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Compensation salariale | Patronat vs syndicat : le rapport de force

C’est la question qui fâche. Avec les discussions autour de la compensation salariale vient inévitablement le ballet des négociations et des contestations. Alors que les travaux en vue de déterminer la compensation 2017 sont en cours, patronat et syndicat s’affrontent.

Paiera, paiera pas ? Si tout ce qui vous intéresse, c’est de savoir combien vous toucherez comme compensation l’année prochaine et si cette somme vous soulagera un peu de vos dépenses, il faudra faire preuve d’un peu de patience. Sans surprise aucune, cette année encore, la compensation salariale est le sujet de toutes les discordes entre le patronat et la classe syndicale. Les deux camps n’ont pas manqué, une fois de plus, de s’affronter lors de la première réunion tripartite qui a eu lieu jeudi en présence du ministre du Travail, Soodesh Callichurn.

 

D’un côté, les représentants du patronat dessinent déjà un tableau sombre de la situation économique du pays et rejettent donc le paiement d’une compensation. De l’autre, les syndicalistes estiment que les entreprises devraient chaque année faire provision de cette allocation afin que tous les travailleurs puissent bénéficier de la croissance. Entre les deux, le gouvernement, dans quelques jours, devra trancher. En attendant que Pravind Jugnauth, ministre des Finances, annonce le montant qui sera alloué aux employés au courant de la semaine, les réunions tripartites continuent.

 

Entre les deux camps, les arguments s’entrechoquent.

 

Round 1. Capacité à payer vs inégalité sociale

 

Selon les représentants du patronat, payer une compensation salariale dans le contexte actuel est difficile. D’ailleurs, selon Statistics Mauritius, le taux d’inflation ne dépassera pas 1 % cette année. Pour Pradeep Dursun, Chief Operating Officerde Business Mauritius, il est important de ne pas imposer une compensation salariale aux entreprises si celles-ci ne peuvent la payer. Amar Deerpalsing, président de la Fédération des petites et moyennes entreprises,  abonde dans le même sens.

 

La compensation salariale, dit-il, devrait être considérée par rapport à la capacité de l’entreprise à payer et selon le gain de productivité. «À chaque fois qu’une entreprise paiera sans en avoir les moyens, le produit deviendra plus cher et elle perdra en compétitivité. Nous n’avons aucun filet de protection, aucun accord préférentiel sur le marché international.»Selon lui, la compensation salariale doit être sectorielle. Ainsi, les entreprises qui ont les capacités financières paieront la compensation. «Sinon, on va tuer l’industrie.»

 

En face, les syndicalistes ont l’impression d’assister aux mêmes réunions d’année en année. «C’est à chaque fois la même chose. Ils ne sont pas d’accord. Pourquoi faut-il constamment se battre pour que les travailleurs puissent avoir un peu de soulagement ?»s’insurge Rashid Imrith, président de l’All Employees Confederation. Selon lui, les arguments avancés par le patronat ne tiennent pas : «Sous l’ancien régime, ils ont bénéficié de stimulus packages. Avec le gouvernement actuel, ce sont des facilités au niveau des investissements comme pour les smart cities. Comment peuvent-ils continuer à se plaindre ?»

 

Dans une lettre officielle adressée à Pravind Jugnauth, Jane Raggoo, présidente de la Confédération des travailleurs du secteur privé (CTSP), milite pour réduire l’écart entre les riches et les pauvres, qui ne cesse d’augmenter. «Au cours des 30 dernières années, notre pays a connu une croissance avec en toile de fond l’inégalité sociale. Il est plus que temps d’y remédier.»

 

Round 2. Rien pour le patronat, Rs 500 pour le syndicat

 

Si le patronat propose que ce soit uniquement les entreprises qui peuvent se permettre de payer une compensation salariale à leurs employés qui le fassent, les syndicats sont tombés d’accord sur un chiffre. En janvier 2015, souvenez-vous, le gouvernement avait accordé une compensation de Rs 600 à tout le monde. En janvier 2016, c’était Rs 150 et Rs 250 pour ceux touchant moins de Rs 10 000. Rashid Imrith propose, lui, Rs 500 pour tous les travailleurs qui touchent moins de Rs 23 000 par mois. «Il y a des chiffres de référence qui doivent être pris en considération dans nos calculs. Par exemple, Rs 23 000. Ceux qui touchent moins que cette somme sont exemptés de taxe. Rs 16 000 pour ceux qui paient le National Pension Fundou le National Savings Fund

 

La CTSP, explique Jane Raggoo, propose également Rs 500 pour ceux percevant un salaire de moins de Rs 10 000 par mois et l’introduction d’un barème décroissant entre Rs 500 et Rs 350 pour ceux touchant entre Rs 10 000 et Rs 15 000. «Une décision doit être prise par le gouvernement pour compenser ceux qui gagnent plus de Rs 15 000. Nous proposons aussi que toutes les pensions comme la Basic Retirement Pensionet les allocations sociales soient augmentées de Rs 500.»

 

Round 3. Tripartite ou pas ?

 

Raj Makoond, Chief Executive Officerde Business Mauritius,a souhaité un changement de formule au niveau de la politique salariale à Maurice. Selon lui, le National Minimum Wage Councildoit être mis sur pied au plus vite et doit être la seule institution à calculer les salaires. «On ne peut avoir plusieurs mécanismes salariaux : le National Remuneration Board, le comité tripartite, les négociations collectives et bientôt le National Minimum Wage Council. Le gouvernement doit prendre une décision le plus vite possible.»Pour lui, moins de cafouillage il y aura au niveau du système, mieux se portera l’économie. Pour le patronat, le comité tripartite doit disparaître. Pradeep Dursun et Amar Deerpalsing l’ont aussi rejoint sur ce point.

 

Par contre, pour le corps syndical, le comité tripartite a toute sa raison d’être. C’est la plateforme où les trois parties peuvent discuter pour arriver à un consensus dans l’intérêt du travailleur. «Comme nous avons un taux d’inflation relativement bas, les consultations tripartites sont une opportunité en or pour le ministre des Finances de prendre des mesures correctives afin de s’assurer que le pays va vers une distribution adéquate des biens»,estime Jane Raggoo.

 

Pour Rashid Imrith, «la priorité aujourd’hui, c’est de compenser ceux au bas de l’échelle».Alors que dans la dernière réunion, Raj Makoond avait qualifié de «time bomb»le Wage Determination Mechanism, Ashok Subron, porte-parole de la General Workers Federation, est d’avis que la véritable bombe à retardement serait que les travailleurs ne puissent pas bénéficier de la croissance.

 


 

Soodesh Callichurn : Pas question de revoir le mécanisme salarial de sitôt

 

Le gouvernement n’accédera pas à la demande du patronat de revoir la formule de politique salariale à Maurice. Du moins, pas dans l’immédiat. C’est ce qu’a déclaré Soodesh Callichurn, ministre du Travail, après une réunion tripartite au cours de laquelle les représentants patronaux ont demandé à ce que le National Minimum Wage Council soit introduit au plus vite et que ce soit la seule instance à pouvoir statuer sur les changements au niveau des salaires à Maurice. Pour le ministre, si une telle décision est prise, cela se fera en concertation avec le patronat et le corps syndical.«Cependant, pour le moment, cette question n’est pas à l’ordre du jour», a-t-il déclaré. Une prochaine réunion tripartite aura lieu demain. Le montant de la compensation salariale devrait être annoncé par Pravind Jugnauth avant la fin de cette semaine.