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Le meurtre d'Indurman Gaungoo, 60 ans, déguisé en noyade : le bouleversant témoignage de son frère Bissoonduth

Bissoonduth Gaungoo est bouleversé d’avoir perdu son frère dans de telles circonstances.

Cet habitant de Mahébourg, pêcheur depuis son plus jeune âge, avait toujours été un excellent plongeur et nageur. C’est la raison pour laquelle ses proches n’ont pas voulu croire à la thèse de noyade lorsque son corps a été repêché de la rivière Tombeau, dans la localité, le lundi 2 mai. Une enquête approfondie a conduit à l’arrestation de deux individus une semaine plus tard. Ils sont passés aux aveux pour meurtre. Bouleversés et choqués, la famille du pêcheur témoigne…

La rivière La Chaux, aussi connue comme la rivière Gheude ou la rivière Tombeau, est située au coeur de Mahébourg. Pour Bissoonduth Gaungoo, qui vit dans la localité, ce lieu est réputé pour avoir marqué l’enfance de bon nombre d’habitants, dont la sienne. De cet endroit, il avait toujours gardé des souvenirs formidables. Plus jeune, son frère aîné – Indurman Gaungoo, plus connu sous le nom de Satyanand – l’y conduisait régulièrement pour s’y baigner et passer un bon moment. «Se enn landrwa ki nou konn par ker. Nou finn bien al laba ar fami depi nou tipti», confie-t-il. Mais en une fraction de seconde, tous les bons souvenirs qu’il s’était créés à cet endroit se sont évaporés. Il n’arrive plus à s’enlever de la tête que son frère y a vécu ses derniers moments… 

 

À la tombée de la nuit, le lundi 2 mai, un collègue de Bissoonduth Gaungoo s’est présenté à son domicile. Celui-ci, qui whabite non loin de la rivière, était venu lui annoncer une nouvelle qui allait chambouler son existence et celle des siens. «Il m’a raconté qu’après avoir fait ses courses, il se rendait chez lui lorsqu’il a rencontré le conducteur d’un camion. Ce dernier, qui effectuait des travaux dans la ruelle menant à la rivière, lui a confié qu’un homme venait de s’y noyer.»

 

Ainsi, après avoir déposé ses provisions à la maison, le collègue de Bissoonduth Gaungoo s’est rendu à la rivière Tombeau pour s’enquérir de la situation. «Se limem ki finn ed lapolis pou tir lekor-la dan delo. Ler li finn gete, li finn trouve ki se mo frer sa», explique tristement notre interlocuteur. Sa première réflexion : «Kouma enn dimounn ki viv dan delo finn kapav mor dan delo ?» En effet, à Mahébourg, ils sont nombreux à savoir qu’Indurman Gaungoo est un excellent nageur et plongeur, étant pêcheur depuis son plus jeune âge. Mais que lui était-il donc arrivé ?

 

Quand son corps a été découvert, l'homme de 60 ans ne portait aucune trace de blessure visible. La police privilégiait alors la thèse de la noyade. Mais l’autopsie pratiquée par le Dr Jankee, médecin légiste de la police, a apporté d’autres éléments à l’enquête. Celle-ci a révélé que la victime ne s’était pas noyée mais avait succombé à un oedème pulmonaire aigu. L’équipe du Field Intelligence Office (FIO) de la division sud a ainsi effectué un travail de fourmi afin de savoir où le sexagénaire s’était rendu avant le drame. Après avoir interrogé plusieurs habitants de la localité, les limiers ont appris qu’il avait été aperçu en compagnie de Francesca Sansquartier, une habitante de la localité, âgée de 29 ans, plus tôt, ce jour-là. Interpellée le mardi 10 mai, celle-ci a été soumise à un feu roulant de questions et a avoué avoir tenté de maquiller le meurtre d’Indurman Gaungoo en noyade. Elle a également dénoncé son concubin, Anand Pydiah, âgé de 43 ans.

