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Amputée d’une jambe suite à un cancer

L’adolescente a fait de gros progrès.

Lors de notre première rencontre avec l’adolescente, il y a trois ans, elle se battait contre un cancer des os qui touchait sa jambe droite. Aujourd’hui, c’est une jeune fille épanouie qui, bien qu’elle se soit fait amputer, se bat pour réaliser ses rêves. Aidée en cela de ses anges gardiens, l’ancien footballeur français Robert Pirès et son épouse Jessica, qui l’ont prise sous leurs ailes protectrices.

Un sourire sincère et spontané illumine son jeune visage. Clara est heureuse et ça se voit. Fraîchement débarquée de France, il y a seulement deux jours, elle a ramené dans ses valises ses deux plus grandes fiertés : une médaille et une prothèse d’athlète. Car, derrière sa joie, se cache un rêve devenu réalité : courir à nouveau. Elle n’arrête pas de se revoir sur cette piste de course, s’élançant telle une gazelle avec sa toute nouvelle prothèse semblable à celle du champion sud-africain Oscar Pistorius, le premier amputé de l’Histoire à avoir participé aux Jeux olympiques. Elle sent encore le vent frapper son visage alors qu’elle avançait à grandes enjambées.

Et puis, elle se voit franchir, après deux tours de piste, la ligne d’arrivée en tête de la course et être ainsi sacrée grande gagnante de cette compétition organisée par l’hôpital Maritime de Berck, un établissement français de Soins de Suite et de Réadaptation. Quand elle y repense, Clara, 14 ans, a des étoiles plein les yeux. Il y a encore quelques mois, cet exploit aurait été inimaginable tant la maladie l’avait jetée à terre. Mais elle a su se relever grâce à la main que lui ont tendu l’ancien footballeur français Robert Pirès et son épouse Jessica. Depuis, le chemin parcouru est énorme.

 

Un jour de 2010, Clara, âgée de 10 ans, se plaint de douleurs à la jambe. Alors en cinquième, la gamine avait fait une chute à l’école plus tôt. Les jours passent, la douleur s’accentue et le pied se met à enfler. Pensant qu’elle a juste eu un mauvais coup, Patrick et Dorine Lecerf la conduisent à l’hôpital de Flacq où le médecin leur annonce, après plusieurs examens, qu’un bout de chair est en train de pousser sur son tibia. Après un scan à l’hôpital de Candos, Clara subit une première intervention chirurgicale. Sauf que trois mois plus tard, le même scénario se reproduit.

«Son pied s’est remis à enfler et lui faisait terriblement souffrir. Nous ne savions pas ce que c’était. Nous étions dans le flou et vraiment inquiets pour notre fille», explique sa mère. Désemparés, les parents de la jeune fille la conduisent immédiatement chez un médecin du privé. En moins d’un an, Clara, qui ne va plus à l’école, fera de nombreux allers-retours à l’hôpital où elle se fera opérer à deux reprises, sans succès. Son médecin décide alors de la déclarer inopérable à Maurice et elle se retrouve dans l’obligation de se rendre en Inde. «Nous avons dû faire des quêtes partout dans le pays pour réunir la somme nécessaire car l’argent donné par le gouvernement n’était pas suffisant. C’était vraiment dur», raconte Dorine.

Une fois en Inde, c’est le coup de massue : les Lecerf apprennent que Clara est atteinte d’un ostéosarcome, une tumeur maligne de l’os. C’est le choc. Devant la souffrance de leur petite dernière, Patrick et Dorine se sentent impuissants. En Inde, l’adolescente subit une nouvelle opération et rentre pour poursuivre un lourd traitement médicamenteux et des séances de chimiothérapie. Elle maigrit, est secouée de nausées et perd ses cheveux. Pour les Lecerf, cette souffrance est invivable.

Quand, quelques mois plus tard, son état de santé s’aggrave et qu’une enflure au pied refait surface, Clara est contrainte de se rendre une fois de plus en Inde où le diagnostic des médecins est sans appel : elle doit se faire amputer la jambe. Si sa famille est affligée par cette nouvelle, la jeune Clara, elle, ne se démonte pas, motivée par l’assurance des docteurs qu’il n’y aura plus de chimio.

