Entre eux, il est question de feeling. Ils semblent se comprendre. Et pourtant, leur rencontre ne date que de quelques jours. Il n’a suffi que d’un premier contact, de quelques échanges et de techniques bien ficelées, dont lui seul à le secret, pour que le courant passe. Car à voir Pierre-André Barradel en action avec Tonnerre de Peley, on ne se douterait pas que le cavalier et le cheval se connaissent à peine, tant chaque mouvement est maîtrisé. Le piaffer, les changements de pieds et autres pirouettes au galop sont bien exécutés. C’est que Pierre-André Barradel connaît bien son sujet, à tel point que beaucoup parlent de lui comme de quelqu’un qui a «un don» pour communiquer avec les chevaux et qui sait mieux que personne comment les faire danser.
C’est à Belle-Mare, dans un domaine qui abritait auparavant l’ancienne prison du village, que nous rencontrons le jeune amoureux des chevaux, entouré de ses fidèles amis, de son épouse Francine et de Noémie Barragan, directrice de Horse Pro Ltd Mauritius. D’abord, les présentations. Et c’est la maîtresse des lieux, Noémie Barragan, qui s’en charge. «J’ai beaucoup d’artistes sur mes réseaux sociaux. Je suis en admiration devant eux, dont Pierre-André Barradel, qui a un style qui lui est propre. Il fait du dressage haute école. C’est sa spécialité. Pour moi, il a un don. C’est l’un des seuls qui arrivent à faire danser les chevaux. Il est naturel et je lui ai proposé de venir à Maurice. À ma grande surprise, il a accepté et, du coup, il est là parmi nous et il aimerait partager sa passion pour les chavaux et former les Mauriciens», explique-t-elle. «Il est disponible jusqu’à la fin de ce mois. D’ailleurs, nous ferons une animation le 22 septempre, à partir de 10 heures, au Domaine Les Palétuviers, dans le Nord, à Anse La Raie, pour le Horse Power Festival.»
Place maintenant à l’expert. «J’ai 31 ans. Je suis né à La Réunion et j’ai été adopté à l’âge de 5 ans», confie Pierre-André Barradel. «J’adore les chevaux depuis ma tendre enfance mais je n’avais pas les finances car je n’étais pas issu d’une famille aisée», explique celui qui se décrit comme un fils des îles, qui a voulu un jour prendre son destin en main pour donner vie à son rêve. «Je ne pouvais pas me payer des cours d’équitation. Je ne voulais pas galérer toute ma vie. J’ai commencé par le bas. J’ai donc été palefrenier. J’ai beaucoup travaillé mais c’est dans ces moments-là que j’ai appris le plus. J’ai appris que, quand il y a de la passion, il n’y a pas de raison pour que cela ne marche pas.»
Il lui a donc fallu un sursaut pour se lancer. «Avant, je faisais le ménage et c’est à l’âge de 26 ans que j’ai pris la décision de changer de vie. Tout n’a pas été rose pour moi. Ma vie a été assez compliquée. Mais à un certain moment, je me suis dit qu’il fallait que je fasse un métier que j’aime et je me suis lancé. Je me suis installé avec ma femme Francine et elle m’a encouragé à réaliser mon rêve. J’ai donc ouvert une entreprise auto-entrepreneur en tant que coach équin et j’ai commencé à silloner la France et à partager mes techniques», explique Pierre-André Barradel.
Après plusieurs années, il retournera bientôt sur son île natale où il retrouvera sa mère après plusieurs années. «Les deux premières années, quand j’ai commencé à travailler, cela a été dur et c’est durant les quatre dernières années que le travail a commencé à bien tourner. Je fais aujourd’hui du dressage haute école et du travail à pied et au sol. J’essaie de donner un peu de magie et d’aérer les travaux afin de donner un peu plus d’élévation aux chevaux. On va rechercher tout ce qui est mouvement et aisance. Ainsi, les chevaux sont appelés à danser sur place ou encore à piaffer», explique celui qui dit dresser les chevaux comme il respire.
Dans l’île depuis une semaine, il sera là pour un mois. En regardant dans le rétroviseur du passé, il se dit fier de ce qu’il a accompli : «Je suis un des premiers créoles en France et dans le monde à dresser les chevaux. Je vais chez les gens et je solutionne les problèmes. J’analyse un peu la situation, les erreurs qu’il y a entre le cheval et le cavalier, et je fais en sorte de trouver la solution pour une meilleure harmonie.» Autodidacte, il a tout appris en se donnant à fond et en mettant du cœur dans tout ce qu’il fait : «J’ai appris sur le tas. Je suis quelqu’un de très passionné.»
À la demande de Noémie Barragan, il n’a pu résister à l’idée de venir partager ses connaissances avec les Mauriciens. «Les kilomètres ne me freinent pas. J’étais parti en Espagne pour voir comment cela se passait. Je me suis dit que si je peux aider les Mauriciens qui évoluent dans ce milieu à être mieux armés en termes de techniques avec leurs chevaux, pourquoi pas ! C’est un plaisir pour moi d’être ici afin de partager mon expérience et mes expertises. L’être humain a la possibilité de réfléchir et il est mené par une société matérialiste. Quand on travaille avec des chevaux, on a affaire à d’autres valeurs. Je sens que l’île Maurice est une terre pleine d’energie.»
Et quand il est à l’œuvre, Pierre-André est en connexion directe avec son cheval : «J’ai une baguette et j’applique des codes. Dailleurs, je codifie tout. Dès que j’applique la baguette sur le corps du cheval, il réagit et en fonction de la réacton, je le récompense. Il y a alors comme un dialogue qui s’installe. Il y a beaucoup de ressentis, beaucoup de respect et beaucoup d’analyses. Un cheval, pour moi, est un partenaire, un ami. Je dis toujours qu’on a autant de place sur terre que les animaux. Là où j’apprends le plus, c’est quand je vais chez les gens. Ils m’appellent pour dresser leurs chevaux. Comme chaque cheval est unique, je développe à chaque fois des techniques. Je travaille beaucoup avec les particuliers.»
Il est très content à l’idée de partager son savoir : «Avec les Mauriciens, je vais travailler de la même façon qu’en France. Je travaille sur la préparation d’un show avec Noémie et on va ainsi proposer un pannel d’activités et de démonstrations au niveau des différents dressages du cheval ; tout ce qui est haute école, piaffer, passage et travail à pied, coucher les chevaux, les faire marcher au pas espagnol, entre autres.»
C’est qu’il est motivé, lui, le grand ami des chevaux !