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Une loi “divine” qui est loin de faire l’unanimité

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Bilkiss Hossen et Jack Bizlall

L’éventuelle réintroduction de la ‘Muslim Personal Law’ (MPL) à Maurice ne fait pas que des heureux. Si Bilkiss Hossen, deuxième épouse...

L’éventuelle réintroduction de la ‘Muslim Personal Law’ (MPL) à Maurice ne fait pas que des heureux. Si Bilkiss Hossen, deuxième épouse de Cehl Meeah, ne trouve aucune raison pour que cette loi “divine” ne soit pas réintroduite, Jack Bizlall s’y oppose farouchement car, pour lui, c’est une “question des lois et des libertés qui transcende les religions”. Soulignons que le rapport Moolan sur la MPL était à l’agenda du Conseil des ministres le vendredi 16 janvier dernier mais qu’il n’a, toutefois, fait l’objet d’aucune discussion au sein de cette instance car Pravind Jugnauth, le vice-Premier ministre, n’était pas au pays.

Q : Que représente la ‘Muslim Personal Law’ pour vous?
Bilkiss Hossen : La MPL est une partie des lois mutuelles révélées par Dieu qui réglemente particulièrement l’aspect du mariage, du divorce et de l’héritage du musulman. La MPL représente aussi un droit fondamental des musulmans. Droit acquis mais bafoué par des manigances politiques. La mise en pratique de la MPL projettera certainement l’essence d’une nouvelle dimension de la justice divine pourvu qu’elle soit administrée par des gens valables islamiquement.

Jack Bizlall : Je n’ai rien à voir avec cette loi, sinon que je considère personnellement que le Coran doit être interprété différemment ou appliqué autrement et que la MPL ne doit pas être introduite. Les Mauriciens de confession islamique doivent comprendre que cette loi va ouvrir la voie à toutes sortes de tractations politiques et qu’elle va amplifier le communalisme anti-musulman qui est déjà très fort dans certains milieux à Maurice. Le pays a besoin de vivre sans de telles contradictions inutiles.

Q : Cette loi est-elle discriminatoire contre les femmes?
Bilkiss Hossen : Sans doute que non, puisque c’est une loi révélée par Dieu. Comment peut-on imaginer un Dieu injuste qui fait de la discrimination à travers ses lois ? Comme on dit en anglais : ‘little knowledge destroys’. Je fais un appel pressant aux femmes musulmanes pour qu’elles acquièrent une éducation adéquate concernant la MPL. Cette éducation est nécessaire pour s’encadrer et s’orienter vers une perception d’une époque préservant l’intégrité humaine.

Jack Bizlall : Les hommes et les femmes étant tous égaux et les citoyens étant égaux, aucune loi ne peut créer des exceptions de nature discriminatoire. Deux types de discriminations seraient créés avec l’imposition de la MPL. Le premier concernerait les femmes qui exigeraient que les mêmes droits leur soient accordés; l’autre concernerait les non-musulmans. Par ailleurs, personne ne peut décréter que quelqu’un est musulman ou ne l’est pas. L’Islam existe sous d’autres règles que le christianisme. Je pense que n’importe qui pourrait se déclarer musulman afin de bénéficier de la MPL. Soyons clairs : cette loi favorise grandement les hommes puisque nous vivons dans une société patriarcale. Pour qu’un musulman puisse appliquer la MPL dans l’esprit du Coran, il faut qu’il soit un saint homme qui ne boive pas, ne joue pas, ne commette pas l’adultère ni de fraude, entre autres, et ces oiseaux rares n’existent dans aucune société. La MPL va bénéficier seulement à quelques notables musulmans mauriciens qui ont les moyens de commettre des perversions et qui souhaitent trouver un refuge dans la MPL pour les légaliser.

Q : Comment, selon vous, la ‘Muslim Personal Law’ peut-elle fonctionner aux côtés du code civil existant?
Bilkiss Hossen : Bon voyons! Il y a bien des pays où ce fonctionnement est déjà établi, notamment à Singapour, en Inde, au Royaume-Uni. Notre gouvernement doit tout simplement avoir la volonté d’honorer l’engagement pris pendant les négociations pour l’accession de ce pays à l’indépendance. Rapellons que c’est Anerood Jugnauth qui a abrogé la MPL pour se venger de la communauté musulmane qui avait, jusque-là, soutenu inconditionellement le MMM. Anerood Jugnauth a lui-même intercepté le Dr Dawood qui était officiellement chargé, à l’époque, de la modification de la MPL. À cette époque, le MMM cautionnait la démarche hypocrite de Jugnauth. On se demande de quel droit des malhônnetes viennent aujourd’hui se présenter comme des défenseurs de la MPL. Est-ce qu’ils ont compris l’essence même de cette loi? Bien sûr que non ! Ils ont besoin plus que jamais de cette communauté pour en faire une fois de plus leur marchepied.

Jack Bizlall : La MPL n’est pas adaptable à notre Constitution républicaine. Toute loi organique qui se placerait en contradiction avec notre institution peut être cassée en Cour. La MPL ne peut donc être introduite comme une loi organique. Il faudra amender la Constitution afin d’introduire cette loi et je ne vois pas, à l’Assemblée nationale, la majorité des parlementaires soutenir une telle loi. Seule une tractation politique pourrait les faire changer d’avis. Je m’engage publiquement à contester la MPL en Cour et ce, sous n’importe quelle forme qu’elle pourrait être imposée. C’est une question des lois et des libertés qui transcende les religions. C’est une question de droit aussi.

Q : Au 21ème siècle et dans un état laïque, comment cette loi peut-elle exister?
Bilkiss Hossen : Je crois que la question devrait être posée dans le sens inverse : Au 21ème siècle, comment la MPL n’existe-t-elle pas dans un état laïque? Ce que je veux dire, c’est que la nature même de cette loi est une garantie pour préserver la laïcité de l’État, plus particulièrement dans ce 3ème millénaire où le monde pense en termes de globalisation. La MPL garantit aussi la préservation des droits fondamentaux des individus qui se sont soumis au Créateur tout en s’intégrant parfaitement dans nos sociétés modernes sans imposer leurs convictions religieuses. L’existence de la MPL renforcerait les principes de la démocratie dans un état séculaire où le respect des idéaux prévaut avec une liberté totale.

Jack Bizlall : Il n’y a pas de référendum possible sur la MPL. À mon point de vue, l’Assemblée nationale n’a pas de pouvoir pour défendre cette loi, Nous sommes en République et nous constituons déjà un État laïque. Il y a des libertés qui transcendent la Constitution. On ne peut, par exemple, réintroduire l’esclavage par décision du législateur. D’autre part, l’égalité devant la Constitution est une règle fondamentale. Si, par malheur, la MPL est introduite, le pays ne sera plus une République selon la définition actuelle forgée par la Révolution et les combats politiques de plus de trois siècles.

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