes. L’Ougandais a été arrêté en août 1996 pour importation d’héroïne. Il avait été condamné à vie mais sa condamnation a été, par la suite, commuée en une peine plus courte et il est rentré chez lui. 

 

Ce réseau est-il dirigé par Peroomal Veeren via smartphones ? Agirait-il avec la complicité de deux autres caïds connus sous les sobriquets de Very Good et Nerf, qui auraient chacun son réseau de distribution, comme le soupçonne la police ? Selon nos informations, tous les trois se parleraient lorsqu’ils se rencontrent dans la cour de la prison.

 

Les frères Chowrimootoo et Gro Derek, actuellement en prison pour trafic de drogue, sont également dans la ligne de mire de la police qui les suspecte de faire partie de ce triple réseau en tant que revendeurs. La police pense que les frères Chowrimootoo seraient proches de Peroomal Veeren alors que Gro Derek opérerait, lui, pour Very Good.

 

La brigade anti-drogue n’est pas la seule à enquêter sur Peroomal Veeren et les autres suspects dans cette affaire. Il nous revient que l’Independent Commission against Corruption et d’autres organismes ont également initié une enquête. Cet aspect de l’enquête concerne le financement de l’achat de la cargaison des 170 kg d’héroïne. Soit d’une somme de plus de Rs 2 milliards. 

 

En tout cas, c’est une grosse affaire qui va occuper les enquêteurs et leurs partenaires pour un moment. On risque de voir pas mal d’autres arrestations dans le cadre de cette affaire qui vient démontrer que le trafic de drogue à Maurice prend des proportions affolantes. 

 


 

Pourquoi la police soupçonne Dade Azaree de Gloria Fast Food

 

 

 

Il fait l’objet d’une «objection to departure» de la police. Raison évoquée : la brigade antidrogue le soupçonne d’avoir financé en partie l’achat des 170 kg d’héroïne saisis dans le port en trois occasions. La police avance le chiffre de Rs 100 millions à ce propos. L’Anti-Drug & Smuggling Unit (ADSU) et la commission anticorruption sont en présence d’une masse d’informations sur Shahebzada Azaree, le patron de Gloria Fast Food, plus connu sous le sobriquet de Dade. La police est d’avis qu’il roulerait pour l’un des deux caïds impliqués dans le réseau dirigé par Peroomal Veeren. 

 

Dade Azaree intéresse les enquêteurs car il est soupçonné d’être également lié au suspect Navin Kistnah. Les deux hommes vouent la même passion pour les courses hippiques. Ils ont été vus ensemble au Champ-de-Mars en plusieurs occasions. Ils sont déjà partis en vacances ensemble en Europe. Un fait que ne peut nier Dade Azaree puisqu’il y a une photo d’eux dans ce qui semble être le métro sur sa page Facebook. Une photo prise en compagne de trois autres personnes. 

 

Le principal concerné s’est abstenu de tout commentaire malgré nos nombreuses sollicitations au téléphone et par textos. Son entourage avance que «so latet fatige ek sa zafer la». Dade Azaree avait toutefois déclaré à l’express que «je n’ai rien à voir avec Navin Kistnah». Et de poursuivre : «Je suis fatigué et perturbé par ces articles de presse où l’on cite mon patronyme.» Selon ses dires, leur relation  d’«amitié» n’aurait duré que sept ou huit mois.

 

La proximité de Dade Azaree avec d’autres personnalités au Champ-de-Mars intéresse également la police et l’Independent Commission against Corruption (ICAC). Il nous revient qu’il serait surtout très proche du directeur d’un bureau de change dont l’agence centrale se trouve à Port-Louis. La police affirme que les deux hommes ont souvent voyagé ensemble à l’étranger. Celui-ci est dans le viseur de l’ADSU pour des questions de blanchiment d’argent.

 

Le cas de ce directeur de bureau de change sera évoqué au Parlement ce mardi, selon nos informations car plusieurs casseroles lui sont attribuées. Le parcours de cet ancien banquier intéresse l’ADSU car il ferait montre de signes de richesses déraisonnables. Il aurait fait l’acquisition de plusieurs voitures de luxe, dont une Mercedes, à travers des prête-noms. L’homme d’affaires dirige également une compagnie importatrice de «canned food», conjointement avec un autre partenaire.  

 

Le propriétaire d’une maison de jeux dans les hautes Plaines-Wilhems intéresse également la police et la commission anticorruption. La police soupçconne qu’ils est très proche de Dade Azaree et aussi du directeur du bureau de change. Il est soupçonné de blanchir l’argent de la drogue dans son casino.