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Condamnation de Pravind Jugnauth : les jours d’après

Le leader du MSM, ici en compagnie de son épouse Kobita Jugnauth, se dit prêt à mener son combat jusqu’au bout.

Le leader du MSM a été trouvé coupable de conflit d’intérêts et a démissionné en tant que ministre. Comment peut-il envisager l’avenir ?

Rafales de mauvaises nouvelles. Avis de fortes houles sur la carrière politique de Pravind Jugnauth. La mer de son ambition est agitée. Conséquence d’une condamnation – il a été trouvé coupable de conflit d’intérêts dans l’affaire Medpoint – qui menaçait son ciel depuis quelque temps déjà. Pourtant, l’océan semblait calme depuis que le leader du MSM et sa bande avaient remporté les dernières législatives. Un beau temps, sans front froid et sans dépression. Un beau temps qui annonçait – par petites brises légères et pas toujours subtiles – la possibilité qu’il remplace son père au poste de Premier ministre. Ce tableau s’est, depuis cette semaine, un peu assombri de nuages gris. Pravind Jugnauth a démissionné en tant que ministre et sa sentence a été prononcée : une peine de 12 mois de prison qui devrait, en toute logique, être commuée en travaux communautaires.

 

Une décision de la cour qui sera annoncée le 16 juillet suite à une enquête sociale – une procédure normale – sur le leader du MSM. Le principal concerné et ses hommes de loi parlent déjà de faire appel du jugement. En ce moment, les rencontres se multiplient afin de définir une stratégie opérante et efficace afin que Pravind Jugnauth puisse reprendre le cours de sa vie politique au sein du Conseil des ministres. Pour l’instant, il reste parlementaire. Sa peine de 12 mois de prison lui permet de conserver son siège de député. Selon l’article 36 de la Constitution, la démission d’un parlementaire n’est obligatoire que s’il est condamné à une peine d’emprisonnement de plus d’un an. 

 

Et Pravind Jugnauth ne compte pas démissionner comme député. Et va, dit-il, mener son combat jusqu’au bout, jusqu’à ce qu’il soit blanchi : «Je suis solide. Je ne baisserai pas les bras.» Néanmoins, l’avenir du leader du MSM, qui semblait être tout tracé, doit-il être réécrit ? Le raz-de-marée nommé condamnation va-t-il ensevelir ses espoirs de remplacer son père au poste de chef du gouvernement ? Celui à qui Roshi Bhadain dédiait la victoire écrasante de l’Alliance Lepep aux municipales – en le décrivant comme «notre futur Premier ministre» – doit-il faire face à de longs jours – et même de longues années – de pluie ? Pas forcément. Pas de crise de confiance ni de perte de crédibilité, affirment les membres du MSM et les sympathisants de Pravind Jugnauth. Ils sont d’avis qu’il sera bien Premier ministre.

 

Élections 2019

 

Quand ? La question reste posée. Même si les avocats de Pravind Jugnauth demandent un «early trial» pour son appel, les procédures pourront prendre plusieurs mois et même plusieurs années : «L’appel en Cour Suprême peut prendre 12 à 18 mois et si jamais il décide d’aller au Conseil privé de la Reine, cela prendra encore une année ou deux, je pense. Oui, tout cela peut paraître long et on ne sera pas très loin des élections de 2019», explique Shafick Osman, géopoliticien.  Entre-temps, les données politiques actuelles auront, peut-être, bien changé.

 

De plus, si Pravind Jugnauth a décidé de démissionner de son poste de ministre sur la base de ses «principes», pourra-t-il devenir Premier ministre si jamais sir Anerood Jugnauth n’est plus en mesure d’assurer son rôle de chef du gouvernement (avant le verdict de son appel) ?  Si l’on s’en tient à la ligne des principes, ça fonctionne aussi bien qu’une sortie en pleine mer en alerte cyclonique maximale. Néanmoins, en politique tout est possible : «Pravind Jugnauth bénéficie d’une vague de popularité importante. Il est bien possible qu’à un moment au MSM, on estime que c’est le souhait du peuple de le voir au poste de Premier ministre et qu’il faut satisfaire le peuple», confie un ancien membre du MSM. Un scénario pas – totalement – farfelu. Sur les réseaux sociaux et sur les ondes des radios privées, nombreux sont ceux qui se sont exprimés en faveur de Pravind Jugnauth et ont confié leur assurance de le voir devenir le prochain chef du gouvernement.

 

Comme une percée par temps maussade : «Les gens se disent qu’il n’a ni volé ni été trouvé coupable d’un délit de corruption. Le délit de conflit d’intérêts est sévère aux yeux de la loi mais ne l’est pas tellement aux yeux du public. Et puis, il y a une comparaison facile avec Navin Ramgoolam qui, lui, n’a pas été condamné jusqu’ici. Et on ne peut empêcher les gens de faire cette comparaison simpliste», explique Shafick Osman.  Finalement, la condamnation de Pravind Jugnauth, ce n’est pas forcément que du noir pour l’homme et son parti. Quelques teintes de gris viennent nuancer les conséquences de cette condamnation (qu’on ne doit pas pour autant minimiser) : «Cela fragilise l’argument de Navin Ramgoolam et de ses acolytes rouges qui répètent, le temps de conférences de presse, que toutes les affaires autour du leader rouge ne sont en fait qu’une vendetta politique», poursuit le docteur en géopolitique.

 

Que se passera-t-il dans les prochains mois ? Difficile à dire. Reste que selon Shafick Osman, Pravind Jugnauth a toutes les cartes en main pour transformer cette «épreuve», avec tout ce que le mot peut avoir comme connotation négative, en expérience positive. Transformer les alizés… en rayons de soleil. Faire le tour du pays, rencontrer les gens de toutes les circonscriptions, consolider sa place dans la sienne : «Tout cela en vue de se propulser comme Premier ministre en 2019.»

