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Buzz sur les réseaux sociaux : Dovic Malbrook, un cordonnier de rue aussi talentueux qu'ambitieux

Le trentenaire rêve d'avoir son propre emplacement à Rose-Hill à l'avenir.

Si dans la région de Rose-Hill, Dovic Malbrook, installé à la gare depuis six ans, était déjà une figure incontournable de la cordonnerie, une publication sur Facebook, il y a deux semaines, l'a fait connaître partout à travers l'île. Ce jeune homme de 31 ans, originaire de Cité Richelieu, nous raconte ses débuts, ses projets, mais surtout son beau métier. Témoignage.  

On ne le présente désormais plus. Car cela fait deux semaines que le visage de Dovic Malbrook fait le tour des réseaux sociaux et des médias. Une renommée à laquelle il ne se serait jamais attendu. Le cordonnier de 31 ans doit cette popularité grandissante à une publication sur Facebook faisant ses louanges et relatant sa débrouillardise, son ambition, sa simplicité et, surtout, son amour pour son métier. Si à Rose-Hill, il n’a plus besoin de se faire un nom, le jeune homme a, à présent, des clients qui viennent des quatre coins de l’île pour retenir ses services. «Avan sa, boukou dimounn pa ti pe kone mo travay isi. Asterla, antie lil moris, zot tou vinn la. Boukou dimounn ena bann zafer ki ena valer pou zot, ki pa ti pe kone kot pou ale pou fer aranz sa.»

 

Plus jeune, Dovic Malbrook n’a pas eu une vie facile. Faute de moyens, il n’a pas eu l’opportunité de poursuivre ses études et a dû arrêter l’école dès l’âge de 10 ans. Loin de vouloir se résigner à son sort, l’habitant de Cité Richelieu décide de rejoindre son frère aîné à l’atelier Dustagheer, où il apprend la cordonnerie. «C’est mon frère qui m’a tout appris. Mem si linn fini par aret sa travay-la, mwa monn anvi kontinye.» Déterminé, il décide de se mettre à son compte, même s’il ne possède pas un emplacement et fait ses débuts, il y a six ans, à Port-Louis, près du CEB. Néanmoins, dit-il, d’autres cordonniers étaient déjà ancrés sur ce territoire. «Zot pa ti pe tro dakor mo vinn travay laba. Bann lezot kordonye ti pe dir mwa mo pou bes zot travay, pran zot klian. Bann-la ti pe lev ar mwa, takinn mwa toulezour. Monn bizin bouze.» C’est ainsi qu’après seulement trois mois, il décide de s’installer sous un arbre, à la gare de Rose-Hill, à côté de la succursale de Galaxy. «Isi mo trankil, mo tousel fer sa travay-la. Mari serye pou travay par isi.»

 

Au fil des années, Dovic Malbrook se fait lentement mais sûrement sa petite clientèle. Certains viennent à sa rencontre durant la pause-déjeuner, pour ensuite récupérer leurs chaussures après leurs heures de travail. D’autres viennent déposer leurs sandalettes avant de prendre l’autobus pour aller travailler et les récupèrent le lendemain matin. Ou sinon, quelques clients font le déplacement spécifiquement pour retenir ses services et partent «fer enn ti letour» jusqu’à ce que le travail soit fait. Pour son plus grand bonheur, après qu’il a fait parler de lui sur les réseaux sociaux, «travay pe mari marse» : «Boukou dimoun vinn get mwa. Mo pa ti atann sa pou pran sa lanpler-la.» Il poursuit en souriant : «Kot mo pase dimoun koz sa ek mwa. Mo mama ousi dir mwa li fyer de mwa, li mari kontan.»

 

S’il son emploi lui permet aujourd’hui de «nourri (mo) fami», ce papa d’une fille de 11 ans raconte qu’il a, également, dû faire face à de nombreuses difficultés. Lorsqu’il venait de démarrer, cela n’était pas toujours évident pour lui de joindre les deux bouts. «Travay pa ti pe tro marse dan koumansman. Mo ti pe bizin bat enn travay mason dan desam pou resi gagn enn kas anplis pou kapav aste kado pou mo zanfan. Parfwa, ti ena kontrakter, kan ou vinn travay tou korek me ler ariv ler paye zot sove. Zot pa mazine si dimounn kinn vinn travay-la ena enn fami pou swanye.» Depuis qu’il a su trouver sa stabilité dans son métier de cordonnier : «Azordi mo kone mo pe travay pou mwa, mo pli serye. Mo kone mo bann klian vini, pey mwa, ek zame mo pa gagn okenn problem ek personn.»

 

Bien qu’être un cordonnier de rue ne le dérange pas le moins du monde, il espère, toutefois, pouvoir un jour avoir son propre emplacement dans la région de Rose-Hill, où il a sa plus fidèle clientèle : «Lerla mo pou fer mo frer rezwenn mwa pou nou kapav lans zafer-la ansam.» En attendant qu'il puisse faire de son rêve une réalité, ses clients peuvent le rencontrer à la gare de Rose-Hill du lundi au samedi, de 9 heures à 17h30, à l’exception du jeudi, où il quitte les lieux à 15 heures. Il est aussi joignable sur le 5858 6959.