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BAI : arrêt de la grève de la faim | Une lueur d’espoir

Les grévistes ainsi que les nombreux sympathisants à leur cause étaient présents pour le candlelight.

C’est terminé ! C’est à travers un grand rassemblement candlelight au Jardin de la Compagnie, dans la soirée du samedi 20 mai, que les détenteurs des plansSuper Cash Back Gold (SCBG) et Bramer Asset Management (BAM) de la défunte BAI ont mis fin à leur grève pour dénoncer le non-paiement à certaines victimes de ces deux plans. Bougies et témoignages poignants étaient au rendez-vous de cette soirée. Tous ont chaudement remercié Salim Muthy, porte-parole des grévistes, qui de son côté a fait l’éloge de ces derniers en les qualifiant de «héros». Après 13 jours sans manger pour les grévistes du Jardin de la Compagnie et 10 pour ceux de Belle Vue Maurel, une sortie de crise a donc été trouvée. Cela, suite à une deuxième rencontre des grévistes avec le Premier ministre, dans la journée du samedi 20 mai. Pravind Jugnauth a annoncé qu’il tenterait de trouver des solutions de financement en Inde où il se rend la semaine prochaine pour une visite officielle. Il a demandé du temps à ceux qui étaient présents à son bureau. Environ un mois. 

 

Pour Salim Muthy et les grévistes, «c’est une lueur au bout du tunnel». Ils arrêtent donc leur grève dans l’espoir que le PM respecte sa promesse.

 

Avant ce dénouement, cette semaine de combat a été longue et difficile pour les grévistes de la faim. Plusieurs ont été transportés à l’hôpital, il y a eu des mouvements de colère de la part des sympathisants, des cris du cœur et de désespoir. Découvrez-en quelques-uns, ici… 

 


 

À Belle-Vue Maurel : «Nous avons été abandonnés»

 

Samedi 20 mai. La salle du centre communautaire de Belle Vue Maurel est silencieuse. Sept grévistes de la faim – dont la députée Danielle Selvon, venue en soutien – mènent le combat pour eux et pour leurs camarades qui ont investi leurs économies dans le SCBG et la BAM à travers la Vidur Cooperative. Les habituels sympathisants ne sont pas encore arrivés et les grévistes profitent du calme pour se reposer un peu. Ils ne savent pas encore que c’est leur dernier jour de grève. Le réveil est difficile. Les dix jours sans manger, à samedi, commencent à grignoter le reste d’espoir, explique Sreekissoon Gobin : «Nous avons été abandonnés. Pourtant, le ministre mentor a commencé sa carrière ici.» Sookwantee Gobin, 74 ans, se sent mal : «Je ne suis pas sûre de tenir encore longtemps.» Elle ne savait pas encore que la grève allait bientôt s’arrêter. Deux autres femmes, Rita Koobarawa, 62 ans, et Chandrawtee Gobin, 67 ans, ont rejoint le mouvement en cours de route. Et cela fait déjà plusieurs jours qu’elles ne mangent pas. «Mo pa konpran, nou pe zis demann nou kas, pa kas lezot dimounn», confie la plus âgée. 

 

 

Danielle Selvon tient parole. Elle l’avait dit. Si le Conseil des ministres du vendredi 19 mai ne statuait pas sur le remboursement des victimes de la chute de la BAI, elle commencerait une grève de la faim. Et c’est ce qu’elle a fait en rejoignant le groupe de grévistes de Belle-Vue Maurel. Le samedi 20 mai, le «réveil» est un peu difficile pour elle : «Je n’ai pas dormi en réalité.» Pour la députée, il était nécessaire de s’engager : «Je suis une fille d’artisan, comme ces personnes qui ont investi dans la société coopérative. Je fais cette démarche en tant que parlementaire. Sinon, sérieusement, qu’est-ce que je fous au Parlement ?»

 

Doris Félix y était aussi. Elle dit avoir grandi à l’école du MMM. Mais comme le parti a changé, elle est désormais une militante orpheline. Elle s’est engagée dans la grève de la faim pour combattre toutes les injustices.