 

Discuter, écouter. Comme pour faire campagne mais sans échéance électorale imminente : «Il pourrait être ce relais entre le peuple et les ministres et consolider ainsi les assises du MSM et de l’Alliance Lepep dans le pays. Si j’étais à sa place, j’en aurais aussi profité pour aller à la rencontre de Rodrigues, d’Agaléga et de Saint Brandon car un Premier ministre en devenir a le devoir de connaître la réalité dans les autres territoires de la République.» D’ailleurs, le leader du MSM a déclaré que même si son absence du Conseil des ministres sera un «handicap», il sera très présent sur le terrain.

 

Œuvrer avec les Mauriciens en attendant le résultat de son appel. C’est à ce moment-là que le tsunami se produira (ou pas) : «S’il gagne, il sortira de cette affaire comme un grand vainqueur. S’il a fait du terrain comme il le faut entre-temps, il sera logiquement le candidat à la primature en 2019.» En cas de défaite, les choses risquent de se compliquer quelque peu : «Il devrait alors y avoir un changement à la tête du parti avec peut-être la nomination (temporaire ?) de quelqu’un comme Nando Bodha, considéré comme le fils spirituel de sir Anerood Jugnauth, voire même peut-être l’arrivée en politique d’une Jugnauth... Mais on en est encore loin !»

 

Un scénario qui pourrait s’appliquer si l’actuel chef du gouvernement estime qu’il est l’heure de passer la main avant même que la procédure d’appel de son fils ne soit complétée. D’autre part, il faudra également attendre qu’un jugement soit rendu dans le cadre de cet appel afin que le Bar Council prenne – ou pas – des sanctions contre Pravind Jugnauth. Dans une déclaration, cette semaine, le président de cette instance, Me Antoine Domingue, l’a précisé : tant que le leader du MSM aura la possibilité de faire appel, le Bar Council ne pourra se pencher sur son cas. 

 

L’avenir politique et professionnel de l’ancien ministre des TIC se dessinera dans les prochains mois – voire années. Sa condamnation a propulsé sa vie dans une zone de turbulences…

 


 

Kobita Jugnauth : by his side

 

Elle n’a pas quitté son époux cette semaine. À chacune des apparitions de Pravind Jugnauth en cour, Kobita était là. Émue, elle a versé quelques larmes en apprenant que son mari avait été trouvé coupable de conflit d’intérêts. Déterminée, elle a défendu l’innocence de ce dernier : «Je ne suis pas d’accord avec le verdict de culpabilité. Je suis persuadée que Pravind sait ce qu’il doit faire. Il ira en appel pour établir la justice.» Inquiète, elle l’a été pour son mari mais aussi pour elle et ses filles : «Ce sont des moments difficiles.» Mais aussi tendue, puis soulagée que la peine d’emprisonnement puisse être commuée en travaux communautaires.

 


 

L’alliance Lepep : pas de changement

 

Est-ce que cette condamnation changera la donne au sein de l’Alliance Lepep ? Du côté du MSM, on est catégorique : absolument pas. Même avec le départ de Pravind Jugnauth du Conseil des ministres, le parti y est toujours majoritaire. Xavier Luc Duval, lui,  a montré ouvertement son soutien à Pravind Jugnauth et appelé à la solidarité au sein de l’Alliance Lepep. Ivan Collendaveloo, pour sa part,  a estimé que la décision du leader du MSM de démissionner comme ministre a démontré qu’il était un «homme d’honneur». De plus, le leader du ML a déclaré que Pravind Jugnauth connaîtra «un sort hautement favorable» suite à son appel.

 


 

Roshi Badhain fait dans les Tics…

 

…aussi. Outre le ministère de la Bonne gouvernance, Roshi Badhain s’occupe désormais de celui de la Technologie, de l’Innovation et de la Communication après la démission de Pravind Jugnauth,

 


 

Sir Anerood Jugnauth s’exprime…

 

Il n’a pas réagi à chaud. Du coup, nombreux sont ceux qui pensaient que sir Anerood Jugnauth se ferait conseiller concernant ses déclarations sur la condamnation de son fils dans l’affaire Medpoint. Pas du tout. SAJ s’est montré, comme à son habitude, direct : «C’est un mauvais jugement. Je ne suis pas d’accord avec ce jugement. Il n’y a aucun case contre Pravind. J’espère que nous aurons raison en appel.» De quoi faire tiquer de nombreux observateurs qui se demandent quelle est la limite quand on souhaite critiquer un jugement de la cour et s’il n’est pas nécessaire qu’un Premier ministre fasse preuve de retenue dans ce genre de situations.

 


 

Paul Bérenger : une commission d’enquête réclamée

 

La première réaction du leader des Mauves était attendue. Depuis la condamnation de Pravind Jugnauth, le mardi 30 juin, il n’avait pas souhaité se prononcer. Mais hier, samedi 4 juillet, Paul Bérenger s’est décidé à faire part de son point de vue lors d’une conférence de presse. Pour lui, Pravind Jugnauth doit cesser de se présenter comme une victime : «Il a été jugé coupable par la justice !» Le chef de l’opposition a également déclaré qu’il était nécessaire de faire toute la lumière sur cette affaire et qu’une commission d’enquête devrait donc être instituée. «Je mets au défi Pravind Jugnauth et sir Anerood Jugnauth de venir de l’avant avec une telle commission. Moi si j’étais Pravind Jugnauth et que je n’avais rien à cacher, je le ferais.» Paul Bérenger a également insisté sur le fait que l’argent déboursé par l’État pour l’achat de cette clinique doit être restitué.