Le président de cette instance, Yasheem Sumun, a rencontré la presse cette semaine en compagnie des entraîneurs Mahen Saulick (football), Sylvio Giovanni (athlétisme) et des membres de l’équipe de futsal de la fédération. Une rencontre qui s’inscrit dans le cadre de la participation de la sélection de futsal des sourds aux Championnats du Monde U21 qui se dérouleront du 1er au 10 juin à Astana au Kazakhstan.
«Je tiens d’abord à faire ressortir que nous ne souhaitons pas entrer en conflit avec les autres fédérations du handisport. Je souhaite seulement attirer l’attention des autorités et de la population sur le fait qu’il faut bien différencier athlètes sourds et para-athlètes. Beaucoup de personnes pensent qu’en raison de notre handicap, nous faisons partie des para-athlètes. Tel n’est pas le cas. Les instances paralympiques regroupent des athlètes atteints d’un handicap physique, intellectuel et visuel alors que les sourds font partie du Deaflympics. Le Deaflympics est reconnu par le Comité international olympique (CIO). Cette confusion nous pose souvent problème, notamment lorsque nous sollicitons les sponsors. On nous dit souvent qu’on a déjà soutenu les para-athlètes et c’est difficile pour nous d’avoir du soutien», explique Yasheem Sumun.
Les animateurs de cette conférence de presse ont énuméré les difficultés que rencontrent les sourds pour se faire entendre. «La communauté des sourds est un cercle fermé en raison de ses contraintes à pouvoir s’exprimer ouvertement. On ne le réalise pas, mais son handicap n’est pas visible, car il vit dans un monde où le silence est permanent. Cette difficulté à communiquer joue beaucoup en sa défaveur et il est difficile de former un sportif sourd. Lorsqu’il arrive sur le circuit, il a entre 11 et 13 ans. Il faut trouver le moyen de le guider, de lui faire comprendre ce qu’on attend de lui, de l’accompagner et le motiver afin qu’il puisse progresser», souligne Sylvio Giovanni.
Ce dernier avance que ces jeunes, en raison de leur handicap, se laissent facilement influencer par les fléaux de la société. L’un des principaux objectifs de l’AHPSF est d’éloigner ces jeunes de ces maux à travers le sport. L’AHPSF est active à travers plusieurs sports notamment le football, le futsal, l’athlétisme, la natation et la pétanque.
Après avoir connu des années difficiles, cette instance souhaite tirer un trait sur son passé et est plus que déterminée à se refaire une santé au sein de la communauté sportive mauricienne.
Rs 3,8 millions à trouver pour les Mondiaux de futsal
Le budget pour le déplacement d’une équipe de futsal comprenant 17 personnes en juin au Kazakhstan est passé de Rs 1,8 million à Rs 3,8 millions. Cela en raison du retard accumulé au niveau de la réservation des billets, de l’itinéraire et des places sur les vols. Les Mondiaux de futsal des sourds U21 se dérouleront du 1er au 10 juin à Astana. Depuis que l’AHPSF a reçu l’invitation en mars, cette instance multiplie les démarches auprès du ministère de l’Autonomisation de la jeunesse, des sports et des loisirs (MAJSL) et des sponsors afin de réunir les fonds nécessaires pour ce déplacement.
Toutefois, le MAJSL ne dispose pas de budget pour financer ce déplacement, d'autant plus que la nouvelle année financière sera bientôt entamée. Le ministère a suggéré à la fédération de se concentrer sur un autre événement, à savoir les Championnats d’Afrique des sourds prévus en décembre. Une proposition qui ne convient pas à l’AHPSF qui estime que ses athlètes se sont beaucoup sacrifiés et méritent de participer à ce tournoi. «Cela fait presque deux ans que nous avons lancé le futsal pour sourds à Maurice et par la suite à Rodrigues. Ils sont une cinquantaine de jeunes à pratiquer ce sport. Contrairement au football à 11, le futsal nécessite une petite équipe et est, donc, moins coûteux lors des déplacements. Et le jeu attrayant est un bon moyen pour sortir ces jeunes de l’exclusion», avance Mahen Saulick, l’entraîneur national de futsal.
Au niveau du MAJSL, on avance que le futsal des sourds est encore nouveau à Maurice et que l’équipe mauricienne doit encore se perfectionner avant de pouvoir faire du haut niveau. À la fédération, on réfute cet argument en avançant qu’on ne peut pas confondre les handicaps, les disciplines et leur marge de progression, car chacun a ses spécificités. Du côté de l’AHPSF, on a le sentiment d’être des laissés-pour-compte du handisport mauricien alors qu’ils méritent d’être soutenus d’autant qu’ils ont aussi leur contribution dans la récolte de médailles lors des manifestations importantes comme les Jeux des îles. Les responsables de cette instance souhaitent une rencontre avec le ministre Stephan Toussaint pour faire part de leurs doléances et mieux étaler les particularités des athlètes sourds.