 


 

Histoires de femmes 

 

Elles discutent à voix basse, en ce vendredi 19 mai, assises sur des chaises en plastique rouges, mises à la disposition de ceux qui viennent en soutien aux grévistes de la faim au Jardin de la Compagnie, pour quelques minutes ou quelques heures. Parmi, Floryse Hack, retraitée et surtout très touchée par le sort des victimes de la chute de la BAI. Elle n’a pas investi d’argent dans le SCBG ou dans la BAM mais son cœur saigne en voyant ces hommes et ces femmes affaiblis par de longs jours de grève : «Je suis là pour les soutenir, pour dire non à l’injustice du gouvernement.» 

 

 

À ses côtés, Pauline Affoye est là pour les mêmes raisons (à une différence près : elle a investi dans la BAM mais a été remboursée presqu’en intégralité). Dans ses paroles, le sentiment de tous ceux présents : «Le gouvernement est sourd et aveugle. Le pouvoir lui est monté à la tête.» L’amitié de Paula et Floryse est fraîchement nouée. Autour des grévistes, les conversations s’entament naturellement. D’inconnu à inconnu, autour d’un même souhait : que ceux qui luttent obtiennent enfin ce qu’ils demandent. 

 

Chantal Casse est aussi présente. Pour son fils handicapé, elle a investi son argent, son lump sum, pour qu’il puisse se débrouiller quand elle ne sera plus là. Depuis, elle attend, comme d’autres, d’être remboursée. Alors, elle a décidé de donner de son temps :«Je n’ai pas le droit de rester chez moi. Alors, je viens les voir ici, à l’hôpital.»

 

C’est toute une communauté, dont les visages changent tous les jours, qui est venue en soutien. Et elle parle le même langage, en cette fin d’après-midi de vendredi, se demande où est passée la présidente de la République, celle qui avait assuré qu’elle serait proche du peuple, s’indigne face à «l’arrogance» de Pravind Jugnauth et de ce gouvernement «indigne» pour qui elle a voté. 

 

Elle s’appelle J. J. Elle ne souhaite pas dévoiler son identité, se présente comme J. J. et a le phrasé précieux. Elle est une femme de lettres, professeur et interprète de langues, choisit ses mots avec soin. Sa colère et sa frustration accumulées pendant deux ans d’attente interminable, elle a besoin d’en parler :«45 ans à donner des leçons et ils ont tout pris ! Ils nous ont détruits.» J. J. n’a jamais oublié les paroles de l’ancien Premier ministre devenu mentor, dit-elle : «Il nous a traités de gourmands. Mais ce sont nos économies. Nous avons sué sang et eau pour cet argent. N’est-ce pas lui qui est, à son âge, encore ministre ? Qui accumule les revenus et les salaires ? Qui est le plus gourmand ?» 

 


 

La longue marche 

 

«Ilne va pas bien.» De l’inquiétude dans la voix d’Anoushka. De la peur aussi. Son mari, Jean Éric, un des grévistes de la faim, est à l’hôpital depuis le vendredi 19 mai. Ce jour-là, c’est à bout de bras que les sympathisants présents au Jardin de la Compagnie l’ont porté alors qu’il se trouvait sur son matelas. Ne voyant pas venir le SAMU, qui avait été contacté à plusieurs reprises, et son état de santé inspirant de vives inquiétudes, ceux présents ont décidé de le déplacer à pied pour rejoindre l’hôpital Jeetoo.

 

 

Ils sont là

 

Des ombres furtives mais efficaces. Alors que tous les projecteurs sont braqués sur les grévistes de la faim, ces travailleurs sociaux passent leur journée et leur soirée à s’occuper des moindres détails de la vie des grévistes et de la vie qui gravite autour de ces combattants. Parmi, Emma Simathree : «Je n’ai rien investi. Mais cette souffrance me touche et j’ai besoin d’être là pour ces gens. J’ai vécu des choses difficiles dans ma vie et c’est pour ça que j’ai voulu me mettre au service des autres.» Il y a aussi Azam Rajabally qui nous confiait, le vendredi 12 mai : «Le Premier ministre ne s’inquiète pas du sort de ces hommes et de ces femmes qui se battent. Il n’a pas d’enfant ? Il n’a pas de cœur ? S’il ne fait rien, il est un vrai bourreau ! S’il y a une catastrophe, il en sera le responsable.»