Fan de sport et de mode

Ses proches admirent son courage et sa force face à l’adversité, malgré son jeune âge et la portée de cette opération qui la privera à jamais de sa jambe droite. «Clara a toujours été positive et très courageuse», déclare Patrick, son père. De retour au pays, en attendant que sa plaie cicatrise et qu’elle puisse mettre une prothèse, elle se déplace difficilement à l’aide de béquilles. À ce moment-là, les Lecerf sont loin de se douter qu’une rencontre changera la vie de Clara qui a alors 12 ans.

En effet, une voisine de la famille, qui travaille comme baby-sitter dans un hôtel, fait la connaissance du Français Robert Pirès, ancien joueur international de football, et de son épouse Jessica, à qui elle parle de l’histoire de Clara. Profondément touché par ce récit, le couple décide d’aller à sa rencontre. Entre eux, le courant passe immédiatement. Le sourire et la bonne humeur de l’adolescente séduisent immédiatement les Pirès qui décident de lui venir en aide en prenant en charge tous les frais de ses soins futurs. Par la suite, Clara s’envolera pour l’île de la Réunion à deux reprises pour des examens médicaux et se faire poser une prothèse. Le couple Pirès, inspiré par l’histoire et le combat de Clara, crée également l’association Le Rêve de Clara (voir hors-texte) qui a pour but de venir en aide aux enfants malades de l’océan Indien. Pour l’adolescente, les Pirès sont un peu comme ses anges gardiens : «Ils sont très gentils et je les aime beaucoup. Tout ça, c’est grâce à eux», dit-elle, consciente d’avoir une chance extraordinaire.

 

Amicale, la jeune fille n’hésite pas à venir en aide à ses amis.

Petit à petit, elle reprend goût à la vie, retrouve ses beaux cheveux, sa jolie silhouette et sa bonne humeur. Ses examens médicaux montrent qu’elle est en bonne santé. Avec sa prothèse, Clara s’épanouit. Elle pratique du sport car elle adore ça, elle reprend l’école et fait sa Form I dans un collège de Flacq. Avec ses deux grandes sœurs, Karine et Karen, qu’elle ne quitte jamais, elle s’amuse et fait du shopping. Comme toutes les adolescentes, Clara aime la mode.

En septembre 2013, elle s’envole une première fois pour la France pour rencontrer les Pirès dont elle est devenue la petite protégée. Le couple l’a inscrite au Centre de Soins de Suite et de Réadaptation de  l’hôpital de Berck. Là-bas, elle réapprend à marcher avec son nouveau pied. Sportive, elle se livre aussi à des séances d’entraînement. Elle y rencontre Séraphine, une jeune Malgache qui a perdu une jambe suite à une attaque de caïman. Les deux jeunes filles deviennent inséparables. «Elle est très joviale. Tout le monde la connaît là-bas et elle s’est fait beaucoup d’amis», souligne sa mère qui l’accompagne à chacun de ses déplacements. Clara, qui souhaitait voir la Tour Eiffel, réalise enfin son rêve.

«Une personne normale»

Lors d’un match de foot organisé par l’association pour récolter des fonds, la jeune fille rencontre de nombreuses stars du foot telles que Laurent Blanc, Sylvain Wiltord et Rio Mavuba. Sur le terrain, c’est Clara qui donne le coup d’envoi. Des artistes sont aussi présents : l’humoriste Malik Bentalha, le chanteur Grégoire et Maître Gims qui lui offre même sa casquette.

Le 9 mai dernier, Clara remet le cap sur la France. Cette fois, elle s’apprête à participer à une compétition – une course de 800 mètres – organisée par le centre. À Maurice, l’adolescente s’est entraînée dans un gymnase qu’elle connaît bien. «Je fais aussi du badminton, des abdos, du tennis de table et je cours. J’aime faire du sport. Parce que c’est bon pour la forme et que ça me fait un corps de mannequin», dit-elle avant d’éclater de rire. Une fois à Berck, elle découvre sa nouvelle prothèse pour l’athlétisme. Connue aussi comme la lame, il s’agit d’un dispositif artificiel qui a pour but de remplacer une partie anatomique de l’organisme.

 

Clara puise sa force de sa famille, composée de sa maman Dorine, son papa Patrick et ses deux sœurs Karine et Karen.

Sa joie est immense quand elle franchit, la première, la ligne d’arrivée munie de sa fameuse prothèse. La fierté et les félicitations des Pirès, de toute l’équipe de l’association et de ses amis la comblent de bonheur : «Ils n’arrêtaient pas de me dire que c’était extraordinaire. Ils n’arrivaient pas à croire que j’y étais arrivée. Ils m’ont dit que moi aussi je pourrais aller loin car j’apprends très vite. Là-bas, j’ai fait du volley-ball, de l’escalade. Je suis allée à l’écurie du père de Jessica.» À la maison où elle est rentrée ce vendredi 30 mai, Clara est une vraie star.

