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Christophe Angeline arrêté après neuf mois en cavale | Charlène Lajoie et Pryam Jogeshwarsing : «Il nous a martyrisés»

À 27 ans seulement, Torti, de son vrai nom Jean Christophe Patrick Angeline, a un lourd casier judiciaire. Vol, agression, tentative de meurtre et homicide involontaire sont autant de délits reprochés à cet habitant de Sainte-Croix. En cavale depuis neuf mois, il a été arrêté cette semaine lors d’une opération policière. Huit coups de feu ont été tirés avant de le maîtriser. Nous avons rencontré deux de ses présumées victimes qui témoignent de l’horreur subie entre ses mains.

Pour elle, se faire photographier est une démarche à la fois douloureuse et courageuse. Douloureuse parce qu’il lui est difficile d’accepter sa nouvelle apparence. Courageuse parce qu’elle arrive enfin à se dire que c’est elle la victime, parce qu’elle a décidé d’obtenir justice en témoignant de l’horreur qu’elle a subie.

 

Le 14 septembre, vers 1 heure du matin, Christophe Angeline n’a pas seulement défiguré Charlène Lajoie avec un sabre. Il a aussi détruit sa vie. «Je n’ose plus me faire photographier ou faire des selfies et les poster sur Facebook comme je le faisais auparavant», confie Charlène qui dit avoir honte de sa nouvelle apparence. «Je ne pourrai jamais accepter ce nouveau visage. Car je ne suis pas née ainsi. Je suis prête à faire une opération chirurgicale s’il le faut», lâche-t-elle, désemparée.

 

Sur son visage, deux cicatrices témoignent de la violence qu’elle a endurée. «Il n’a jamais accepté notre séparation. Il me disait toujours qu’il allait me défigurer pour qu’aucun homme ne s’intéresse à moi. Et aux petites heures du matin, le 14 septembre, il a débarqué chez ma sœur, où je passais la nuit, et m’a défigurée avec un sabre. Je dois mon salut à mes voisins», raconte-t-elle.

 

Charlène Lajoie a porté plainte au poste de police de Baie-du-Tombeau. Meurtrie dans sa chair, elle regrette aujourd’hui le jour où elle a croisé le chemin de Christophe Angeline, alias Torti. C’était l’année dernière. «Nous nous sommes rencontrés dans une boîte de nuit. Puis, nous avons décidé de sortir ensemble. Mais je ne connaissais pratiquement rien de lui. Je m’étais séparée de mon mari et lui aussi était séparé de sa femme. On voulait construire une nouvelle vie et je me suis installée chez lui», explique notre interlocutrice.

 

Enfermée

 

Mais leur vie de couple va connaître une première turbulence lorsque Torti se fait arrêter et passe trois mois derrière les barreaux. «Entre-temps, j’ai continué à habiter chez lui. Lui me disait qu’on l’avait accusé d’un vol qu’il n’avait pas commis. Il avait tourné toute l’histoire en sa faveur et je l’ai cru. J’ai même payé sa caution. À sa libération, nous avons continué notre idylle. Et c’est là que les langues ont commencé à se délier. J’ai appris ses nombreuses frasques. Il était violent et j’ai choisi de me séparer de lui. Mais il ne l’a jamais accepté», raconte Charlène. Ses moindres faits et gestes, dit-elle, étaient surveillés par Christophe Angeline à travers Facebook et les amis de ce dernier.

 

Après pratiquement cinq mois enfermée dans sa maison à Cité La Baie, Baie-du-Tombeau, Charlène Lajoie décide de se reprendre. «J’avais peur. Je ne sortais plus car il avait menacé de me tuer. Mais j’ai décidé de vaincre cette peur et de reprendre ma vie là où elle s’était en quelque sorte arrêtée. C’est ainsi que le 14 septembre, en allant passer la nuit chez ma sœur qui vit à quelques mètres de chez moi, Christophe a débarqué au beau milieu de la nuit. J’ai entendu frapper. J’ai cru que c’était un membre de la famille. Je n’ai pas regardé qui c’était et j’ai ouvert la porte. Puis, sans dire un mot, les coups ont commencé à pleuvoir, du sang coulait de partout.»

 

Depuis, Charlène porte des cicatrices au visage, au cou et aux bras. Lors de son agression, elle a même failli perdre plusieurs doigts de la main droite : «Il m’a coupé les tendons. Jusqu’à maintenant, je ne peux pas utiliser ma main droite.»

 

Pryam Jogeshwarsing, 27 ans, a aussi été le souffre-douleur de Torti. Cet habitant de Baie-du-Tombeau a échappéde justesse àla mort, maiss’en est sorti avec plusieurs séquelles. «Il m’a fracturé le bassin et m’a torturé pendant de longues minutes. Depuis, je ne peux plus travailler, je dois me déplacer avec des béquilles», confie ce jeune homme que nous avons rencontré chezlui. Avec force détails, il revient sur la soirée où sa vie a complètement basculé.

 

C’était le 1erfévrier. Pryam, agent de sécurité, assure le service dans une boîte de nuit située à Flic-en-Flac. Parmi l’assistance : Torti, des amis, ainsi qu’un groupe d’amis issu de la région de Quatre-Bornes. «Sur place, les deux groupes ont eu une altercation. Torti s’était moqué de la petite amie de l’un d’eux. J’ai essayé de calmer les choses et le couple a quitté les lieux, très furieux. Torti et ses amis continuaient à faire la fête. Mais quelques minutes plus tard, le couple en question était de retour devant la boîte de nuit, mais pas seul. Environ une dizaine de voitures étaient sur place. Les personnes étaient lourdement armées. Elles voulaient qu’on leur livre Torti et sa bande», soutient notre interlocuteur.

