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Bernadette Perrine : souvenirs d'anciens Jeux des îles

Sa famille, son réconfort.

Elle détient deux records nationaux : un lancer de 54m57 au javelot et un autre de 13m79 au poids. Après six participations aux JIOI, elle vivra l’édition de cette année en tant que coach. Flash-back…
 

Il lui suffit de fermer les yeux. Et elle s’y revoit. Car tout est encore ancré en elle. La solidarité entre les athlètes, l’esprit de famille, l’ambiance fraternelle qui règne dans les vestiaires ou au sein du village des jeux, le stress et l’adrénaline qui habitent les corps au moment de passer à l’action, sans oublier les frissons et le sentiment de fierté qui prend le dessus quand tout un gradin, tout un peuple, se met à applaudir en scandant : «Allez Maurice !» Un cri d’encouragement qui pousse à se surpasser et à donner le meilleur de soi-même pour faire honneur à un pays.

 

Puis, il y a ce poids dans la poitrine et cette vive émotion quand les yeux tournés vers le ciel admirent un quadricolore qui flotte au vent et qui symbolise la victoire d’une nation chantant le Motherland. Un hymne qui galvanise et rassemble. Non, elle n’a rien oublié !

 

Les yeux brillants, en survêtement rouge, pour clairement démontrer son appartenance à son pays, Bernadette Perrine, 44 ans, nous reçoit, ce mercredi 3 juillet, au cœur du stade Maryse Justin, à Réduit. Au même moment, de nombreux jeunes s’entraînent. Sourire avenant, personnalité pétillante et la tchatche facile, elle est déjà dans les starting-blocks. C’est gonflée à bloc qu’elle   attend impatiemment la 10e édition des Jeux des îles de l’océan Indien, qui se tiendra à Maurice du 19 au 28 juillet. «C’est un grand moment qu’il faut vivre», lâche la spécialiste des lancers (poids et javelot), tout en saluant ses nombreux amis athlètes venus s’échauffer en cet après-midi d’hiver, sous un soleil timide.

 

Comme si elle feuilletait un grand album, il ne lui est pas difficile de revivre ses années de jeunesse, des moments «magiques». Et si elle accorde autant d’importance à cet événement qui approche à grands pas, c’est parce que c’est à travers le sport qu’elle s’est construite et qu’elle est devenue une «femme complète». «J’avais 18 ans quand j’ai participé à mes premiers jeux, se remémore Bernadette Perrine. J’étais jeune mais je savais déjà ce que je voulais. Dans ma catégorie, deux Réunionnaises étaient les favorites mais cela ne m’avait pas empêchée de viser un podium. Je devais coûte que coûte décrocher une médaille et je l’ai fait. J'ai eu le bronze. C’est ce jour-là que la flamme s’est allumée en moi.»

 

L’avènement des jeux et les préparatifs qui précèdent ces quelque 10 jours de rassemblement sportif n’ont fait que lui rappeler ce moment où elle a attrapé pour la première fois la fièvre des jeux. «Pour mes premiers jeux, je me souviens avoir côtoyé des gens comme Judex Lefou, Kersley Gardenne ou encore Nadine Benoît, entre autres, tous animés par une seule chose : faire briller les couleurs de Maurice», confie la maman de Maëva, 20 ans, d’Aninya, 16 ans, qui pratique aussi le lancer, et de Dwayne, 14 ans.

 

Vingt-six ans (de carrière) plus tard, cette habitante de Baie-du-Tombeau, qui ne cache pas avoir son île Rodrigues au fond du cœur, ne compte plus les «nombreuses récompenses» qui ont jalonné son parcours. Elle qui totalise six participations aux JIOI et un palmarès de 10 médailles, dont deux en or. Elle détient également deux records nationaux : un lancer de 54m57 au javelot et un autre de 13m79 au poids.

 

Apprentissage

 

«Je ne regrette absolument pas d’avoir choisi la voie sportive», ajoute celle qui n’avait que 10 ans lorsque l’entraîneur français Jacques Dudal et le technicien mauricien Joël Sévère lui ont fait simuler un lancer. «C’était avec un bout de bambou», se rappelle Bernadette Perrine qui avait 16 ans lorsqu’elle a débarqué à Maurice. La suite n’a fait qu’être riche en apprentissage et en expériences : «Ils ont vu que j’avais le profil d’une bonne lanceuse.» Depuis, Bernadette ne s’est plus jamais arrêtée, s’acharnant à se perfectionner en mettant toutes les chances de son côté : «Pour moi, c’était bien plus qu’un simple loisir. La sensation que j’éprouvais en étant en action était indescriptible. C’est là où je me sentais le mieux.»

 

Parmi les grands souvenirs qu’elle chérit, il y a notamment les derniers Jeux des îles à Maurice, en 2003. «J’avais accouché de ma fille Aninya le 1er janvier, se souvient notre interlocutrice. Cela faisait un moment que je ne m’étais pas entraînée. Durant la même année, je m'étais aussi fait opérer à un orteil. Autant de choses qui jouaient contre moi. Mais après une visite de Michael Glover, je me suis laissé convaincre. Depuis le mois de mars de cette année, je me suis entraînée intensément et pieds nus. J’ai alors choisi de vivre à fond ce moment. J’avais aussi participé à l’édition de 2003 pour ma bonne copine Daflorence Edouard qui est décédée des suites d’un accident. J’avais inscrit sur mon T-shirt : For you my angel.»

 

Voilà à peu près quatre ans que Bernadette Perrine, qui a aussi un palmarès sur le plan international – Jeux africains (Zimbabwe), Championnats d’Afrique Seniors (Cameroun), Jeux de la Francophonie (Madagascar), Championnat d’Afrique (Sénégal et Tunisie) –, a arrêté les compétitions. Et cela fait deux ans et demi qu’elle endosse la casquette de coach : «C’est un nouveau challenge. J’aime beaucoup l’idée de partager, transmettre mon savoir et voir une autre personne exploiter son potentiel.» C’est donc aux côtés de la lanceuse Jessica Rossun, qu’elle encadre depuis octobre 2018, que l’entraîneuse vivra les jeux de cette année : «Ce sera mes premiers jeux en tant que coach. Ce sera différent mais je sais que ce sera tout aussi magique.»

 

Pour Bernadette, aussi connu comme Sista Liberty-Jah, les JIOI, ce n’est pas uniquement une question de médaille. C’est surtout un grand moment festif où le sport, la fraternité, le patriotisme et la fierté sont célébrés. En attendant de plonger dans ces 10es jeux, il lui suffit de fermer les yeux pour revivre instantanément ses années de gloire…