Avancer et aller encore plus loin, c’est aujourd’hui tout ce qu’elle souhaite. À 14 ans, Clara compte désormais poursuivre ses études et se perfectionner dans le sport. «Je me considère comme une personne normale. J’ai une jambe en moins, mais je ne fais pas de différence avec les autres», dit-elle d’un air assuré. Malgré les douloureuses épreuves auxquelles elle a dû faire face, Clara n’a jamais baissé les bras, faisant de sa survie et de sa réussite un combat de vie. Une belle leçon de courage qui inspire admiration et respect.

 


Jessica Pirès : «Clara est incroyable»

 

Au centre de Berck, avec sa mère Dorine, le couple Pirès et un membre du personnel de l’hôpital.

Quand il s’agit de parler de sa petite protégée, Jessica, mannequin et épouse de l’ancien joueur de football Robert Pirès, ne fait pas dans la langue de bois. «Radieuse», «agréable», «motivée»... les qualificatifs ne lui manquent pas pour décrire Clara. «Elle est incroyable, pleine de vie et tellement forte. Elle a beaucoup de potentiel», nous déclare Jessica Pirès. Quand elle a rencontré la jeune Mauricienne, il y a deux ans, l’épouse de Robert Pirès a été touchée en plein cœur. Alors en vacances à Maurice avec leurs enfants, les Pirès – ils seront de nouveau dans l’île à partir de demain (voir pg 85) – n’hésitent pas une seconde à se rendre au domicile des Lecerf, à Flacq, afin de rencontrer Clara. Lui venir en aide s’impose alors comme une évidence. Jessica et Robert Pirès s’engagent à prendre la jeune fille sous leurs ailes et financent deux voyages qu’elle doit faire à l’île sœur pour des soins et se faire poser une prothèse.  

En parallèle, ils lancent leur association qui a pour objectif de venir en aide aux enfants malades de l’océan Indien et la baptise Le Rêve de Clara en référence à la Mauricienne. «En voulant l’aider, je me suis rendue compte qu’il y avait beaucoup à faire dans la région, d’où le nom de l’association. Depuis, elle est venue deux fois en France pour sa rééducation, récupérer ses prothèses et sa lame car elle aimerait faire du sport. Je m’occupe également de Séraphine, une jeune Malgache qui a été amputée suite à une attaque de caïman. Nous essayons de trouver les meilleures solutions pour ces jeunes», explique la fondatrice de l’association.

En France, les enfants sont accueillis à l’hôpital Berck-sur-Mer, un centre de Soins de Suite et de Réadaptation connu pour offrir des services et des soins spécialisés, une prise en charge et un accompagnement adéquats aux amputés. Depuis qu’elle s’occupe de la jeune Mauricienne, Jessica Pirès suit avec attention le parcours de Clara et ne cache pas sa fierté face au progrès que celle-ci a fait en deux ans. L’adolescente était même à ses côtés lors d’une interview sur France 3 au centre de Berck. Sur la page Facebook de l’association, Jessica Pirès poste régulièrement des nouvelles et des photos témoignant des progrès de Clara et des autres enfants.

Voir Clara de nouveau sur pied, allant même jusqu’à remporter une course, est pour elle une source de motivation : «Nous avons besoin de nous faire connaître, que les gens sachent que nous existons.» C’est nécessaire pour qu’ils puissent continuer à venir en aide aux enfants malades et dans le besoin. L’association Le Rêve de Clara devait d’ailleurs prendre en charge Scott Sophie, 15 ans, qui était atteint d’un cancer des ganglions. Malheureusement, l’adolescent est décédé quelques jours seulement avant que les Pirès ne puissent intervenir.

 


Nous l’avions rencontrée en 2011

Quand 5-Plus dimanche rencontre Clara et sa famille pour la première fois en 2011, la jeune fille vient de fêter ses 12 ans. Affaiblie par la maladie et la chimiothérapie, elle mène toutefois une lutte acharnée contre le cancer. À cette période, Clara doit se rendre une deuxième fois en Inde, mais le financement manque. Sa famille lance alors un appel à l’aide à travers nos colonnes pour récolter les fonds nécessaires à ce déplacement. C’est lors de ce voyage qu’elle se fera amputer.