 

Menaces

 

Il fallait alors calmer les choses. «Nous n’étions qu’une petite équipe ce jour-là pour assurer la sécurité. Nous avons décidé de faire sortir Christophe Angeline et sa bande par la porte de derrière. Mais lui voulait l’affrontement et nous demandait de nous joindre à lui pour aller battre l’autre groupe qui attendait à l’extérieur. Au final, il est parti par la porte de derrière. Mais il m’a menacé et m’a dit que j’allais mourir dans quelques instants», raconte le jeune homme.

 

Après son service, en route vers la maison, il constate qu’il est suivi par un véhicule qu’il arrive à semer. Mais il est vite rattrapé : «J’étais à moto et le véhicule en question a foncé sur moi. J’ai été projeté sur le sol. Àterre, Christophe Angeline et un complice ont commencé à me tabasser, munis d’un gourdin et d’un sabre. Je criais de toutes mes forces. Des habitants sont sortis pour voir ce qui se passait. Mes ravisseurs ont alors pris la fuite.»

 

Suite à son agression, Pryam a passé plusieurs mois à l’hôpital SSRN, à Pamplemousses. Il a même dû être envoyé en Inde pour y recevoir des soins. «Ma mère m’a accompagné. Le gouvernement nous a aidés à hauteur de Rs 500 000. Mais les soins ont coûté Rs 1,4 million. Il me reste encore Rs 374 000 à rembourser. Et cet argent, je ne l’ai pas. Car depuis, je ne peux plus travailler. J’ai fait une demande auprès de la sécurité sociale pour avoir une pension d’invalidité. Mais jusqu’ici, je n’ai rien obtenu», déplore Pryam, qui a formellement identifié son présumé agresseur lors d’une parade cette semaine, après que ce dernier a été arrêté.

 

La déposition de Christophe Angeline concernant ces deux tentatives de meurtre n’ont pas encore été enregistrées par la police. Mais Pryam et Charlène, eux, savent que leur vie ne sera plus jamais la même. Toutefois, ils sont déterminés à ce que leur agresseur soit condamné pour les crimes qu’il a commis.

 


 

Lourd bilan criminel

 

La police a eu fort à faire afin de pouvoir maîtriser Christophe Angeline le mardi 18 octobre à Belle-Mare. En cavale depuis neuf mois, il a fallu une opération spéciale menée par plusieurs unités de police – dont le GIPM, la SSU et la CID de Terre-Rouge, sous la houlette de l’inspecteur Derochoonee – pour arriver à lui mettre la main dessus.

 

Sur la base de plusieurs informations, ces unités ont encerclé l’endroit où se trouvait Christophe Angeline aux alentours de 5 heures du matin. Dès que l’assaut a été donné, Torti a pris la fuite, muni d’une arme tranchante, en passant de toit en toit, avant de regagner la route principale. Mais ila été rattrapépar les forces de l’ordre qui ont dû tirer huit coups de feu afin de le maîtriser.

 

Lors de cette opération, trois personnes qui se trouvaient en compagnie de Christophe Angeline aumoment de son arrestation ont été arrêtées. Elles ont cependant étélibérées et aucune charge n’a été retenue contre elles. Sur place, un sac rempli de vêtements neufs ainsi que la somme de Rs 22 057 ont été saisis. Selon nos recoupements, Torti avait prévu de gagner Madagascar le même jour, en embarquant à bord d’un bateau à Trou-d’Eau-Douce.

 

Huit téléphones portables saisis sur place seront décryptés par l’IT Unit de la police afin de remonter la piste de ceux qui ont aidé Christophe Angeline durant sa cavale. La déposition de ce dernier concernant toute cette affaire n’a toutefois pas encore été enregistrée par la police.

 

À27 ans, Christophe Angeline, père d’un enfant de 2 ans, a entamé sa descente aux enfers il y a plusieurs années. En 2010, il est arrêté à deux reprises et écope de deux amendes, notamment pour possession de gandiaet trafic de drogue. L’année suivante, il est arrêté pour de nombreux délits de vol avec violence. Une motocyclette volée est même retrouvée en sa possession. Mais pour chaque délit, il retrouve la liberté contre des amendes.

 

En 2013, Torti refait parler de lui à la suite de l’enquête menée sur un cambriolage commis au domicile de Pravind Jugnauth dans la soirée du 21 juin, cette année-là. Quelques jours plus tard, la Criminal Investigation Divisionde Vacoas appréhende trois hommes, tous âgés de 23 ans, dont Christophe Angeline. Ce dernier confesse avoir pénétré par effraction dans la maison de Pravind Jugnauth et avoir fait main basse sur un revolver, son permis d’arme, deux passeports ainsi que des documents confidentiels.

 

Deux ans plus tard, il est impliqué dans un accident de la route ayant causé le décès d’une femme. La police se penche actuellement sur la réouverture de ce dossier afin de savoir si ce ne serait pas un crime maquillé en accident et si la victime avait un lien quelconque avec Christophe Angeline. Selon la police, une charge d’homicide involontaire avait été logée contre lui et il s’en était sorti avec une amende de Rs 75 500.

 

Le 1er février de cette année, Torti a violemment agressé Pyram Jogeshwarsing. Depuis, il était activement recherché par la police. Mais durant sa cavale, il a aussi agressé son ex-petite amie Charlène Lajoie, qu’il a défigurée avec un sabre. Nous avons rencontré la sœur de Christophe Angeline pour une déclaration sur cette affaire. Mais cette dernière n’a pas souhaité faire de commentaire.