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La lecture partisane et l’indestructible culture politique !

Tout le monde le sait ! C’est moins une affaire de conviction que d’intérêts politiques. Ainsi, les débats budgétaires ne comportent aucune surprise : les élus de la majorité défendent passionnément les propositions du gouvernement tandis que les députés de l’opposition critiquent les mesures de Padayachy.

 

Chacun lit le Budget avec la loupe colorée de son parti, dit ce qu’on attend de lui/d’elle, n’hésitant pas à laisser la partisanerie prendre le dessus quand la démagogie ne l’emporte pas ! À écouter les membres de la majorité, le Budget crée un climat de confiance, apporte une prospérité économique, tout en réduisant les inégalités pour favoriser une société inclusive !

 

À écouter les voix de l’opposition, le Budget n’est qu’un mirage économique d’un gouvernement en fin de règne, sans vision, sans stratégie pouvant stopper l’émigration des jeunes et réajuster les salaires des travailleurs, mais qui réchauffe plusieurs anciennes propositions à l’exemple du dam de Rivière-des-Anguilles !

 

C’est limpide : chacun a le rôle de défendre sa position de pro-gouvernement ou pro-opposition ! Sauf le leader bleu Duval, qui, suite à ses tribulations politiques avec le tandem Ramgoolam-Bérenger, et après avoir critiqué vivement l’équipe dirigeante tout au long de son leadership de l’opposition, ne peut soudainement avoir une posture claire et nette en faveur du MSM ! Malgré quelques nuances, ses propos flatteurs envers le gouvernement n’ont échappé à personne !

 

Le leader du PMSD découvre, depuis qu’il ne fréquente plus ses camarades de l’opposition, qu’il y a prosperity in the country.  Duval, qu’on aurait pu confondre avec un membre du gouvernement, nous apprend aussi qu'il y a eu un taux de chômage de 6,3%, qui signifie, selon lui, une création d’emploi substantielle. Et pour bien montrer cette prospérité dont il fait état, le leader des Bleus estime que les salaires des travailleurs ont connu une amélioration, prenant pour exemple un couple de cleaners, qui dès le mois prochain, empochera Rs 44 500 : «Until a few years ago only middle ranking cadre and managers could take home this sort of money. Today this is possible for even two small cleaners working in a private firm…»

 

Un constat à l’opposé de celui fait l’an dernier par le même Duval, qui affirmait que le Budget 2023-2024 avait été présenté par un gouvernement en panne. Il évoquait alors le malaise de la population, tout en mettant en exergue l’exode des Mauriciens ! Faut croire que le ton a changé dans la perspective d’une option d’alliance ! Même ses quelques critiques (manque de mesures pour les inondations, échec de l’Extended Program, le bidonville qu’est devenu le Champ-de-Mars) ressemblent à des items d’une shopping list en vue d’une éventuelle alliance MSM-PMSD !

 

Doit-on, du coup, s’étonner des applaudissements venant des rangs de la majorité et suivis des félicitations du député Ramchurrun et de la ministre Koonjoo-Shah après son allocution ? Ce positionnement de Duval illustre l’inépuisable capacité de nos élus pouvant modeler leur discours au gré des changements de posture ! Le temps qui passe n’a aucun effet sur notre culture politique !

 

Ainsi pendant plus de deux ans, le leader du PMSD a réussi le coup de mettre à mal le gouvernement avec de redoutables PNQ, à l’exemple de celle sur les cachets Molnupiravir (que Duval qualifiait de plus gros scandale de ces dernières années) ou celle ayant trait au contrat d’un terrain dans la région de Grand-Bassin et des allégations de corruption contre le ministre Gobin. Est-ce qu’un rapprochement orange-bleu enlève du coup, aux yeux de Duval, toutes ces accusations de malversations ? 

 

Est-ce que le chef des Bleus, qui avait quitté le gouvernement MSM en 2016 sur toile de fond de Prosecution Commission Bill pour préserver le poste du DPP, et par conséquent sauver la démocratie, est aujourd’hui prêt à cautionner la Financial Crimes Commission dont il dénonçait le modus operandi ? Duval se demandait alors si les députés de la majorité prendront leur responsabilité comme il avait pris la sienne en 2016, en claquant la porte du gouvernement !

 

Sommes-nous à la veille d’un exercice inverse ? Le leader des Bleus frappe-t-il déjà à la porte orange qui n’a d’autre choix que de la lui ouvrir ? C’est moins une affaire de conviction que d’intérêts politiques ! Et ça tout le monde le sait !

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