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«Papa ne pensait pas à la mort»

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La mort de l’homme politique a bouleversé de nombreuses personnes.

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Lilette David entourée de ses deux enfants, Fabrice et Crystèle. Elle a perdu un mari attentionné.

Le ministre des Administrations régionales s’en est allé le 13 décembre. Son fils Fabrice nous parle avec émotion d’un homme dont il a toujours été fier.

Comme un dernier devoir du fils envers son père. Malgré la douleur, Fabrice, 29 ans, tente de garder vivante l’image de James Burty David, 63 ans. «Je suis très fier d’être son fils. Il a toujours été connu comme le lieutenant travailliste le plus féroce. Dans sa vie privée, comme dans sa vie publique, il était quelqu’un de droit et de profondément humain.» L’ancien ministre des Administrations régionales a été foudroyé, le dimanche 13 décembre, par un infarctus du myocarde alors qu’il assistait à une fonction dans sa circonscription – Grande-Rivière-Nord-Ouest-Port-Louis Ouest (n° 1).

Depuis, Fabrice David a dû endosser le rôle de chef de famille, prenant sur lui pour répondre aux questions afin que Crystèle, sa sœur, et Lilette, sa mère, puissent pleurer cet être cher disparu si brusquement : «En arrivant à Maurice, j’ai réalisé à quel point mon père était aimé. Notre salon était rempli de fleurs. Beaucoup de personnes sont venues à la maison. Je tiens à les remercier toutes.»

Tous ceux qui connaissaient James Burty David – ou suivaient son parcours – ont été attristés, mais aussi surpris par le départ soudain de l’ancien ministre. «Il respirait la grande forme», a déclaré à la presse le ministre Rama Valayden, peu de temps après le drame. Pour Fabrice David, qui vit en France depuis dix ans, son père semblait être en bonne santé. À aucun moment, il n’avait parlé de s’en aller. «Papa ne pensait pas à la mort. C’était quelque chose qui devait arriver dans un futur lointain», confie-t-il, assis dans le salon de la maison familiale à Roches-Brunes.

C’est lors des funérailles nationales de James Burty David, le mardi 15 décembre, que l’île Maurice a fait la connaissance du jeune homme, qui travaille dans le domaine des technologies de l’environnement. Fabrice David a rendu un hommage émouvant à son père, lors de la cérémonie qui a eu lieu en l’Église adventiste du 7ème jour de Beau-Bassin, dont le ministre était un fidèle : «J’ai parlé à mon père pour la dernière fois vendredi dernier (le 11 décembre, NdlR). Il m’a dit qu’il avait acheté des billets d’avion et qu’il me les enverrait dans quelques heures. Il m’a dit, “mon grand tu seras là pour les fêtes et on passera de très bons moments en famille’’.» Le jeune homme se souvient de ce moment éprouvant : «Je tenais dans mes mains la Bible que papa m’avait offerte. J’ai fait rimer courage et hommage. Je sais qu’il aurait apprécié. Je ne lisais pas, tout venait du cœur. Comme lui qui faisait toujours ses discours avec sa tête et ses tripes.»

Depuis la mort de James Burty David, l’ancien élève du collège du Saint-Esprit alimente les conversations sur la place politique mauricienne. On parle de relève. La force de sa voix et son charisme ont marqué les esprits : «Beaucoup de gens me disent qu’ils ont cru voir mon père quand il était plus jeune. J’ai toujours été intéressé par la politique. Mais je suis encore en deuil. Je ne pense pas que ce soit pour l’immédiat.» Il n’écarte pas pour autant la possibilité de marcher un jour sur les traces de son père. Bien au contraire. «Mon père était épanoui dans ce qu’il faisait. C’était un vrai bonheur de le voir à l’œuvre. Il était engagé. Et il a toujours compensé ses absences par de très beaux moments de partage avec sa famille.»

