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Affaire Megh Pillay : L’inquiétante attitude de SAJ

Le Premier ministre se tait et ne prend pas position. Étrange. Mais que se passe-t-il dans le monde du bolom ?

C’est la (dé)fête ! Aux platines, le bide de l’été. Le DJ du gouvernement préfère rester aux vestiaires. Son morceau a des ratés – disk inn reye– et ses «fans», ceux de son cercle intime, sont de moins en moins nombreux. Sur le tempo du limogeage de Megh Pillay par le board d’Air Mauritius, sir Anerood Jugnauth drop it like it’s hot avec ses «je n’ai aucune opinion»,«je n’ai aucun commentaire» et «kot mo pu al konn sa»concernant les questions brûlantes du moment : est-ce que Megh Pillay sera réintégré ? Est-ce que le boardréuni pour décider du limogeage de l’ancien CEO était illégal ? Une attitude du bolom qui étonne, qui détonne même, par rapport à son habituelle verve. Mais elle serait symptomatique de l’actuel bad trip que vivrait l’Alliance Lepep, selon des politiciens de tous bords.

 

Où est passé le leadership du Premier ministre,qui serait de plus en plus esseulé au sein de son gouvernement, etson intérêt pour les affaires brûlantes du pays ? «Il n’y a plus de Premier ministre, il n’y a plus de gouvernement», estime Paul Bérenger en conférence de presse, le samedi 5 novembre. L’actualité donne du mordant au leader du MMM et des munitions en vue de la rentrée parlementaire qui aura lieu le 15 novembre. Mais au-delà de ces enjeux politiques gouvernement/opposition, l’affaire Megh Pillay – toutes ses implications et ramifications – fait trembler l’équilibre fragile de l’actuel gouvernement.  L’esprit n’est pas aux célébrations depuis un moment déjà. 

 

Et la révocation du CEO de la compagnie nationale d’aviation, le vendredi 28 octobre, ne serait que la goutte de jus qui aurait fait déborder le bol de punch. «Je crois que tout le monde a fini par comprendre : la passation de pouvoir ne se fait pas de manière sereine entre le père et le fils. Cette situation nous met mal à l’aise», confie un membre du MSM qui souhaite que l’actuel Premier ministre se retire. Mais les confettis pour ce départ ne sont pas encore au programme.

 

Néanmoins, ce proche de Pravind Jugnauth ne commentera pas les rumeurs qui laissent entendre que le leader du MSM ne serait pas étranger au renvoi de Megh Pillay. Ce que d’ailleurs Showkutally Soodhun dément : «Il faut cesser d’entacher la réputation de Pravind Jugnauth. Il n’a rien à voir avec le départ de Megh Pillay.»Les liens allégués de Pravind Jugnauth avec Mike Seetaramadoo (dont le passage en comité disciplinaire aurait précipité le départ du CEO) seraient au cœur de ces rumeurs. Une proximité que son Premier ministre de père ne cautionnerait pas (entre autres choses, évidemment).

 

«The right leader»

 

Le futur Premier ministre se trouve actuellement en mission en Chine. Son retour et ses commentaires sont très attendus. Son accession au pouvoir également par ses supporters du parti du soleil. D’ailleurs, la page Facebookofficielle du MSM, parlant des réalisations de son leader concernant ce business trip,ose un Pravind – the right leader for Mauritius. Un statusqui désoleun député MSM : «Because there is a wrong one ? Nous devrions apprendre à communiquer avec plus de subtilité.»Il n’infirme pas que nombreux sont ceux qui, au MSM, espèrent l’ère Pravind Jugnauth : «Le futur, c’est notre leader. Et nous espérons démarrer vite cette nouvelle phase.»

 

De point de presse en point de presse, Paul Bérenger dénonce «la pression»qui serait exercée sur SAJ pour qu’il se retire. Si Pravind Jugnauth assure qu’il ne convoite pas avec ardeur la place de son père, il y a des signes qui ne tromperaient pas. «Pour une fois, je vais dire que Bérenger a raison ! La vie au sommet ne doit pas être évidente pour SAJ. Mais il ne se laisse pas faire. Ce qui explique la cacophonie actuelle», lâche un ancien du MSM. D’ailleurs, interrogé sur l’état de ses relations avec son fils (et sur les conflits qui existeraient entre les deux hommes), SAJ devait répondre de manière énigmatique : «C’est à vous de juger, d’examiner et de tirer vos conclusions.»C’était lors de la cérémonie de commémoration de l’arrivée des travailleurs engagés. En pleine tempête Megh Pillay.

 

Il semble que pour bien afficher son soutien à Pravind (vs SAJ ?), il ne faut pas se prononcer contre le limogeage de l’ancien CEO. Et il faudrait même tenter de dévaloriser celui que de nombreux professionnels qualifient de right person at the right place. Roshi Bhadain, le ministre de la Bonne Gouvernance, qui serait un des rares soutiens de sir Anerood (et vice versa), aurait donc commis – encore ! –  un faux pas en rencontrant Megh Pillay – une mission qui aurait été guidée par SAJ – et en animant un point de presse à ses côtés. 

 

On le lui aurait fait entendre lors du Conseil des ministres du vendredi 4 novembre. Car le discours qui fonctionne en ce moment, c’est celui de Showkutally Soodhun, par exemple, qui a lancé un «personne n’est indispensable», entre autres piques à Megh Pillay. Ou même celui d’Ivan Collendavelloo, leader du ML, qui estime que l’ancien CEO est le seul responsable de ce qui lui est arrivé. D’autre part, le ministre de l’Énergie n’a pas été tendre envers Me Marc Hein, membre du boardet du PMSD, qui a ouvertement dit son soutien à Megh Pillay, a expliqué les raisons de son absence à cette fameuse réunion du 28 octobre – un délai trop court – et a déclaré que Xavier-Luc Duval était «très affecté»par les récents événements.

