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Nelly Beg : «Des femmes sous emprise psychologique»

La violence derrière des portes closes. Là, où on est censé se sentir en sécurité. L’horreur que vivent les femmes, victimes de violences conjugales. La tragique histoire de Vilasha Sooriah, tuée par son époux il y a quelques semaines, a rappelé qu’en silence, de nombreuses femmes vivent des heures sombres. Et c’est trop souvent, malheureusement, la mort qui leur redonne leur voix. Actuellement a lieu 16 jours d’activisme contre les violences envers les femmes (du 25 novembre au 10 décembre). Et la thématique est la suivante : «Tous unis ! Investir pour prévenir la violence à l’égard des femmes et des filles.» La France a décidé d’offrir une aide financière aux victimes de violence. Nelly Beg, fondatrice et responsable des structures de l’Association pour l’accueil des femmes et des enfants en difficulté (AFED), réagit à cette nouvelle et jette un regard sur le système local. 

En ce moment, une campagne mondiale et annuelle a lieu pour dire «non» aux violences faites aux femmes. La thématique parle d’investir. En France une aide financière d’urgence pour les femmes victimes de violences conjugales a été lancée le 1er décembre. Qu’en pensez-vous ?

 

C’est formidable. Et plus que nécessaire car bien souvent les femmes restent avec leurs bourreaux car elles ne sont pas indépendantes financièrement. C’est une des raisons importantes, mais pas la seule bien sûr. Et, si on peut aider de façon pratique sur cette question, c’est toujours une bonne chose. J’espère que Maurice s’en inspire. Je pense que s’il y a un coup de main financier, cela faciliterait énormément la décision d'une séparation en cas de violence domestique.

 

Quel est votre regard sur le système qui existe à Maurice pour venir en aide aux femmes qui se retrouvent dans des situations de violence ?

 

Il y a pas mal de lois et d’aides pour les femmes victimes de violences ici. Et beaucoup d’entre elles valent la peine. Il y a le Protection Order (PO), l’Occupancy Order et même le Tenant Order qui aident les femmes victimes de violence qui ont enfin le courage de dénoncer. L’État aide à différents niveaux, les ONG s’engagent en faisant de la prévention et de la réhabilitation pour aider ces femmes à se reconstruire, à trouver du travail. D’autres font de l’écoute active. Il existe des centres de refuge, là je pense à Passerelle, dont le but est d’offrir un cadre sécurisé aux femmes et à leurs enfants… C’est très bien tout ça. Il y a des ressources, il y a de la volonté. Ça aide. Mais ce n’est pas suffisant. Ce ne sera jamais assez, bien sûr.

 

Que faudrait-il faire pour améliorer ce système d’aide ?

 

J’entends souvent dire que les autorités vont proposer des lois plus sévères pour protéger les femmes ; ce serait bien. Le législatif peut avoir un aspect dissuasif. Il faudrait, peut-être aussi, plus de plateformes d’écoute moins protocolaires pour qu'une personne victime se sente à l’aise de parler de ce qu'elle vit sans pour autant se sentir jugée. Il y a des points comme ça à revoir, à améliorer afin d’aider encore plus et mieux. Mais il y a des choses à faire également en profondeur, dans le temps… Pour des résultats à long terme. Pour moi, tout doit commencer dès la petite enfance ; l’école doit apprendre aux petits garçons et aux petites filles le respect d’autrui. Les parents, également ! Qu’ils fassent ce qu’il faut comme cela on n’aura plus ce besoin de réhabiliter ! D’autre part, il est nécessaire de communiquer de toutes les façons possibles afin que les Mauriciennes connaissent leurs droits. Je parle énormément de viol conjugal et je peux vous assurer que beaucoup de femmes ne savent pas que ça existe et qu’elles en ont été victimes. Pour terminer, j’estime que la psychologie est essentielle dans la prise en charge ; certaines femmes sont sous une telle emprise psychologique que malgré les aides, malgré les lois, elles passent tout sous silence. Il est regrettable de voir, qu’aujourd’hui, beaucoup de femmes meurent sous les coups de leur conjoint violent. Et il est dommage de voir que beaucoup d’entre elles bénéficiaient d’un PO. S’il y a, pour moi, un souci, c’est plus dans le suivi des victimes. Peut-être que s'il y avait un meilleur suivi, on aurait pu prévenir plus de choses.

 

Infos pratiques

 

Pour vous aider si vous êtes victime de violence :
La hotline du ministère de l’Égalité : 139.
Celle de l’ONG Passerelle : 5882 1000.
Et de SOS Femmes : 233 3054.

 

N’oubliez pas qu’un panic button est disponible sur une application du gouvernement : Lespwar. Cette appli contient de nombreuses ressources qui peuvent vous aider si vous êtes en situation difficile.

 

Pour en savoir plus sur cette campagne : https://www.unwomen.org/fr/what-we-do/ending-violence-against-women/unit....