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La victoire du citoyen Joyram !

La réponse cinglante du Premier ministre, interrogé sur la grève de la faim de Nishal Joyram, ne laisse pas de doute sur la posture du gouvernement concernant la baisse du prix du carburant réclamée par le gréviste. «Tou dimounn vini fer grev de la fin, mo bizin aksepte sa mwa», lance brutalement Pravind Jugnauth qui, en pareille circonstance, aurait pu faire montre d’humanité dans le ton. Fidèle à son habitude, le chef du gouvernement a manqué d’humilité et en choisissant de répondre de manière arrogante, illustre un leadership agressif, vertical. Une attitude grossière, traduisant une déconnexion avec notre société en mouvement prônant le dialogue social, participatif et l’intégration du peuple dans les pouvoirs décisionnels.

 

Toute la démarche de Nishal Joyram se situe au niveau de cette participation citoyenne et se résume par sa demande suivante : «Baissez le prix de l’essence car au niveau mondial le prix a baissé.» Ce à quoi le Premier ministre répond qu’il n’est pas raisonnable de faire une grève de la faim pour demander cette baisse. «On leur a expliqué la situation. La STC sera déficitaire. Eski dimounn pe anvi nou fer STC al an likidasion ?» s’exclame Pravind Jugnauth. On pourrait arguer que la défense du Premier ministre ne témoigne ni plus ni moins d’une mauvaise gestion de la State Trading Corporation, des dépenses et des finances de l’État en général mais l’on retient qu’au milieu de ce dialogue de sourds, ce sont les citoyens qui subissent et payent les injustices, comme c’est le cas sur le prix surtaxé du carburant.

 

Après des manifestations, des mobilisations de rues qui n’ont pu faire fléchir le gouvernement, la protestation contre le prix du carburant se manifeste de manière extrême au travers d’un citoyen courageux qui a choisi de mettre sa vie en danger et dont l’engagement – pour interpeller les autorités sur une cause d’intérêt national – force l’admiration !

 

Même s’il ne faudrait pas l’encourager dans cette direction, tant une grève de la faim peut avoir des conséquences graves, sinon irréversibles, sur la santé, la démarche du citoyen Joyram est remplie d’enseignements. Il devient le symbole d’un fils du sol, prêt à aller loin dans l'action pour faire entendre sa voix ! D’où l’importance de créer un élan populaire, solidaire, autour de lui – à l’exemple de ces candlelights salutaires un peu partout dans l’île – pour que sa protestation ne soit pas isolée et menée dans l’indifférence.

 

D’autant que le message de Nishal devrait avoir un écho en chacun d’entre nous : «N’arrêtez jamais de rêver. Nous pouvons provoquer des changements», ne manque-t-il pas de dire dans ses déclarations. Des paroles qui ne sont pas vaines dans un pays où tout semble verrouillé par le système politique, au travers d’un gouvernement voulant avoir la mainmise sur l’ensemble des institutions, où la démocratie participative est ignorée quand la démocratie tout court n’est pas bafouée.

 

Cette semaine encore, deux rapports – ceux de IDEA International et de Reporters Sans Frontières – sont venus nous rappeler cruellement le recul de notre démocratie. Doit-on s’étonner de la conclusion sévère de ces indicateurs alors qu’il y a une stratégie pour tenter d’étouffer les médias libres, sinon les voix raisonnables des citoyens engagés ?

 

C’est justement pour faire entendre nos cris collectifs que Nishal Joyram mène son action en donnant un coup de pied dans un système qui nous écrase !

 

Même si la réaction du Premier ministre n’augure rien de positif sur une éventuelle baisse du prix du carburant et que le gouvernement a essayé de calmer l’opinion publique avec une compensation salariale de Rs 1 000, Nishal Joyram aura gagné une victoire ! Celle de donner un visage combattif à une bataille citoyenne juste !

 

Qu’il continue ou qu’il mette fin à sa grève (ce qui serait fort souhaitable), l’enseignant de 42 ans, qui porte l’idéalisme d’un meilleur lendemain en bandoulière, nous envoie un signal fort : si nous ne voulons pas succomber au désespoir, chacun peut se battre, à sa manière, contre le système !

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