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La formation des tempêtes actuellement suivie de près : ils racontent ces cyclones qui ont marqué leur esprit

Nanda Pavaday et Martine Fong Wendy Rex remontent le temps en se rappelant des expériences associées au passage d’un cyclone.

Dingani est le cinquième système nommé à évoluer dans nos parages. À l’heure où nous mettions sous presse, il était sous surveillance et les professionnels gardaient un oeil sur son évolution. Si le pays n’a pas été visité récemment par de grands cyclones, beaucoup se souviennent des moments difficiles après le passage d’une tempête. Retour sur ces expériences vécues qui marquent à vie...

Il y a ces images saisissantes. Ces scènes de la nature qui se déchaîne. Ces bruits effrayants. Ces rafales violentes, ces fortes pluies battantes, ces montées des eaux, ces arbres gigantesques qui se retrouvent à terre, ces feuilles de tôle tournoyant dans les airs, ces maisonnettes détruites et ces fils électriques arrachés, entre autres destructions. Il y a aussi ces sentiments de peur, de détresse, d’insécurité et d’incertitude au moment où tout se retrouve à tourner autour d’un cyclone qui évolue aux alentours de notre île. Impossible d’avoir l’esprit tranquille, de fermer les yeux. Il faut veiller, attendre, parfois à la lueur des bougies, scotché aux nouvelles à la radio, en restant sur le qui-vive pour pouvoir fuir en cas de danger.

 

Ceux et celles qui ont connu le passage d’un cyclone violent sur l’île savent de quoi il en retourne. Entre les procédures – quand tout se met à l’arrêt : écoles, boulot, commerces, transports –, le folklore avec ce générique d’avis cyclonique que beaucoup connaissent, ces souvenirs autour de la préparation de farata, les bons petits plats en famille et les jeux de société, sans oublier ceux qui appréhendent la saison cyclonique car vivant dans des conditions précaires et des maisons fragiles, ces moments où un cyclone s’invite dans nos parages sont des périodes que beaucoup de Mauriciens d’une certaine génération ont vécu.

 

Si l’île n’a pas connu de grands cyclones ces dernières années, de nombreux systèmes qui nous ont visité dans le passé sont ancrés dans les mémoires. Il y a eu : Alix le 16 janvier 1960 avec des vents de 200 km/h, Carol le 25 février 1960 avec des rafales atteignant 256 km/h, Jenny le 27 février 1962, Gervaise le 5 février 1975 avec des vents de 280 km/h, sans oublier Claudette le 21 décembre 1979 et ses rafales de 221 km/h ou encore Hollanda le 9 février 1994 avec du vent atteignant 216 km/h. Certains noms reviennent plus souvent : Carol ou encore Gervaise qui, entre dégâts, décès et destructions, ont laissé des images qui restent dans la tête.

 

Des souvenirs

 

En ce mois de février, l’évolution des systèmes dans notre région est suivie de très près avec les formations de la saison. Au cours de la semaine écoulée, la station météo de Vacoas a baptisé la tempête tropicale Dingani et à l’heure où nous mettions sous presse, elle était très surveillée, surtout qu’elle a pointé le bout de son nez en ce mois de février réputée pour avoir accueilli plusieurs grands cyclones dans le passé.

 

Lorsqu’il remonte le fil de ses souvenirs, l’auteur Nanda Pavaday se souvient particulièrement du cyclone Claudette en 1982. «J’étais en 3e et j’avais peut-être 8 ans», nous dit l’écrivain qui raconte l’histoire Cyclonn Class 4 dans son livre Tizistwar nou pays. «Je me souviens qu’il n’y avait plus d’électricité et pour nous, la famille, c’était particulier parce que mon frère avait pris part aux examens de la 6e. On était pauvres et ma mère avait été prendre une radio chez un de nos voisins parce que les résultats devaient être proclamés. Et c’est dans ces conditions très particulières qu’on avait appris que mon frère avait décroché une bourse. On était très contents d’entendre son nom. J’associe depuis toujours ce moment au cyclone Claudette», nous raconte Nanda Pavaday, très nostalgique. «Un cyclone ramène la famille ensemble. On a tous des souvenirs de cyclone que nous avons vécus en famille», ajoute-t-il.

 

Dans son livre, l’auteur revient sur une nuit particulière au moment où le pays était justement sous la menace d’un cyclone. Il se souvient ainsi, dans son livre, des adultes qui «veillaient jusqu’à fort tard à la lueur des bougies en écoutant la petite radio pile qui donnait les nouvelles dans tous les coins de l’île, tandis que la speakerine de service essayait, de sa voix douce et réconfortante, d’accompagner et de rassurer toute la population durant la nuit». C’est à travers ses écrits qu’il revient sur cette expérience très particulière du passage d’un cyclone qui est une parenthèse qu’il a voulu partager en la racontant.

 

En parlant de speakerine à la radio, Martine Fong Rex-Wendy, ex-Miss Météo, a aussi un souvenir spécial autour d’une nuit qu’elle a passée à la radio, à l’antenne, pour accompagner et tenir informés les auditeurs de la station nationale alors que dehors un cyclone soufflait de toutes ses forces. «C’était en 2018. J’ai passé la nuit à la MBC», confie-t-elle. Fidèle au poste, c’était pour elle gratifiant de pouvoir se mettre au service des auditeurs, même si elle vivait souvent ces moments en étant loin de sa famille et de ses filles. «Elles étaient avec mes parents. Je pense qu’elles s’étaient habituées à cette vie, où je travaille les jours fériés, pour Noël, le Nouvel An… et les jours de cyclone», souligne l’ancienne Miss Météo.

 

De cette longue soirée cyclonique, elle se rappelle surtout des échanges qu’elle avait eues avec les personnes qui téléphonaient à la radio pour témoigner. «C’était long, fatigant mais tellement agréable. Ce qui était vraiment étonnant, c’était que même à 3 heures du matin, les appels téléphoniques n’arrêtaient pas. Je me souviens avoir adoré discuter avec les auditeurs, leur tenir compagnie et les accompagner durant cette nuit pas comme les autres», nous confie Martine qui se souvient qu’il régnait une ambiance particulière dans le studio. «C’était différent des autres jours. Notre boss (responsable de la radio) était avec nous et les appels étaient non-stop...»

 

Christophe Leroux, président de la Vintage & Classic Car Owners Association, pense, lui, tout de suite à une histoire associée au passage du cyclone Carol en 1960, quand sir Gaëtan Duval, qui venait d’être élu dans la ville de Curepipe, avait, avec l’aide d’un «jeune gabelou», passé outre les ordres du surintendant Soon Constantin en réquisitionnant une jeep Land Rover pour aller sillonner les rues de Curepipe. «Il avait, entre autres, aidé à transporter à l'hôpital une dame qui habitait à la rue Derby», confie Christophe Leroux, en revenant sur cette histoire à jamais liée au terrible cyclone Carol...