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Dans l’enfer du surendettement

Sanioula et Isabelle Chamoo ont retrouvé le sourire.

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Ramanaden et Adakalen ont peur de perdre leur maison.

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Ghienson Milazar a tout perdu.

Après les (grosses) dépenses de décembre, le mois
de janvier est assez difficile à gérer sur le plan financier. Aussi, certains se sont-ils plongés dans la spirale
du surendettement pour diverses raisons dont l’achat
à crédit. Témoignages.

C’est un stress au quotidien ! À 73 ans, Adakalen Vissalathee ne sait plus à quel saint se vouer. Sa maison peut être saisie à tout moment. La peur de se retrouver à la rue avec son fils Ramanaden, âgé de 48 ans et atteint d’épilepsie, la ronge perpétuellement.

Cette situation, elle s’y est retrouvée en 2006, lorsqu’elle a découvert que son fils était malade. «Il avait contracté un prêt en 1999 car il construisait sa maison au-dessus de la mienne. Mais lorsqu’il a eu des complications de santé, il a cessé de travailler et touche uniquement une pension de l’état. Du coup, il n’est plus en mesure de rembourser son prêt tous les mois», explique Adakalen. Elle poursuit : «Une menace de saisie pesait sur notre maison. Mais nous avons pu trouver une solution avec l’emprunteur. Depuis, je débourse Rs 1 000 de ma pension de vieillesse tous les mois. Mais le capital reste le même car nous avons des arrérages d’environ Rs 100 000 à payer. Tous les mois, ce montant augmente.»

Au-delà du fait de devoir rembourser un prêt contracté par son fils, Adakalen se retrouve sans le sou à chaque fin de mois, une fois ses dettes payées. «Entre les factures d’eau, d’électricité, de téléphone et l’achat des couches pour mon fils, il ne nous reste pratiquement rien. Je n’ai donc pas d’autre choix que d’acheter des aliments à crédit. Une fois mon compte réglé auprès du boutiquier, j’achète aussitôt d’autres denrées à crédit», explique-t-elle.

Tout comme Adakalen, Ghienson Milazar, âgé de 56 ans et père de neuf enfants, croule sous les dettes. Pis, ce Rodriguais a tout perdu. Il y a cinq ans, Ghienson s’est vu dans l’obligation de quitter son île pour s’installer à Maurice, sa maison ayant été vendue à la barre. Et ce, dit-il, sans qu’il en soit informé. «J’avais contracté un prêt pour lancer une affaire. Mais après quelques années, j’ai eu des difficultés à rembourser cet emprunt. Du coup, la banque a déduit Rs 219 000 que j’avais comme dépôt fixe sur mon compte et qui a servi à rembourser les arrérages accumulés, sans m’en informer», raconte-t-il.

Et comme un malheur n’arrive jamais seul, sa maison a, un beau jour, été vendue à la barre par celui qui l’avait achetée. «Je vis actuellement à Arsenal. Je paie un loyer de Rs 5 500 et j’ai un fils handicapé. Notre vie est loin d’être facile. J’ai entamé des poursuites car on aurait dû m’informer de la vente de ma maison. Elle est désormais sous scellés à Rodrigues et même le nouveau propriétaire ne peut occuper les lieux», affirme Ghienson.

La vie n’est pas tout rose non plus pour tant d’autres, dont cette femme de 33 ans que nous avons rencontrée à Sainte-Croix. La jeune femme, mère de famille, a toutes les peines du monde à subvenir aux besoins de ses trois enfants, tous mineurs. «Je suis divorcée et mon ex-mari s’est établi au Canada. La cour l’a sommé de verser une pension alimentaire de Rs 3 000 par mois aux enfants. Ce qu’il ne respecte pas. Je suis endettée jusqu’au cou à force de tout acheter à crédit. Mon salaire n’est que de Rs 11 000. Cela ne suffit pas. J’ai entamé des démarches auprès de plusieurs instances de l’État, mais nul ne peut m’aider à cause du montant de mon salaire», se révolte-t-elle.

Si d’une part, il y a ceux qui ne parviennent pas à sortir de l’enfer du surendettement, d’autre part, certains arrivent à remonter la pente. Sanioula et Isabelle Chamoo, deux habitants de Rose-Hill, font partie de ceux-là. «Nous n’avons pas dormi sur nos deux oreilles pendant des années. Après la maladie de mon épouse, je ne pouvais plus travailler car je devais rester à ses côtés. Du coup, je n’arrivais plus à payer mon housing loan», explique Sanioula. Il poursuit : «Un beau jour, nous avons reçu une lettre nous disant que notre maison allait être vendue. J’ai donc consulté la banque sachant que j’étais couvert par une assurance au moment de la transaction. C’est alors que j’ai découvert que mon épouse, elle, n’était pas assurée. Mais nous n’avons cessé de nous battre. Il y a cinq mois, un accord a été trouvé et la banque en question a accepté de retirer l’affaire qui était en cour.»

Ce genre de cas, Salim Muthy, président du mouvement Sale by Levy, et Thandrayen Pillay, président de l’association Sale by Levy and Justice, en rencontrent tous les jours. «Il est regrettable de constater que certaines de nos institutions bancaires ne respectent pas la Protection of Borrowers Act de 2007. Je leur lance un appel afin que tous leurs clients soient traités de la même façon lorsqu’ils font appel à leurs services. Tant qu’il y aura des vices de procédure, des maisons seront vendues à la barre», observe Thandrayen Pillay.

Même constat du côté de Salim Muthy. Ce dernier avance que le surendettement fait rage dans le pays. Une situation qu’il associe au chômage, à la baisse du pouvoir d’achat et au coût élevé de la vie. Il soutient que «la plupart des Mauriciens arrivent tout juste à régler leurs factures et à manger à leur faim. Certains ne parviennent plus à régler leurs achats à crédit ou à rembourser leurs emprunts. La flambée des prix a une répercussion sur les salaires et ce sont les pauvres, ainsi que la classe moyenne, qui sont les plus affectés».

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