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«Accaparement» des plages : Le combat sur tous les fronts

Ils ont décidé de donner du fil à retordre aux autorités sur le plan citoyen et judiciaire. Une bataille que ces citoyens engagés mènent pour préserver les ressources côtières de l’île.

Des grains de sable… de la contestation. Ils en sèment au vent pour que le message s’infiltre dans les consciences et dans les esprits. Pour que la vague du «changement» ne balaie pas les plages publiques. «Ils», ce sont des individuels, membres de la société civile, présents dans les plateformes, qui oeuvrent contre la déproclamation des plages publiques (pour en faire des projets hôteliers) et la privatisation des pas géométriques (dans la même optique). Depuis plusieurs mois – et contrairement à ce qui avait été annoncé dans leur programme électoral (voir plus loin) –, l’équipe gouvernementale de l’Alliance Lepep, menée par le ministre du Logement et des terres, Showkutally Soodhun, enchaîne ces décisions administratives réduisant, selon les contestataires, sensiblement la portion de plage accessible au public et empiétant sur les plus belles ressources côtières de l’île (notamment du Sud).

 

Le ministre affirme que ces décisions sont prises pour la création d’emplois et pour le développement des régions concernées (et que d’autres morceaux de plages ont été proclamés publics). Les protecteurs de l’environnement et les citoyens engagés, eux, refusent de laisser du terrain. Et ils comptent se battre. D’ailleurs, plusieurs Judicial Reviewsont été demandées concernant le changement de statut de plages telles que Blue-Bay, Saint-Félix, Rivière-des-Galets et Bel-Ombre, mais aussi le «don» des pas géométriques des plages de Pomponette et Plaines-des-Roches à des promoteurs étrangers. C’est toute une partie du sud de l’île qui s’apprête à connaître des changements sans précédent.

 

Mais ce serait sans compter les différents mouvements qui ont décidé de se battre : Aret Kokin Nu Laplaz (AKNL), Sov Nu Laplaz (SNL) et le Forum Citoyens Libres (FCL) mais aussi Lalit et Rezistans ek Alternativ. Actuellement, une pétition circule pour stopper ce «festival laplaz» (pour la signer, cliquez ici : http://bit.ly/2flGk9a) et une manifestation sera organisée le 30 novembre, à midi, au Jardin de la Compagnie, a annoncé le collectif AKNL, cette semaine. Un des animateurs de ce mouvement est Yan Hookoomsing, qui condamne, entre autres choses, le flou total entourant le «partage» de ces plages. Pour lui, les décisions du ministre du Logement et des terres sont scandaleuses et immorales : «Que fait-il de la promesse de l’Alliance Lepep durant la campagne électorale de corriger les scandales des terres du régime Ramgoolam ?»

 

Première victoire

 

Mais le combat ne se fait pas uniquement sur le terrain. Il se passe en Cour également. D’ailleurs, demain, lundi 14 novembre, la demande de révision judiciaire instituée par AKNL concernant la plage de Blue-Bay sera entendue. C’est là où Le Peninsula(Blue Lagoon) a obtenu le morceau de plage que son mur d’enceinte avait grignoté il y a bien longtemps suite à, selon l’hôtel, une erreur de plan. Et c’est face à la justice que les mouvements citoyens ont déjà obtenu une première victoire concernant le projet hôtelier du groupe Currimjee à La Cambuse (l’hôtel Le Chaland). La construction de cet établissement a été gelée grâce à une injonction interlocutoire obtenue auprès de l’Environment and Land Use Appeal Tribunalà la suite d’une demande du FCL. Dans ce cas, un jugement de la Cour suprême est attendu.

 

AKNL a aussi contesté le projet, évoquant, entre autres choses, les dégâts qu’ils pourraient provoquer sur l’environnement immédiat sensible qui se trouve aux alentours de La Cambuse (du côté du groupe on assure mettre en place un projet respectueux de l’environnement). D’ailleurs, un autre des arguments donnant du poids aux contestations des défenseurs de ces plages en détresse, c’est bien la décision, datant de 2005, de la National Development Strategy(NDS), qui a force de loi. Elle a créé une South Coast Heritage Zone : pour faire simple, une zone – de Blue-Bay à Baie-du-Cap – décrétée comme étant sensible et, donc, devant être protégée de grosses constructions. Dans cette région délimitée, c’est le tourisme chez l’habitant et le développement éco-citoyen qui sont prônés, explique Sam Gounden de AKNL.

 

Georges Ah-Yan, représentant de la SNL et du FCL, estime qu’il faut être sur tous les fronts pour faire avancer la cause. Pour lui, les Mauriciens ne doivent pas baisser les bras, c’est pour cela qu’une série de manifestations auront lieu dans le sud de l’île : «C’est un combat citoyen. Nous ne sommes pas d’accord que le gouvernement enlève des pans de la plage publique pour les donner à des promoteurs.»D’ailleurs, c’est aux côtés des contestataires que s’est rangé Judex Rampaul, le président du syndicat des pêcheurs (les travailleurs de la mer ont la possibilité d’obtenir une compensation si un projet hôtelier est lancé dans leur région). Néanmoins, il estime que l’argent ne suffit pas à tout accepter : «Les pêcheurs ne sont pas les propriétaires de la plage, ni de la mer. Nous vivons dans cet environnement marin et nous avons la responsabilité de le protéger.»

 

Georges Ah-Yan, lui, est d’avis que c’est un devoir pour tous les Mauriciens de s’assurer que le côté sauvage de l’île soit conservé. Mais il ne s’exprime pas pour autant contre le développement, explique-t-il : «Il peut se faire de l’autre côté de la route côtière afin que tout le monde, touristes et Mauriciens, puisse continuer à profiter de cette plage.»Une réponse cinglante à Showkutally Soodhun qui défend avec une certaine virulence ses projets, accusant même les organisations de trop en faire (voir plus loin). Ses propos acerbes n’empêcheront pas, néanmoins, les semeurs de grains de sable de la contestation de continuer leur combat…

 

Les «bons» mots de Soodhun

 

- «Dimounn ki pou manze ? Disab ?»Le vendredi 4 novembre, le ministre estime que si les projets hôteliers du sud de l’île ne voient pas le jour, les Mauriciens devront changer leur régime alimentaire.

 

- «Nou pe donn move laplaz pu lotel e nou pe donn bon laplaz piblik. Dimounn ti pe mor mem laba.» Le vendredi 30 septembre, Showkutally Soodhun fait preuve d’une logique imparable.

 

- «Nous vivons certes dans un pays démocratique. Mais ce n’est pas une raison pour abuser de cette démocratie.»Petits mots du ministre aux responsables des mouvements de contestations qu’il trouve «irresponsables». La démocratie aurait-elle des limites ? (le 30 septembre).

 

Flash-back !

 

Dans le manifeste électoral de l’Alliance Lepep, en pleine campagne de 2014, nous pouvons lire les «promesses» avancées ici.

 

La rubrique : Qualité de vie.

La sous-rubrique : environnement.

L’explication : traduire dans les faits le concept Île Maurice durable.

 

Les propositions :

 

  • Réaliser un audit environnemental de toutes les plages (...). Des mesures correctives seront immédiatement prises et tout développement illégal, toute dégradation de l’environnement ou de l’écosystème sera sanctionnée.
  • La politique déterminant l’allocation des pas géométriques à des promoteurs, d’éventuels transferts de baux (...) sera complètement revue.
  • Tout projet de construction devra respecter des paramètres en ce qui concerne le coefficient d’occupation du sol, l’alignement des routes, les régions côtières, les zones humides et l’écosystème marin.