 

«Dès le départ, je savais que quelque chose de louche s’était produit», explique Bissoonduth Gaungoo. «Je refusais de croire que mon frère avait pu trouver la mort en se noyant.» Pour cause, «sa larivier-la, depi tipti nou ti pe al laba avek nou fami. Zame sa landrwa-la finn fer li per. Linn bien naze laba. Mo kone ki bann aksidan kapav arive, me enn zafer koumsa pa ti gagn drwa ariv li. Depi li tipti, li finn montre boukou so bann kamarad naze, plonze. Li ti tro konn delo pou kapav mor koumsa».

 

Dispute

 

Les aveux de Francesca Sansquartier ont confirmé ses soupçons. Une affaire de moeurs serait à l’origine de la tragédie. Dans sa déclaration à la police, la jeune femme a déclaré avoir tenté de vendre ses charmes à la victime qui était sous l’influence de l’alcool. Elle a ajouté avoir ensuite essayé de le prendre en photo en sous-vêtements pour pouvoir lui soutirer de l’argent. Une dispute aurait alors éclaté, a-t-elle expliqué. Son concubin se serait ensuite présenté sur les lieux et tous deux auraient agressé le sexagénaire qui s’est écroulé. Ils auraient alors balancé son corps dans la rivière pour faire croire à une noyade, avant de prendre la fuite.

 

Toutefois, pour l’heure, les proches d’Indurman Gaungoo refusent de croire en la version avancée par la suspecte. «Mon frère était marié, avait deux enfants et vivait aisément. Il avait une vie heureuse. Tous les matins, il se levait tôt et accompagnait son épouse à l’arrêt d’autobus pour qu’elle se rende au travail. Il a toujours été un homme attentionné et dévoué envers sa famille», soutient Bissoonduth Gaungoo. Selon lui, son frère ne se serait jamais laissé embarquer dans une histoire pareille.

 

«Indurman avait été récupérer l’argent de sa pension ce jour-là. De plus, étant pêcheur, il avait bénéficié de l’allocation du gouvernement après le naufrage du Wakashio il y a quelques mois. Il ne manquait de rien. Est-ce que le couple a voulu lui soutirer de l’argent ?» Il n’écarte pas la possibilité que le suspect Anand Pydiah ait pu tout orchestrer : «Nous sommes parentés. Il habite à une centaine de mètres de notre maison. Il connaissait sûrement la situation financière de mon frère. A-t-il voulu lui voler son argent ?»

 

Le décès d’Indurman Gaungoo est un drame de plus qui s’ajoute aux malheurs de cette famille qui a perdu deux autres proches il y a à peine quelques mois. «C’est vraiment chagrinant. Perdre un proche dans de telles circonstances, c’est très dur. Nous sommes bouleversés, choqués. En plus, il laisse derrière lui deux enfants. Zot ti kapav kokin li me zot pa ti bizin touy li. Zordi, nou dan la tristes ek nou pa pou kapav bliye enn zafer koumsa. Nou espere ki lapolis fer so lanket ek ki gouvernman pran an konsiderasion sa ka-la», lâche Pravesh Gaungoo, un neveu de la victime.

 

Le seul réconfort de cette famille est qu’Indurman Gaungoo a quitté ce monde après avoir concrétisé tous ses projets : «Il avait un toit, une famille aimante et ses deux enfants gagnent bien leur vie. Il a pu accomplir tout ce qu’il avoit toujours souhaité.» Issu d’une fratrie de sept enfants, le sexagénaire est décrit par son frère comme un homme «intelligent, débrouillard et qui avait bon coeur. Il manquera à tous ceux qui l’ont côtoyé».

 

Le vendredi 13 mai, Francesca Sansquartier et son concubin Anand Pydiah se sont à nouveau rendus sur la scène de crime, accompagnés des limiers du Scene of Crime Office (SOCO), pour une reconstitution des faits. Ils ont expliqué aux enquêteurs avec précision comment le drame s’est produit. Une accusation provisoire de meurtre pèse sur eux. Après cet exercice, ils ont été reconduits en cellule, en attendant leur prochaine comparution en cour.