Malgré sa douleur et sa vive émotion, Fabrice David passe en revue ses souvenirs. La dernière fois qu’il a vu son père, c’était en septembre. Après un voyage officiel, James Burty David a fait un détour par la France – plus précisément par Lyon où vivent ses deux enfants – avant de rentrer au pays. «Il aimait beaucoup cet endroit. Il disait que Lyon avait tous les avantages d’une grande ville comme Paris, sans les inconvénients.» Père attentionné, il trouvait toujours le temps de rendre une petite visite à Fabrice et Crystèle. «Même si on était à des milliers de kilomètres, il prenait toujours le temps de nous appeler et de nous demander des choses aussi banales comme “vous avez mangé à l’heure ? Le repas était équilibré ?’” Il était également comme ça avec maman. Nous avons toujours eu l’image d’un couple solidaire et inséparable.»

Un moment intense

Pendant les 72 heures qu’il a passées en France, en septembre, le responsable de la communication du PTr, qui a été journaliste freelance et enseignant, a pu profiter de ses enfants. «C’était court, mais intense. Comme d’habitude, on a pris un bon petit déjeuner. Il adorait boire du thé et j’ai acheté les baguettes françaises qu’il affectionnait.» Puis, avant d’aller travailler, Fabrice David a déposé son père dans le vieux quartier de Lyon où le littéraire – détenteur d’une licence en éducation de l’université de Londres et d’un doctorat en lettres de l’université de Bordeaux – aimait flâner. «Il faisait le tour des grandes librairies. Il aimait les auteurs comme Baudelaire, Montesquieu, les livres philosophiques et ceux traitant de la politique.»

Des moments inoubliables pour ce fils dont les mots sont remplis d’amour pour son père. Il n’oubliera jamais tous les instants de joie passés avec «cet homme entier et humaniste». «Le jour où j’ai été proclamé lauréat de l’Alliance française, il m’a pris dans ses bras. Je me souviens de cette étreinte et de sa joie.» Il y a eu aussi des épreuves, comme la cuisante défaite du PTr en 1995. «Je suis rentré à la maison et il était assis avec d’autres personnes. Il a dû voir la tristesse sur mon visage. Et il m’a tout de suite dit que la défaite faisait partie du cheminement de tout un chacun. Il ne se laissait jamais abattre et pensait toujours what’s next.»

Désormais, c’est dans le cœur de Fabrice David – et de tous ceux qui l’aimaient – que James Burty David continuera à vivre.­

Parcours d’un homme résolument rouge

Il est entré au PTr en 1964. Il n’avait alors que 18 ans. À partir de ce moment et jusqu’à sa mort, James Burty David, fils de Ézéchiel et Sylvia David, est resté fidèle au parti. L’ancien élève des collèges Trinity et Bhujoharry, qui a grandi à Port-Louis, a tour à tour été le président du PTr à la fin des années 70, et le responsable de la communication. Entre-temps, celui qui était conue comme l’historien des travaillistes a été élu député rouge dans sa circonscription – Grande-Rivière-Nord-Ouest-Port-Louis – à plusieurs reprises. L’homme qui ne mâchait pas ses mots envers l’opposition, et plus particulièrement Paul Bérenger, a également été nommé ministre de l’Éducation, de 1995 à 1997 et de l’Environnement, de 1997 à 2000. De 2005 à 2009, le portefeuille des Administrations régionales lui a été alloué.

Qui sera le successeur ?

Les mots du Premier ministre, Navin Ramgoolam en disent long : «C’est une perte qui sera difficile à combler. James Burty David est irremplaçable.» D’où cette question de nombreux politiciens : Qui succédera à James Burty David à la circonscription n° 1 ? Une interrogation capitale à l’approche des élections générales prévues pour l’année prochaine. Si le nom d’Hervé Aimée est fréquemment cité, ceux de Jean-François Chaumière et de Patrick Assirvaden circulent également. Il faudra attendre la décision du chef du gouvernement pour en savoir plus.

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