 

Au PMSD, on se la joue low profile. Commenter les propos de Marc Hein ou plus largement le limogeage de Megh Pillay semble être une mission impossible. En attendant le retour de leur leader, les troupes préfèrent jouer la carte du no comment. Le ministre du Tourisme, en mission en Grande-Bretagne, n’a, lui, pas dit grand-chose (mais en même temps, beaucoup de choses) : «Ceux qui ont pris la décision de renvoyer le CEO d’Air Mauritius doivent s’expliquer. Je veux dire ceux qui ont donné des instructions aux membres du conseil d’administration.»

 

Nombreux sont les observateurs politiques qui tirent la sonnette d’alarme : la situation actuelle – avec un pays pris entre deux chefs de file qui ne s’entendent pas – ne fait pas du bien à Maurice. Cette instabilité pourrait mener à une cassure du gouvernement, estime Jack Bizlall (ce que dément formellement, bien sûr, l’homme de toutes les réactions, Showkutally Soodhun). L’ambiance n’est pas vraiment à la fête !

 


 

Une sacrée semaine !

 

Il contre-attaque. Des vices de procédures, il y en a eu. C’est ce qu’estime Megh Pillay concernant la réunion du conseil d’administration qui devait décider de son limogeage. Il a donc contesté la résiliation de son contrat dans un courrier adressé au secrétaire et aux membres du conseil d’administration de la compagnie nationale d’aviation. Parmi les points avancés : le nombre restreint de membres du conseil présents et le fait que la plupart de ceux qui étaient là étaient des représentants du gouvernement.

 

Une rencontre. Elle a eu lieu avec le ministre de la Bonne Gouvernance, Roshi Bhadain.

 

Des déclarations chocs. Roshi Bhadain a affirmé lors du point de presse suivant cette rencontre que «si les fondamentaux de la bonne gouvernance étaient respectés, nous n’en serions pas là aujourd’hui»(déclaration qui lui vaudra les foudres de ses collègues ministres). Le ministre a aussi déclaré qu’il avait invité Arjoon Suddhoo, président du board d’Air Mauritius, à le rencontrer mais que ce dernier a décliné son offre étant pris par d’autres engagements.

 

Pour sa part, Megh Pillay a tenu à partager cette pensée : «Chacun son métier et ses responsabilités, les vaches seront bien gardées.»

 

Opération solidarité. Vendredi 4 novembre : des employés d’Air Mauritius, au Paille-en-Queue Court, décident de faire entendre leur voix en initiant une série d’initiatives en faveur de Megh Pillay suite à l’appel des syndicats. Au programme : une minute de silence, le port de l’uniforme même s’il s’agit du Casual Friday et la reprise de slogans pour demander la réintégration de l’ancien CEO de la compagnie nationale d’aviation.

 

À la rescousse. Le Mauritius Institute of Directors, qui promeut la bonne gouvernance avec la bénédiction du gouvernement, estime que le limogeage de Megh Pillay est «un écart sérieux aux meilleures pratiques de bonne gouvernance», en pointant du doigt le préavis très court donné aux membres du conseil d’administration avant la réunion.

 


 

Le code de bonne gouvernance : la priorité de Roshi Bhadain

 

Elle sera rendue publique dans quelques jours. C’est ce qu’a affirmé le ministre à la sortie du Conseil des ministres le vendredi 4 novembre. Il estime que le Code of Corporate Governanceapportera «de l’ordre». Déjà, lors de son point de presse aux côtés de Megh Pillay, il avait fait le point sur ce code qui avait été approuvé par le Conseil des ministres le 23 janvier 2015 (disant donc que la façon de faire du board d’Air Mauritius ne respectait pas ces règles).

 

What happened ?

 

Megh Pillay a été licencié de son poste suite à une décision d’un conseil d’administration qui a eu lieu le vendredi 28 octobre. Les relations tendues entre Megh Pillay et le président Arjoon Suddhoo seraient une des raisons de ce limogeage. L’affrontement sur le dossier Mike Seetaramadoo, Executive Vice-President du département commercial de la compagnie nationale d’aviation, n’avait pas arrangé les choses entre eux. Ce dernier avait été suspendu de ses fonctions (à cause des doutes sur ses diplômes et ses qualifications). Alors que le CEO insistait sur la tenue d’un comité disciplinaire, Arjoon Suddhoo avait offert une promotion et une augmentation de salaire à Mike Seetaramadoo (entre autres avantages), et avait annulé cette réunion à plusieurs reprises. Megh Pillay, lui, avait persisté dans sa démarche… jusqu’à son renvoi.

 


 

Paul Bérenger : «Le gouvernement est tout-puissant à Air Mauritius»

 

Sur l’affaire Megh Pillay. Pour Paul Bérenger, c’est sir Anerood Jugnauth qui a demandé la suspension de Mike Seetaramadoo. Et Pravind Jugnauth qui est derrière le limogeage de Megh Pillay. Il ne faudrait donc pas accuser le board. «Le gouvernement est tout-puissant à Air Mauritius, c’est inutile de tout mettre sur le dos du boardIl a également dit son inquiétude sur ce qu’il décrit comme la démission de l’Alliance Lepep : «Il n’y a plus de Premier ministre, il n’y a plus de gouvernement.»

 

Sur l’affaire Hurreechurn. D’autres allégations signées Paul Bérenger concernant le suicide d’Arvind Hurreechurn, arrêté pour trafic de drogue. Selon lui, l’opération à Goodlands est un moyen de brouiller les pistes car le «big boss» de ce réseau serait un proche d’un dirigeant du MSM.